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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 09:27
                                   Stratégies nucléaires britanniques

        Bien que la force nucléaire britannique fut un moment équivalente à celle de la France, depuis les années 1950, la Grande Bretagne s'aligne systématiquement sur les positions américaines dans le cadre de l'Alliance Atlantique. En cela, il n'existe pas de stratégie nucléaire britannique proprement dite, malgré l'influence qu'a pu avoir un des stratégistes britanniques les plus importants, Basil Liddell HART sur la conception américaine de la dissuasion.
 
      En effet, ce dernier est l'un des premiers à réfléchir sur les conséquences du fait atomique après ses analyses critiques en 1943 et 1944 sur les bombardements stratégiques. Tout en continuant d'étudier les problèmes de la stratégie opérationnelle classique appliquée au monde d'après-guerre, il fait un certain nombre de remarques sur les forces nucléaires. En 1950, il se fait précurseur des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins : "Ainsi la puissance maritime peut trouver un nouveau domaine d'action offensive avec le développement de nouveaux types de bâtiments conçus pour être des plate-formes flottantes portant des missiles qui pourraient être lancés sur leurs objectifs à partir de points situés près des côtes de l'ennemi".
En 1960, dans Deterrence or Defence, il s'interroge sur l'importance des détroits danois : il les considère comme un objectif prioritaire pour une opération aéroportée soviétique, de préférence aux passages du Rhin, car cela permettrait l'action maximum des sous-marins sur les routes maritimes joignant l'Amérique à l'Europe. Nul doute que ces réflexions vont se remettre au goût du jour avec une redécouverte stratégique de l'Océan Arctique causée par le réchauffement climatique.
       
     Marcel DUVAL, dans sa revue des stratégies nucléaires des différents pays, montre bien la position de la Grande Bretagne : "C'est en octobre 1952 qu'elle a accédé à la capacité nucléaire, mais elle avait participé étroitement (ainsi que le Canada) au Manhattan Project par lequel les États-Unis avaient accédé à cette capacité ; et, en 1943 un accord avait été conclu à Quebec qui les engageait "à ne pas employer la bombe contre une tierce partie sans l'approbation des autres". Bien que cet accord ait été dénoncé en 1946, leur intimité dans ce domaine se poursuivra et elle se manifestera notamment par l'influence qu'aura la Grande Bretagne sur les stratégies des Etats-Unis et par suite sur celles de l'OTAN.
C'est ainsi que son Global Strategy Paper de 1952 exerça une influence déterminante sur l'adoption en 1954 de la stratégie des "représailles massives". C'est ainsi encore que le Sandis White Paper de 1957 préconisait la résistance par armes conventionnelles à une agression limitée et l'emploi des armes nucléaires tactiques en "dernier ressort", c'est-à-dire en fait la stratégie de la flexible response."
Même si l'ensemble des forces nucléaires britanniques furent sous commandement intégré de l'OTAN, depuis 1961, tous les premiers ministres britanniques réitérèrent, même s'il s'agit de rhétorique, vus les liens techniques entre les États-Unis et la Grande Bretagne, qu'ils pouvaient reprendre leur indépendance à tout moment, si les "intérêts supérieurs" de leur pays étaient menacés.
    
       Aujourd'hui, la Grande Bretagne ne possède qu'une flotte maritime nucléaire, des SNLE Trident au nombre de 48, munis de 185 missiles balistiques intercontinentaux d'origine américaine, à capacité "substratégique" en raison de leur grande précision et de la possibilité de les munir de charges de puissances modulables (chiffre de 2006, SIPRI Yearbook 2009.) 
     Dans le livre blanc Strategic Defence Review de juillet 1998, on peut lire : "Éviter la guerre plutôt que la faire, tel est le but de la dissuasion. Toutes nos forces ont un rôle dissuasif important à jouer, mais la dissuasion nucléaire soulève des problèmes particulièrement délicats liés à la nature même de la guerre nucléaire. Le gouvernement aspire à un monde plus sûr dans lequel l'arme nucléaire n'aura pas lieu d'être. L'un des grands objectifs de la politique étrangère et de défense est donc de renforcer le contrôle des armements. Néanmoins tant que subsistent de grands arsenaux nucléaires et des risques de prolifération, la dissuasion minimale dont nous disposons demeure un élément essentiel de notre sécurité".

Marcel DAVAL, article Stratégies nucléaires, dans le Dictionnaire de stratégie, sous la direction de Thierry de MONTBRIAL et de Jean KLEIN, PUF, 2000. Sites internets du ministère de la défense, de l'Institut de Stratégie Comparée (www.stratic.org) et du GRIP.

                                                                     STRATEGUS
 
Relu le 3 septembre 2019
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