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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 14:17

                                                        Stratégies nucléaires russes
 

     La désorganisation interne des territoires de l'ancienne Union Soviétique ne fut évidemment pas propice à de nouvelles décisions stratégiques, pendant au moins une dizaine d'années, jusqu'à l'énonciation officielle du Concept de la Sécurité Nationale de la Fédération de Russie de 2000.

 

      Si l'on suit Jean-Christophe ROMER, ce sont les thèses de la dissuasion minimale qui, tendanciellement, l'emportent. Des experts comme R. BOGDANOV et A. KORTOUNOV, prônent, dès 1989, un retour à l'idée initiale de la dissuasion minimale. "L'URSS, disent ces experts, pourraient donner l'exemple en réduisant unilatéralement ses armes stratégiques de 95%. Avec 500 têtes nucléaires, elle serait en effet à même de garantir la sécurité de son territoire, même si les États-Unis ne réduisaient pas dans la même proportion leur propre arsenal nucléaire."
Pas de sanctions contre ces experts, car nous sommes désormais dans la période de la glasnost. La gestation est relativement lente d'un consensus en 1991, après le début de l'opération "Tempête du désert" en Irak. La notion d'une "stratégie de riposte adaptée" s'impose, et elle se retrouve dans la première doctrine militaire de la Fédération de Russie de 1993, doctrine toute transitoire.

 

   Celle-ci, qui affirme qu'aucun État n'est l'ennemi de la Russie, fait partie de l'espèce d'état d'euphorie artificielle, sur un nouvel ordre international pacifié, promue principalement par les stratèges américains et encouragée par les affairistes de tout bord. Ce n'est que la volonté de l'Alliance Atlantique d'amalgamer de nouveaux territoires, jusqu'à l'Ukraine et la Géorgie, et d'étendre son champ d'action à pratiquement l'ensemble du monde, qui réveille les vieilles hantises d'encerclement de l'élite militaire russe. Redéfinissant en définitive les menaces potentielles contre la Russie (qui n'oublie ni la Chine, ni le terrorisme), celle-ci adopte en avril 2000 une nouvelle doctrine militaire, ce Concept de la Sécurité Nationale de la Fédération de Russie.

 

       Nous pouvons lire dans ce texte (traduction libre), présenté par le président russe par intérim Vladimir POUTINE, que "La garantie de la sécurité militaire de la Fédération de Russie constitue la piste importantissime de l'activité de l'État. La garantie de la possibilité de la réaction adéquate aux menaces, qui peuvent apparaître au XXIe siècle, les frais rationnels de la défense national étant, constituent l'objectif principal dans ce domaine.
  Dans la prévention des guerres et des conflits armés, la Fédération de Russie préfère les moyens politiques, diplomatiques, économiques et autres moyens non militaires. Cependant, les intérêts nationaux de la Fédération de Russie exigent la présence de la puissance militaire suffisante pour sa défense. Les Forces Armées de la Fédération de Russie jouent le rôle principal dans la garantie de la sécurité militaire de la Fédération de Russie.
  La dissuasion dans l'intérêt de la prévention de l'agression de toute envergure, y compris avec l'usage des armes nucléaires, contre la Russie et ses alliés constitue la tâche importantissime de la Fédération de Russie.
  La Fédération de Russie doit posséder les forces nucléaires, capables de garantir le dommage prévu à causer à tout État agresseur ou coalition d'États dans toutes ses situations."
  Ce texte abandonne les restrictions précises du recours à l'arme nucléaire que l'on pouvait trouver dans les textes signés par Boris ELTSINE en décembre 1997 et août 1998, lesquels n'avaient guère été suivis d'effets dans le concret de l'organisation de l'appareil militaire.

     Une nouvelle stratégie russe fut adoptée le 12 mai 2009, suite à un travail de réflexion stratégique après la courte guerre contre la Géorgie. Mais celle-ci aborde surtout la dimension interne de la sécurité. Cette version finale d'un texte assez longuement en gestation (plus d'un an), pris entre les présidences américaines de Georges BUSH Jr. et de Barak OBAMA, comporte néanmoins des références très dures contre les dangers dus à l'unipolarité et à l'unilatéralisme américains. Si l'OTAN est bien désigné comme une menace pour la sécurité nationale, il s'agit surtout pour ce texte de renforcer la coopération avec les États de la CEI (Communauté des Etats Indépendants) et d'amorcer une stratégie arctique. (Centre for Eastern Geopolitical Studies, site diploweb.com)

Jean-Christophe ROMER, article Théoriciens soviétiques, du Dictionnaire de Stratégie, PUF, 2000.

                                                   STRATEGUS
 
Relu le 11 septembre 2019

 

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