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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 18:26

   Une fois dépassé le stade du nomadisme ou du semi-nomadisme et au fur et à mesure que les civilisations se complexifient et que les buts de guerre ne sont plus seulement (même s'ils le demeurent en partie) de piller et de détruire, la problématique d'une conquête ne se résume plus à l'obtention d'une victoire militaire au bout de laquelle tous les territoires conquis deviennent automatiquement soumis et à la volonté du vainqueur. Depuis que le langage courant et même spécialisé a admis de remplacer le mot guerre par le mot défense (qui il est vrai dépasse le domaine de la guerre proprement dite), on a peut-être un peu facilement oublier que la problématique d'un conflit armé ne peut pas se focaliser seulement sur la défaite ou la victoire de l'un des deux camps. Comme si une fois la déclaration de défaite (quel qu'en soit le nom, traité, armistice...), les classes dominantes ou la population en général du pays vainqueur aurait le champ libre, moyennant quelques parades militaires pour impressionner, pour occuper ou/et exploiter le pays vaincu.

Même au temps des Empires (comme l'Empire Turc ou l'Empire Romain), la participation au moins des élites du pays conquis à l'exploitation de la contrée vaincue s'avère nécessaire. Cette problématique qui vise à vaincre les résistances post-victoire militaire pour la transformer en victoire sur tous les plans (ce qui ne figure pas forcément dans les buts de guerre) est d'ailleurs bien intégrée dans les grands Empires. Si la Résistance intervient dans les études de défense (ou de guerre) surtout à l'occasion de la Seconde guerre mondiale (résistances intérieures à l'occupant nazi), elle n'en existe pas moins longtemps auparavant dans les préoccupation des élites vainqueurs. Loin de s'illusionner sur le caractère définitif des victoires militaires, de nombreuses élites ont bien compris, si elles voulaient faire perdurer l'état de leur prépondérance que la participation, voire l'assimilation d'une partie plus ou moins grande de la population vaincue est nécessaire. Faute de quoi, la victoire militaire peut très bien être suivie d'une défaite politique, prélude le plus souvent à une reprise des combats armés. L'imposition brutale d'une administration (soit idéologique, soit politique, soit économiques) dans le pays occupé se traduit souvent, (l'Empire français napoléonien l'a par exemple appris à ses dépens), soit volontairement (pour accélérer l'exploitation économique ou stratégique d'une région), soit faute d'une participation-adhésion suffisante au sein de la population vaincue (encore faut-il qu'elle se considère comme telle...), par une déliquescence larvée et souvent progressive, une dégradation parfois pas très perceptible dans l'immédiat (aveuglement sur le fait militaire) des conditions de cette occupation. 

 

    C'est autour de ce couple Défense/Résistance que l'on peut élaborer une compréhension d'une partie du phénomène-guerre, et en passant, comprendre que se détruit plus ou moins dans les faits, dans la majeure partie des cas dans l'histoire, l'idée que l'on peut tirer globalement profit avec une guerre (ou des guerres), changer le cours des civilisations sans en subir à son tour des conséquences souvent désastreuses.

Il faut bien des destructions pour qu'arrive une soumission globale (et cela est arrivé dans bien des périodes, des populations entières disparaissant ou émigrant ailleurs), et lorsque ces destructions interviennent, une majeure partie des buts de guerre, précisément, s'avère jamais atteint.

Si effectivement le cours des choses change, ce n'est pas très souvent au profit des vainqueurs, ou ceci de manière bien éphémère. Sur un plan très général, la conquête par la guerre de territoires s'avère toujours fragile, et parfois très longtemps après leur constitution, les Royaumes (par exemple le Royaume Britannique, "Royaume Uni") s'avèrent, dans les profondeurs des phénomènes socio-culturels et économiques, des constructions politiques artificielles, et ceux-ci s'effritent lentement (dans cet exemple, l'Irlande, puis l'Écosse, puis demain le Pays de Galles...).

Si, pour paraphraser Carl Von CLAUSEWITZ, la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, on se rend bien compte que l'utilisation de la force armée n'aboutit précisément que peu souvent au but poursuivi par la politique. D'une certaine manière, la politique se pervertit dans l'utilisation de la violence armée. 

 

        A contrario, l'usage de la violence par les peuples occupés ou vaincus constitue aussi une part majeure de la problématique Défense/Résistance.

Nombre de révoltes et de révolutions furent mâtées, ce qui revient souvent, vu les destructions observées, au cas précédent. Nombre de révoltes et de révolutions ont au contraire rétablis des peuples ou des parties de populations dans leur droit d'usage des terres qu'ils occupent avant l'invasion.

Dans cette problématique où nous observons cette fois les choses du côté du vaincu de guerre, l'usage des moyens - les contextes généraux pèsent aussi (État vainqueur encore en guerre contre d'autres États ou au contraire arrêt de conflits armés...) - entraînent des conséquences directes sur les formes des régimes politiques adoptés par les populations en révolte et sur l'ampleur des nouvelles destructions. La répression constitue un élément majeur de cette problématique du côté de l'occupé, et cela est encore plus vrai dans des civilisations industrielles...

   Ces constations proviennent en partie au moins de deux considérations :

- Le phénomène-guerre n'est pas un phénomène rationnel à part entière. Malgré tous les traités stratégiques et les hommes de guerre, une part d'irrationalité domine et souvent l'emporte sur la perception rationnelle des événements, transformant de courtes campagnes prévues en très longues guerres ; Souvent ce qui était au départ des buts de guerre définis et limités se trouvent dépassés, submergés par la dynamique même de la guerre. 

- Les populations assaillantes et les populations attaquées, comme les populations résistantes ne forment jamais des entités uniques. Les luttes entre différentes strates sociales deviennent plus aiguës en temps de guerre et une grande partie des haines installées en temps de conflit (avant et pendant la guerre) est souvent utilisée par le camp adverse. Combien d'armées (notamment impériales) furent constituées d'anciens ennemis choisis pour leur haine ou leur différence d'intérêts envers d'autres peuples à leur tour objet des convoitises du vainqueur? Sans verser dans la guerre civile (ce qui arrive néanmoins souvent), ces conflits (de classes souvent) constituent des éléments centraux dans l'évolution des royaumes ou des empires. Les événements montrent que dans une partie de la population vaincue les éléments propices à une collaboration avec l'ennemi se trouvent souvent suffisamment nombreux pour former l'armature d'une occupation. Plus loin encore, une partie de la classe dirigeante de la population vaincue peut très bien se retrouver dans les sommets même du pouvoir de l'envahisseur, de manière obligée ou sous la volonté de faire durer précisément une nouvelle entité politique.

 

   Tout ce qui précède vise uniquement à introduire une série Défense/Résistance dans le cadre de la thématique générale de la Défense. Il s'agit plus d'hypothèses de travail que de conclusions anticipées.

 

   Terminons cette introduction par une mise au point. Loin de limiter, comme le veulent de nombreux dictionnaires et encyclopédies, l'usage du mot Résistance aux événements de la seconde guerre mondiale, nous préférons analyser les conflits de nombreux temps et de nombreux espaces en nous servant précisément de l'analyse des phénomènes d'occupation, de résistance... très nombreux et variés durant cette guerre mondiale. Cela restaure la continuité dans l'analyse du conflit, où que celui-ci se déroule et dans n'importe quelle circonstance.

Pour cela, nous en revenons à l'étymologie du mot Résistance, notion d'abord issue de la Physique : la Résistance des matériaux est incluse dans l'étude des propriétés mécaniques des matériaux et des conditions dans lesquelles ils résistent et de déforment lors de leur emploi. Leur résistance à quelque chose comprend la résistance au choc, à la compression, au déchirement, à l'éclatement, à l'écrasement, au feu, à la flexion, au roulement, au tirage, à la traction, à l'usure (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales ; www.cnrtl.fr)...  La définition, suivant la même source, sur le plan physique et moral (des personnes) est la Défense, riposte par la force à un adversaire, à un ennemi qui a déclenché les hostilités ; c'est aussi le Refus d'accepter, de subir les contraintes, violences et/ou vexations, jugées insupportables, qui sont exercées par une autorité contre une personne, les libertés individuelles ou collectives, l'action qui en découle. La résistance est aussi définie comme le Combat mené contre un envahisseur  ou un occupant indésirable... Découle la définitions de nombreux autres expressions, lesquelles font l'objet des articles qui suivent : Résistance active, Résistance violente, Résistance passive, Résistance civile, Résistance militaire, Résistance non-violente, Résistance caritative, Résistance-Mouvement, Résistance-Organisation... 

 

 

STRATEGUS

 

Relu le 14 mars 2021

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