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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 11:37

     Une fois définis la nature de la relation entre guerre et politique, reste à préciser la relation entre fin et moyens dans la guerre, pendant la guerre. C'est ce à quoi s'attache l'auteur de De la guerre dans le Livre 2 de son livre. C'est là qu'il définit plus fortement les qualités respectives de l'offensive et de la défensive. "Si nous nous demandons, tout d'bord, quel est le but vers lequel doit tendre toute la guerre, afin de constituer le meilleur moyen d'atteindre la fin politique de celle-ci, nous trouvons que ce but est tout aussi variable que l'objectif politique et que les conjonctures particulières de la guerre." Fidèle à la logique du premier livre, CLAUSEWITZ s'assigne pour but d'aborder le plan de guerre comme moyen de désarmer un Etat, "toutefois, il faut distinguer tout de suite entre trois choses, qui, comme objets d'ensemble, englobent tout le reste. Ce sont : les forces militaires, le territoire, et la volonté de l'ennemi." Il faut à la fois détruire les forces militaires, conquérir le territoire et annuler la volonté de l'ennemi de ne pas signer la paix.

 

   Or ces trois éléments ont des caractéristiques bien différentes. Les forces militaires sont destinées à défendre le pays. "Suivant l'ordre naturel c'est donc elle qu'il faudrait détruire en premier : ensuite le territoire devra être conquis ; à la suite de ces deux succès, et suivant les forces dont nous disposerons encore à ce moment, l'ennemi serait alors contraint à signer la paix. La destruction des forces militaires ennemies s'opère graduellement, entrainant immédiatement et à un rythme correspondant, la coquête du territoire. En général, les deux choses réagissent l'un sur l'autre, la perte des provinces venant accentuer l'affaiblissement des forces militaires. mais cet ordre de succession ne s'impose nullement ; aussi ne se produit-il pas toujours. Avant même d'être notablement affaiblie, les forces ennemies peuvent se retirer à l'autre extrémité du pays, ou même tout droit en territoire étranger. En ce cas, la majeure partie du pays voire tout le pays tout entier, sera conquise. 

Cependant, cet objectif de la guerre abstraite, cet ultime moyen d'atteindre l'objectif politique, qui englobe tous les autres, à savoir le désarmement de l'ennemi, ne se produit pas toujours dans la pratique, et n'est pas une condition nécessaire de la paix." En fait, l'essentiel réside dans la volonté. La volonté de faire la paix ou de faire la guerre. Et cette volonté réside dans le prix que l'un et l'autre sont prêt à payer pour obtenir la victoire. Quels sont les dommages acceptables de ceux qui poussent à conclure la paix? Quelles sont les dépenses acceptables pour parvenir à l'emporter?  Ce qui retarde souvent dans la décision de faire la paix, c'est l'incertitude sur la probabilité du succès de l'adversaire ou de soi-même. Il s'agit en fin de compte, au-delà de l'inégalité matérielle entre les deux armées, de peser les avantages et les inconvénients, les forces et les faiblesses directement politiques.     Ce moyen "particulier de peser sur la possibilité de succès" va bien au-delà du rapport de forces et même de l'ampleur des victoires ou des défaites militaires. "Si nous pouvons effectuer des opérations particulièrement aptes à rompre les alliances de l'adversaire ou à les rendre inopérantes, à nous faire, à nous, de nouveaux alliés, à susciter des activités politiques en notre faveur et ainsi de suite, on conçoit sans peine combien ces moyens peuvent accroitre la possibilité de succès, et nous mener au but bien plus rapidement que la défaite des forces armées de l'ennemi."

 

        Si l'on en reste au niveau des moyens matériels et de la force morale des troupes, il s'agit de savoir "comment faire pression sur la dépenses de force ennemie, c'est-à-dire sur le prix de son succès." La dépenses de force ennemi "consiste dans l'usure de ses forces, par conséquent dans la destruction que nous lui faisons subir, et dans la perte de provinces, par conséquent dans leur conquête par nous." En plus de moyens directement tactiques, les différences entre les armées étant généralement légères, qui consistent à appliquer les forces au bon endroit au bon moment, il y a trois manières d'accroitre par voie directe les dépenses des forces ennemies :

- l'invasion, l'occupation de territoires ennemis, non dans l'intentio de les conserver, mais pour y lever des impôts ou les dévaster, pour porter un préjudice général ;

- la destruction des poits vulnérables de l'ennemi ;

- l'usure de l'ennemi, de loin le moyen le plus important. 

"L'idée d'usure par le combat implique un épuisement graduel des forces physiques et de la volonté au moyen de la durée de l'action"; Et dans ce cas, "il faudra se contenter de visées aussi modestes que possible, car la nature même de la chose veut qu'un objectif important exige une dépenses de force plus considérable qu'un petit. Or le plus petit objectif qu'il soit possible de se fixer est la pure et simple résistance, c'est-à-dire un combat dépourvu l'intention positivie. En ce cas, si nos moyens sont relativement forts, le résultat sera d'autant plus sûr. Mais jusqu'où peut-on aller dans cette voie purement négative? Certainement pas jusqu'à la passivité absolue, car la pure endurance ne serait plus un combat ; la résistance est une activité destinée à détruire une somme de force ennemie telle que celui-ci devra renoncer à son dessien. Voilà tout ce que nous entendons obtenir par chacun de nos actes, et c'est en quoi consiste le caractère négatif de notre intention." On remarqua au passage, que la théorisation de la résistance ne constitue donc pas une chose nouvelle, et que sans le savoir beaucoup qui s'en tiennent à une lecture militariste ou une lecture proprement guerrière de l'oeuvre de CLAUSEWITZ, ne font que redécouvrir certaines de ses principes...

"Cette intention négative, trduite par un acte unique, est incontestablement moins efficace que ne serait un acte positif dirigé dans le même sens, à condition qu'il réussisse (et précisons-le, qu'il réussisse rapidement...) ; mais la différence consiste précisément en ce qu'elle réussit plus facilement que l'acte positif, et offre donc plus de garantie. Ce qu'il perd en efficacité par l'unicité, cet acte doit le récupérer au moyen du temps, c'est-à-dire grâce à la durée du combat ; ainsi, cette intention négative qui constitue le principe essentiel de la résistance pure est aussi le moyen naturel de persévérer dans la durée du combat plus longtemps que l'ennemi, c'est-à-dire de l'épuiser."

 

   C'est dans cet aspect que CLAUSEWITZ voir l'origine de la différende entre offensive et défensive, "différence qui domine tout ce qui relève de la guerre." Il ajoute : "Cependant nous ne pouvons nous engager plus avant dans cette voie ; contentons-nous d'observer que c'est cette intention négative que découlent tous les avantages et toutes les formes de combat plus sécères qui sont en sa faveur et où, par conséquent, se réalise cette corrélation philosophico-dynamique entre l'ampleur et la garantie du succès."

  "Par conséquent, si l'intention négative, c'est-à-cire la concentration de toutes les ressources en vue d'une pure résistance, confère la supériorité dans le combat, et si celle-ci est assez grande pour contrebalancer la prépondérance éventuelle de l'ennemi, alors la simple durée du combat suffisa peu à peu à amener la dépense de force de l'ennemi, jusqu'au point où son objectif politique ne sera plus un équivalent adéquat ; donc un point où il devra abandonner la lutte. Nous voyons que la méthode qui consiste à épuiser l'ennemi comprend les cas nombreux où le plus faible doit résister au plus fort."

 

  CLAUSEWITZ insiste ensuite sur l'importance première du combat, seul moyen de poursuivre la guerre, quel que soit sa diversité. Quelle que soit sa forme. Et c'est là que l'on trouve toute la subtilité de l'approche du penseur prussien. Si dans la guerre, il ne se passe rien qui ne soit dû aux forces militaires, si "l'idée de combat est nécessairement à la base de tout", tout ce qui a trait aux forces militaires appartient à l'activité guerrière. Il préfère de loin, pour y inclure tous les préparatifs et toutes les gesticulations militaires, même sans tir, le terme d'engagement à celui de combat, trop restreint encore. La création et la conservation de la force armée ne sont évidemment dans son esprit que des moyens, leur emploi étant le but, mais l'engagement désigne bien toute activité guerrière, que ce soit de façon directe ou indirecte. "Le soldat est recruté, vêtu, armé, instruit : il dort, mange, boit et marche uniquement en vue de combattre au bon moment, au bon endroit." "Par conséquent, si tous les fils de l'activité guerrière aboutissent à l'engagement, nous les saisirons tout en procédant à la préparation des engagements. Seuls ces préparatifs et leur exécution déterminent leurs effets ; jamais ces effets ne découlent des conditions immédiates qui les précèdent. Or, dans l'engagement, toute l'activité vise à la destruction de l'ennemi, ou plutôt de sa capacité de combat, car c'est en cela que se résume le concept même de l'engagement. Aussi la destruction des forces armées de l'ennemi est-elle toujours le moyen d'atteindre le but de l'engagement.

  Le penseur prussien décrit alors tout une sorte de continuum de l'engagement entre la simplement destruction des forces armées de l'ennemi et son équivalent, sans qu'il y ait réellement destruction physique des armées ennemies. "Pour maintes raisons, il est donc possible qu'un engagement n'ait pas pour but de détruire les forces ennemies, c'est-à-dire les forces qui nous font face, et que cette destruction apparaisse seulement comme un moyen. Dans tous les cas la réalisation de cette destruction n'a dailleurs plus d'importance, car l'engagement n'est plus qu'une épreuve de force. Il n'a aucune valeur en lui-même, mais seulement celle qui se mesure aux résultats, c'est-à-dire à sa décision."

Plus loin, nous pouvons lire : "En guerre on ne dispose que d'un seul moyen : l'engagement ; mais les multiples manières dont il peut s'éxécuter nous introduisent dans des voies diverses autorisées par la multiplicité de ces buts, si bien qu'il nous semble ne pas avoir avancé d'un pas. Mais il n'en est rien, car cette unicité du moyen constitue un fil que nous suivons des yeux, qui parcourt toute la trame de l'activité militaire et que, de fait, en assure la cohésion." 

  La destruction des forces ennemies apparait toujours comme le moyen supérieur et le plus efficace devant lesquels tous les autres doivent s'effacer. "Toutefois, c'est seulement s'il y a égalité présumée dans tous les autres domaines que l'on attribuera une efficacité maxima à la destruction des forces ennemies." En effet, en dernier ressort, c'est bien, loin de la seule force physique, la force morale, la volonté qui détermine la victoire ou la défaite.  Si la destruction des forces ennemis constitue toujours le moyen supérieur et l'auteur y insiste beaucoup, même si par ailleurs, comme pour tenir de la réalité de la guerre et non seulement de sa théorie, il s'oppose toujours le prix et les risques qu'elle comporte, c'est précisément pour éviter ce prix et ces risques que l'on recourt à d'autres moyens.

CLAUSEWITZ insiste ensuite sur une dissymétrie des objectifs opposés : "lorsque deux objectifs différents ne font pas partie l'un de l'autre, ils s'excluent mutuellement et la foce employée à atteindre l'un ne peut en même temps suivre l'autre. "Par conséquent, si l'un des deux belligérants est décidé à s'engager dans la voie des grandes décisions par les armes, ses chances de succès sont considérables pour peu qu'il soit certain que l'autre ne désire pas s'y engager, mais poursuit au contraire un autre objectif ; et quiconque se propose l'un de ces autres objectifs le fait raisonnablement dans l'idée que l'adversaire a tout aussi peu que lui l'intention de recourir aux grandes décisions par les armes. Toutefois, quand nous parlons des intentions et des forces dirigées dans un autre sens, il s'agit seulement des autrs objectifs positifs susceptibles d'être poursuivis par la guerre, en dehors de la destruction des forces ennemies, et nullement de la pure résistance à laquel on recourt pour épuiser la force de l'ennemi. Dans la résistance pure, l'intention positive fait défaut ; par conséquent, nos forces ne peuvent pas s'orienter vers d'autres objets, elles ne sont pas destinées qu'à faire échec aux intentions de l'ennemi."

 

    On conçoit que la définition de l'engagement de CLAUSEWITZ mène tout droit à la menace d'emploi des forces dans le même but de victoire, qu'un une sorte de guerre réelle, une guerre virtuelle peut obternir celle-ci. Par guerre virtuelle, on peut entendre cette sorte de guerre déclaratoire appuyée sur des forces militairs bien réelles. Cette guerre virtuelle, en tout cas correspond bien à une engagement militaire. Il s'agit toujours d'obtenir de l'adversaire des territoires, la destruction de ses forces militairs (démantèlement des troupes par exemple) et de la disparition de sa volonté. C'est pourquoi, il est difficile de dire que l'ère nucléaire est une ère anti-clausewitzienne : le déploiement des armes et la course aux armements constituent bien l'équivalent, en but politique, d'engagements meurtriers. Dans sa réflexion, la guerre est abordée dans tous ses aspects et il aborde véritablement, avec une grande souplesse, toutes les formes de guerre, jusqu'à celle qui se sont font uniquement sous forme de gesticulations menaçantes.

 

  Raymond ARON qui se penche sur les concepts d'attaque et de défense introduits au Livre I, qui rendent possible, en une conduite de la guerre rationnelle, la suspension des hostilités. Pourquoi les deux adversaires ont-ils intérêts en même temps à attendre? "La polarité (...) parait entrainer logiquement la continuité des opérations. Bien entendu, Clausewitz aurait pu rendre compte de la non-continuité (des opérations) par le frottement, par la faiblesse des hommes, par le manque d'information, par l'une ou l'autre des circonstances concrètes qui différencient la guerre selon sa nature et les guerres réelles. Il a cru trouver une cause, interne à la guerre abstraite, de l'arrêt des opérations, à savoir le fait que "l'activité guerrière se divise en deux formes qui (...) sont très différentes et de force inégale. La polarité existe par rapport à l'objet commun à l'une et à l'autre, à savoir la décision. Mais non en ce qui concerne l'attaque et la défense elles-mêmes." Ces deux phrases, pour le commantateur français, "nous livrent deux des thèmes essentiels : réciprocité d'action entre attaque et défense (si l'un attaque, l'autre se défend) ; d'autre part la dissymétrie (ou non-polarité) entre ces deux formes en raison de la force supérieur'e de la défense." Ce thème se retrouve ailleurs dans De la guerre, comme un fil conducteur explicatif de nombreux aspects de la guerre, notamment dans les deux Livres VI et VII. c'est dans le Livre VI qu'est étayée la thèse de la force supérieure de la défense, établie à la fois dans l'abstrait et par référence à l'expérience historique. Le défenseur bénéficie du double avantage de commencer la guerre - en obligeant l'attaquant à établir son plan d'attaque en fonction des préparatifs antérieurs de son ennemi - et d'abattre ses cartes en dernier, dans la décision ou non d'arrêter de se battre.

Dans le chapitre 7 de De la guerre, CLAUSEWITZ donne deux arguments, de caractère général, qui présentent à ses yeux, le caractère d'évidence :

- il est plus facile de conserver que de prendre ;

- l'histoire montre que le parti le plus faible choisit presque toujours la défensive.

  En fait, CLAUSEWITZ ne se limite à démontrer ce caractère général, il montre que dans la défense et dans l'attaque existe des niveaux secondaires de défense (dans l'attaque) et d'attaque (dans la défense), passant facilement du niveau tactique au niveau stratégique et vice-versa. Surtout, il développe amplement les formes de résistance, qui dont de la défense  un objet privilégié d'analyse, alors que toujours dans son esprit, à condition qu'elle soit rapide, l'attaque conserve son attrait premier, car elle seule permet la destruction des forces de l'ennemi, sans équivoques, ouvrant la voie à la victoire qui ne dépend, encore une fois, pas seulement des réalisations militaires. La stratégie défensive a manifestement sa préférence.

 

     Sandrine PICAUD-MONNERAT, dans un débat sur l'actualité de la pensée de CLAUSEWITZ, analyse ses réflexions sur la petite guerre, au moment où précisément, après la guerre froide, se multiplient les conflits armés "de moyenne ou faible intensité". 

"Ce qu'il est essentiel de retenir selon Clausewitz, c'est que la défensive ne signifie pas la passivité. Se contenter toujours d'une défense passive impliquerait qu'un seul des adversaires donne les coups, tandis que l'autre ne fait que parer : "ce serait une manière de faire la guerre, où seul l'un des deux ferait la guerre". Nous n'avions pas vu en France, dans les traités sur la petite guerre du XVIIIe siècle, une telle profondeur d'analyse, alors même que la nécessité d'une activité perpétuelle des troupes vouées à ce registre d'action avait été perçue par leurs auteurs. Il faut privilégier, du Clausewitzn une "défensive active" ou "défense offensive". 

La défensive, au sens général, comprenant la défensive passive comme la défense active, consisterait à combattre l'ennemi lorsqu'il est entré dans notr théâtre d'opérations, ou au contact de notre position. Soit on laisse l'ennemi approcher contr soi ; soit on recule en laissant l'ennemi avancer jusqu'à un territoire que l'on connait et qui nous donne l'avantage dans le combat. Certes, la défense passive arrive plus souvent à la petite guerre qu'à la grande : dans les cas où l'on doit gagner du temps en défendant un poste seulement pour une durée limitée. D'un autre côté, comme on ne parle de petite guerre que lorsque le retranchement est passager, construit à la hâte, donc facilement attaquable, et qu'il n'est pas souvent de terrain suffisamment petit pour flanqueer de façon naturelle un détachement de l'ordre de 500 hommes, l'on est souvent obligé à la petite guerre de meneer une défense active. Au rste, l'objectif principal des avant-postes et de l'avant-garde dans son ensemble (observer l'ennemi et l'arrêter dans sa progression) exige du commandant des avant-postes beaucoup d'efforts, beaucoup d'attention, et enfin une bien plus grande activité que dans l'armée elle-même. L'attitude proactive est une constante de la pensée de Clausewitz, mise en évidence par Raymond Aron : "Il ne fut pas un doctrinaire de l'offensive - pas plus que de la défensive - il prêcha toujours l'action, l'énergie, l'effort, quelle que soit la forme choisie"." 

L'actualité de CLAUSEWITZ reste grande, selon l'agrégée et docteur en histoire, autour de La petite guerre au XVIIIe siècle (ISC/ECONOMICA, 2008) car les conflits asymétriques constituent de nos jours le défin principal des Etats occidentaux. "La guerilla utilise la tactique de la petite guerre, et le terrorisme est souvent vu comme une modalité contemporaine de la guerilla. L'effet de surprise, socle sur lequel s'appuient les opérations de petite guerre (guerre du faible au fort), mlénage une marge d'incertitude que Clausewitz a fort bien vue (...)."`

 

     La supériorité structurelle de la défense en matière de stratégie nucléaire est affirmée par le général GALLOIS. Pour lui, la défense devient dans ces conditions structurellement supérieure à l'attaque car l'attaquant doit, pour se prémunir contre de possibles représailles, détruire la totalité de points peu étendus et difficiles à localiser avec précision, tandis qu'il suffit au défenseur de s'en prendre à ds villes, objectifs étendus et faciles à localiser. Raymond ARON, de son côté, condamne cette thèse de la supériorité absolue de la défense sur l'attaque, tout en reconnaissant "le caractère plausible, psychologiquement probable, mais non démontré." En fait, au delà de la confrontation d'idées GALLOIS/ARON des années 1960, l'évolution technologique et des stratégies nucléaires elles-mêmes, tendent à accroire deux adéquations des concepts clausewitziens à l'usage stratégique des armes nucléaires:

- la mutation du risque

- la virtualité de l'engegement. (Christian MALIS, chercheur au Centre de recherche des Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidam et à l'Institut de stratégie comparée de Paris, autour de Raymond Aron et le débat stratégique français (ISC/Economica, 2005)

Dans la stratégie nucléaire, l'engagement reste toujours virtuel, avec des effets concrets sur les rapports de force politique. Encore de nos jours, l'étalon de la crédibilité nucléaire reste la référence pour définir les grandes, moyennes et faibles puissances dans le monde.

 

Christian MALIS, Sandrine PICAUS-MONNERAT, contributions dans De la Guerre? Clausewitz et la pensée stratégique contemporaine, Economica/ISC/Ecole Militaire, 2008. Raymond ARON, Penser la guerre, Clausewitz, tome 1, L'âge européen, Gallimard, 1976. Carl Von CLAUSEWITZ, De la guerre, Editions de Minuit, 1955.

 

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