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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 16:35

       Film documentaire réalisé en 2009 par le prolifique réalisateur américain contestataire Michaël MOORE, Capitalism : A love story constitue un réquisitoire contre le capitalisme, et surtout contre le capitalisme financier. Axé sur la crise financière de 2007 à 2009, c'est un véritable acte d'accusation qui est dressé là, sur le plan autant économique que social et moral (des responsables religieux catholiques s'y expriment), mais aussi sur le plan politique. 

    Avec la dénonciation du capitalisme-casino de Wall Street, de l'influence de Goldman Sachs au plus haut niveau de l'exécutif et du système législatif à Washington, du niveau de pauvreté des pilotes de ligne (rappelons que sous la présidence Nixon, des milliers d'entre eux avait été licencié pour faits de grèves), de la vague de saisie immobilière et d'expulsions, c'est aussi la destruction de la démocratie par le capitalisme qui est mis en relief. Maniant la satire sociale et comique avec son habituel brio, se mettant en scène de manière quasiment constante, Michaël MOORE ne se contente pas de montrer les ravages du capitalisme aux États-Unis (à la fin, des images prises à la Nouvelle-Orléans suite à l'ouragan Katrina font plus que symboliser ceux-ci), il montre également les travailleurs licenciés des usines qui ferment lutter pour faire valoir leurs droits. Il cite des systèmes de cogestion à l'oeuvre en Amérique, et les indique comme modèles alternatifs au capitalisme.  

A de nombreuses reprises, il souligne le pouvoir potentiel du peuple américain (il salue d'ailleurs l'espoir né de l'élection à la Présidence de Barak OBAMA) et la crainte qui se devine à certains écrits des dirigeants financiers que celui-ci n'utilise "trop" ses droits politiques. Vers la fin du film, il évoque le New Deal entrepris par le Président Franklin Delano Roosevelt et son échec, et le contraste entre cet échec et les progrès politiques et sociaux accomplis en Europe et au Japon après la Seconde Guerre Mondiale. Nous avons éprouvé une certaine résonance entre l'évocation de cette seconde charte de droits, à inscrire dans la Constitution, et les acquis de la Libération de la France aujourd'hui menacés par la politique du président Sarkozy....

 

         Malgré quelques outrances ici ou là dans la dénonciation et certains raccourcis qui veulent frapper un peu trop les esprits à certains moments, ce film-documentaire d'un peu plus de deux heures, largement diffusé aux États-Unis, au Canada et en France (fin 2009) vaut le détour, rien que pour comprendre qu'il existe un cinéma de combat qui peut rivaliser avec certains productions lénifiantes. Ce cinéma reflète d'ailleurs un état des luttes sociales aux États-Unis que malheureusement beaucoup ne soupçonnent même pas dans notre pays... On ne s'y ennuie pas une seconde, même si l'on n'adhère pas à l'idéologie qui sous-tend ce film, tant l'humour reste ravageur du début jusqu'à la fin. Ce film est l'aboutissement de 20 ans de carrière cinématographique d'une véritable institution de gauche aux États-Unis. Le DVD d'ailleurs offre des bonus importants qui permettent de s'en rendre compte. 

            Michael MOORE a déjà réalisé de nombreux films contestataires auparavant, de Roger et moi en 1989 (dénonciation des mesures de restructuration des usines automobiles de Flint) à Canadian Bacon en 1995 (où le gouvernement américaine tente de monter les Américains contre les Canadiens pour relancer l'économie), sans oublier Bowling for Columbine en 2002 (la culture de peur véhiculée par les médias et les politiciens après le 11 septembre 2001), The Big One en 1999 (appauvrissement de certaines tranches de la population aux États-unis) ou encore Fahrenheit 9/11 en 2004 (attaque contre George BUSH et son administration et les liens de sa famille avec Ben Laden, contre l'entrée en guerre en Irak). Sa grande notoriété n'empêche pas des critiques contre le manque de transparence dans la manière dont il fait ses films.

Michael MOORE, Capitalism : A love Story, Paramount, États-Unis, 2009, 2heures 07minutes. 

 

FILMUS

 

Relu le 8 janvier 2020

 

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commentaires

T
<br /> Précision : c'est sous REAGAN que des dizaines de milliers de controleurs aériens ont été licenciés pour fait de grève, et non sous la présidence NIXON<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Absolument!<br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />

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