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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 12:35

             Si le titre de cet article est si centré sur une personne plus que sur sa contribution politique à la théorie et à la pratique de la guérilla, et de la guerre révolutionnaire, c'est parce que le cinéma s'est beaucoup plus centré sur son parcours individuel que sur celle-ci.

Que ce soit Che!, film américain réalisé par Richard FLEISCHER en 1969, médiocre de l'avis de beaucoup de critiques, Carnets de voyage film brésilien, chilien, américain, péruvien et argentin réalisé par Walter SALLES et sorti en 2004 ou encore le lacunaire mais intéressant Che!, film franco-américano-espagnol, de Steven SODERBERGH de 2008, les films consacrés au guérillero se concentre sur... la personnalité du guérillero. 

 

       Che!, le film de Richard FLEISHER, se veut une biographie du révolutionnaire argentin Ernest "Che" Guevara où on le voit rejoindre Fidel CASTRO dans sa lutte contre le régime corrompu du dictateur Fulgencio BASTIA, lutte victorieuse puisqu'elle abouti à l'installation du régime communiste bien connu. Le film se concentre sur la vie du guérillero, et sur la première fois qu'il vient à Cuba en 1956, jusqu'à sa mort dans une embuscade tendue par les troupes gouvernementales avec l'appui du gouvernement des États-Unis dans les montagnes de la Bolivie en 1967. Très mal joué (Omar SHARIF en CHE!), et selon certains - nous ne l'avons pas vu - mal réalisé,  il peut être considéré par certains critiques comme pas plus mauvais que certains films américains de propagande sur Hitler. D'une durée de 96 minutes, produit par la 20th Century Fox, suivant un scénario de Sy BARTLETT et Michael WILSON, d'après une histoire de David KARP, ce film semble sorti pour surfer (commercialement) sur la vague de popularité dans la jeunesse américaine de la figure du révolutionnaire.

 

          Carnets de voyage (Diaros de motocicleta) , basé directement sur les livres d'Ernesto GUEVARA et d'Alberto GRANADO, raconte leur voyage à travers l'Amérique du Sud en 1952. Qui, au fil des rencontres effectuées et des injustice sociales constatées, transforme radicalement le jeune futur diplômé en médecine. ce film déjà long de 126 minutes, a la particularité de s'intéresser à l'éveil politique du futur leader. Tourné à travers toute l'Amérique du Sud, il fut ovationné lors du festival de Sundance et reçu un très bon accueil de la critique. Salué par la critique française, à l'exception des Cahiers du Cinéma et de Les Inrockuptibles qui évoquent un film épuré "de toute trace de politique" et un "récit cousu de fil blanc" (ce qui est assez encourageant, vu leur couleur politique!), il est souvent classé dans le Drame et le Road movie (!). Plusieurs prix l'ont récompensé au Festival de Cannes. Certains regrettent que le sujet ne prenne pas la dimension du mythe, et c'est peut-être pour nous un bon indice d'intérêt! Loin de démontrer de manière didactique et faussement pédagogique les raisons de l'engagement politique d'Ernesto GUEVARA, le film procède par petites touches. Chaque étape du voyage permet des rencontres très différentes. Le générique du film montre des images d'époque.

 

       Che!, de Steven SODERBERG est sorti en deux grandes parties (de 134 minutes chacun) ; la première, intitulée L'Argentin, porte sur la période cubaine et la seconde sur ses tentatives de préparation de la Révolution latino-américaine. Basé sur le livre Souvenirs de la guerre révolutionnaire, de Che Guevara lui-même, il a obtenu le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes de 2008.

Leur présentation contraste énormément : la première est filmée en Cinémascope, alors que la seconde l'est en Panoramique. L'une montre la marche victorieuse, épique, alors que l'autre possède un aspect beaucoup plus documentaire (et parait d'ailleurs beaucoup plus long!), moins raffiné, plus sobre. L'une et l'autre possèdent le mérite de trancher avec le lyrisme et la mystique du Che, en montrant souvent le cadre réel de l'activité révolutionnaire.

La première partie débute à Cuba en 1952, où Fidel CASTRO, candidat du parti du Peuple, veut stopper le général Fulgencia BASTITA, qui prépare un putsch. Mais l'opération échoue, malgré l'aide de jeunes soldats et Fidel CASTRO est condamné à 2 ans de prison. Amnistié, il s'exile à Mexico en 1955. A ce moment, Ernesto GUEVARA débute sa carrière politique au Guatemala. Après un complot militaire soutenu par la CIA, Ernsto GUEVARA est obligé de se réfugier lui aussi au Mexique. Il rejoint un groupe de révolutionnaire cubains. Le 13 juillet 1955, dans un petit appartement de Mexico, Raul CASTRO le présente à son frère ainé, Fidel. Jusqu'à la réussite de la révolution, le film est dominé, en alternance d'images d'archives, par les relations entre le "bouillant" argentin et le "prudent" futur Président Maximo. 

La deuxième partie débute alors que Che GUEVARA est en pleine gloire. En 1964, il se rend à New York, pour affirmer son combat pour le tiers-monde face à la toute-puissance américaine. Mais il disparait soudainement. Personne ne sait où il se trouve, pas même Fidel CASTRO, qui se doute cependant des intentions de son ami (de propager dans toute l'Amérique Latine la flamme révolutionnaire allumée à Cuba...). De nombreuses rumeurs de sa mort circulent. Mais il réapparait (en compagnie de Régis DEBRAY d'ailleurs) en Bolivie, où il prépare secrètement la Révolution latino-américaine avec ses camarades cubains et quelques boliviens (on s'étonne d'ailleurs du peu de monde représenté finalement à l'écran...). Cette campagne montre toute sa détermination et son abnégation. Elle explique en partie le symbole et le héros populaire qu'est resté au fil du temps le "Che" (qui rejoint d'ailleurs, par-delà les orientations politique, une autre mystique, bien américaine, celle du héros solitaire...). L'échec (longue et pénible traque...) de cette révolution se termine par sa mort.

Malgré un certain nombre de faiblesses (de rythme pour la seconde partie, d'explicitation qui aurait pu être mieux marquée pour la première), ce film constitue une bonne introduction à la vie du Che, à ses motivations et à ses réalisations comme à ses échecs. Comme toujours, il faut garder une grande distance avec tout film qui traite de questions historiques, quant à la véracité de ce qui est montré, quant à certains raccourcis qui sont effectués. mais, se plaçant finalement bien du point de vue du "héros" et de son engagement, il indique bien un contexte et les enjeux, notamment de la révolution cubaine (pour Cuba lui-même et pour le monde en général). Des images d'archives viennent appuyer une bonne mise en scène dans la première partie, tandis que leur relative rareté dans la seconde traduit bien l'état d'isolement dans lequel s'est retrouvé ensuite l'Argentin. Campé de manière convaincante par Benicio Del Toro, le révolutionnaire livre une grande partie de sa philosophie politique et de son engagement humaniste (un discours acéré et violent vers l'extérieur, le monde impérialiste ; une attention soutenue envers ses camarades de combat et les soutiens rencontrés...). Produit par cet acteur et par Laura BICKFORD et distribué par la Warner Bross ET iFC Films, d'après un scénario de Peter BUCHMAN, ce film nous parait être un des meilleurs réalisés sur cette partie de l'Histoire. Il décevra tous les admirateurs inconditionnels de la Révolution (qui aurait sans doute préféré une chorégraphie...), car il n'entre pas dans la phraséologie mystique (et finalement dépolitisante) du Che). Par contre, tourné en grande partie en lumière naturelle, il garde la fraîcheur de la réalité brute. Il est disponible en DVD (deux disques).

 

Che!, Richard FLEISCHER, 1969. Carnets de voyage, Walter SALLE, 2004. Che!, Steven SODERBERGH, 2008.

 

Relu le 18 juin 2020

 

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