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18 avril 2020 6 18 /04 /avril /2020 08:00

   Des courants marxistes trouvent leur expression dans les sciences sociales, favorisée par la création, après la Seconde Guerre Mondiale, des "red brick universities" destinées aux étudiants et enseignants des milieux populaires.

   L'analyse sociale d'inspiration marxienne se distingue, en Grande Bretagne, par les débats théoriques qu'elle engendre, souvent associés à la discussion des données empiriques. Les travaux des historiens marxistes sont toujours remarquables et essentiels pour les études sociologiques. Notamment ceux de Maurice DOBB (1900-1976), Eric HOBSBAWN (né en 1917), Eric WILLIAMS (1911-1983), Edward THOMPSON (1920-1993) et Perry ANDERSON, les plus connus. L'appartenance (ou le rapprochement) de beaucoup de ces historiens au parti communiste anglais est important, mais plus encore est l'évolution du syndicalisme et de la société qu'il fallait expliquer aux militants sur un plan empirique.

 

 L'orientation pratique influence la sociologie marxienne britannique.

     Tom BOTTOMORE (né en 1920), professeur à la London School of Economics, chef du département de sociologie à l'Université Simon Fraser de Vancouver (Colombie britannique), secrétaire de l'International Sociological Association, et enfin rédacteur de la revueCurrent Sociology et de european Journal of Sociology, consacre toute sa carrière à étudier les classes sociales et les élites d'un point de vue marxiste. Sans pour autant mettre en péril sa carrière universitaire, chose qui n'aurait pas été possible aux États-Unis.

Avec une grande acuité, BOTTOMORE dissèque les concepts de classe et d'élite en faisant référence à l'oeuvre de MARX. Ainsi, pour la question du statut social, il explique : "la stratification par le prestige influence les classes sociales de deux manières : d'abord en interposant entre les deux principales classes une série de groupes sociaux qui forment un pont entre les positions extrêmes de la structure de classe ; ensuite en suggérant une conception entièrement différente de la hiérarchie sociale, selon laquelle il apparaît comme une échelle des positions de statut plus ou moins démarqué. (...) Cette perspective de la hiérarchie sociale comme une continuité de rangs de prestige a acquis une grande influence sur la pensée sociale, sans différences qualitatives entre elles, et sa diffusion a freiné le développement d'une conscience de classe" (1973). BOTTOMORE commente brillamment (cette appréciation est aussi celle de pairs qui ne partagent pas forcément ses idées) l'évolution des concepts sociologiques et idéologiques d'outre-Manche. Il publie Karl Marx : Selectid Writings in Sociology and Social Philosophy (1956) en compagnie du "marxologue" antistalinien Maximilien RUBEL (1906-1996). (THIRY, FARRO, PORTIS)

 

Dans l'étude des groupes ethniques et du racisme.

   John REX (né en 1925) fait partie des sociologues marxiens qui font école dans les recherches sur le racisme. Très critique de la tendance de nombreuses recherches ethnologiques à écarter les notions de pouvoir et de classe sociale, il dénonce la spécialisation en matière de sociologie académique dont le risque est de faire abstraction de l'essentiel, à savoir le rôle primordial de l'économie dans la création des relations entre les ethnies et les "races" (mot qu'il récuse pour son manque de légitimité scientifique, mais qu'il utilise pour être compris d'un public habitué à son usage). "Il y a, dit-il, une absence de référence à l'économie ou à ce que les marxistes appellent le "mode de production". Les processus politiques sont considérés comme historiquement et théoriquement prédominants sur les processus économiques" (1987). Erreur sans doute due à l'expérience coloniales ayant favorisé la violence et les préjugés culturels dans l'évolution des rapports interethniques et culturels. REX suggère en revanche que la notion de "relations interaciales" soit remplacée par celle de "situation des relations interaciales". Celle-ce se distinguant pas 3 éléments :

- une situation de compétition extrême, de conflit, d'exploitation ou d'oppression, sans comparaison avec les conditions normales du marché du travail ;

- la compétition, les conflits, l'exploitation ou l'oppression dans la relation entre groupes, plutôt qu'entre individus, ce qui aboutit à l'impossibilité, pour un individu dans une position subordonnée, de quitter son groupe pour un autre ;

- une justification de la situation par le groupe dominant en termes de théorie déterminée, souvent à consonance génétique ou biologique (1983).

   Malgré les limites de ce schème, REX souligne le fait que les relations entre les races sont presque toujours marquées par les inégalités et un système d'oppression s'appuyant sur les éléments où se mêlent classe et race. Si John REX, à partir de prémisses marxiennes, domine l'étude de la question raciale en Grande-Bretagne, Ralph MILIBAND est le spécialiste de l'État. professeur à la London School of Economics et à l'Université de Leeds, rédacteur de la célèbre revue marxiste Socialist Register, il favorise une approche plus nuancée de la conception marxiste de l'État dans de nombreux articles et ouvrages. C'est avant tout "le contexte capitaliste d'inégalité généralisée dans lequel l'État fonctionne qui détermine fondamentalement ses politiques et ses actions (1973).  (THIRY, FARRO, PORTIS)

 

Le développement de la sociologie marxienne dans un certain syncrétisme

     Loin de restreindre son influence pendant les vingt dernières années (1975-1995), marquées par le thatcherisme, avec à la clef en fin de compte plus d'audience que son homologue états-unien,  la sociologie marxienne continue à se développer en Grande-Bretagne. La considération accordée aux travaux d'Anthony GIDDENS (né en 1938) en témoigne.

Initiant sa recherche sur l'étude des travaux de DURKHEIM, GIDDENS critique sa sociologie pour son contenu politique, non avoué, et pour l'absence de théorisation du pouvoir. Ainsi, les fondements de la sociologie, toujours inspirés par les écrits de DURKHEIM, doivent être débattus et critiqués. Le concept de structure, par exemple, tend à dissimuler des a priori et à fausser l'analyse sociologique. La notion de "structure" est trop générale : il faut distinguer :

- les "principes structurels" (ou principes organisationnels de totalités sociales) ;

- les "structures" en tant que systèmes de règles ;

- les "caractéristiques structurelles", c'est-à-dire les aspects institutionnels de système sociaux à travers le temps et l'espace.

Pour illustrer son exemple, GIDDENS reprend l'analyse de MARX sur le processus de valorisation du capital qui sous-tend les rapports de production et les relations sociales dans une société capitaliste (1987). Par là, il démontre combien la sociologie durkheimienne est inadéquate à cerner le fonctionnement de la société, inchangé dans son essence depuis l'époque de MARX ou de DURKHEIM. Pour lui (The perils of punditry : Gorz and the end of the working class, 1987), la notion de "société post-industrielle" ne se vérifie pas à la lumière des faits. Il critique également la sociologie durkheimienne sur le plan de la méthode : il y intègre le concept de "contradiction" en arguant que "les principes structurels" fonctionnent "en termes de réciprocité, mais peuvent également se contredire". Les sociétés industrielles sont particulièrement productrices de telles contradictions, à tel point que celles-ci se multiplient et s'intensifient au fur et à mesure du développement de ces sociétés. Là encore, il s'attache à rendre un concept de base plus méthodologiquement applicable en distinguant deux types de contradiction : les contradictions primaires qui "participent à la constitution des totalités sociales" et les contradictions secondaires, "dépendantes ou générées par des contradictions primaires' (1987). En résumé, GIDDENS valorise la méthode dialectique des contradictions internes pour rapprocher l'unité des contraires de la négation du philosophe HEGEL. Idées reprises par MARX dans la formulation du matérialisme historique.

L'intérêt des travaux de GIDDENS réside dans sa réflexion et dans sa discussion des traditions sociologiques en utilisant les concepts marxiens. Sa démarche se défend à aucun moment d'un rapprochement ou d'une identification à MARX, démarche à rapprocher de celle de G. W. DOMHOFF aux États-Unis ou de Pierre BOURDIEU en France. Ses textes sont toutefois dépourvus d'une certaine orthodoxie marxiste, perceptible dans les écrits de T. BOTTOMORE et de R. MILIBAND. Il est vrai que GIDDENS s'adresse aux universitaires, à une élite intellectuelle, et non pas aux militants politiques, ce qui peut être jugé comme une faiblesse par rapport à la portée de ses analyses. Il n'en reste pas moins que le constat demeure : une tradition sociologique marxienne est reconnue en Grande-Bretagne sans la distorsion observée aux États-Unis ou en France pour des raisons dissemblables.  (THIRY, FARRO, PORTIS)

 

Où va le marxisme anglais?

   Pour Alex CALLINICOS, en Grande-Bretagne, l'impact des réflexions pendant les années 1930 marquent le marxisme pour longtemps. Les écrits brillants de John STRACHEY diffusèrent une version du marxisme proche de celle défendue par le Parti communiste et, dans le domaine de la théorie économique une analyse plus originale qui n'hésitait pas à se mesurer aux oeuvres de HAYEK et de KEYNES. Quant aux trotskystes, ils écrivirent de remarquables ouvrages d'analyse historico-politique, comme par exemple Black Jacobins de C. L. R. JAMES et The tragedy of the Chineses Revolution de Harold ISAACS.

De plus, les années 1930 exercèrent une influence à plus long terme. Le front populaire et la lutte contre le fascisme formèrent à la politique une génération de jeunes intellectuels dont certains, refusant d'abandonner le marxisme dans le contexte moins favorable de la guerre froide, choisirent au contraire de contribuer à son développement. Les plus importants furent un ensemble brillant d'historiens communistes qui émergèrent après la seconde guerre mondiale, parmi lesquels on peut citer Edward THOMPSON, Christopher HILL, HOBSBAWM, Rodney HILTON et George RUDÉ. A tel point que nombre d'historiens, anglais ou continentaux, voire américains, s'inspirent directement de leurs travaux... souvent sans mentionner qu'ils étaient marxistes!

A la fin des années 1940 et au début des années 1950, ce fut au sein du Parti communiste qu'eurent lieu une série de débats importants à partir de l'ouvrage de l'économiste marxiste de Cambridge Maurice DOBB, Studies in the Development of Capitalism (1946). A l'exception d'HOBSBAWM, tous les représentants principaux de ces groupe quittèrent le PCGB après la répression soviétique de la révolution hongroise de 1956. Devenus historiens socialistes indépendants, ils continuèrent cependant à élaborer un marxisme qui s'efforçait d'étudier l'histoire "d'en bas" - du point de vue des opprimés et des exploités - et d'accorder à l'étude de la culture et des représentations une plus grande place que ne l'avaient fait les approches plus orthodoxes.

     Dans les années 1960, le marxisme restait en marge de la culture intellectuelle anglo-saxonne. Une des préoccupations de la New Left Review (NLR) sous la direction de Perry ANDERSON (1962-1983) était le décalage humiliant qui existait entre le marxisme occidental de LUKACS et de GRAMSCI, d'ADORNO et de HORKHEIMER, de SARTRE et d'ALTHUSSER, de Della VOLPE et de COLLETTI et le sous-développement du marxisme britannique. Pour comprendre cette situation, ANDERSON publia deux articles célèbres, "Origins of the Present Crisis" (1964) et "Components of the National Culture (1968) dans lesquels, à partir d'une lecture personnelle de SARTRE et de GRAMSCI (mais alors, diraient des intellectuels français, très personnelle...), il affirma que dans le cas de l'Angleterre, le capitalisme s'était développé de manière anormale dans la mesure où une aristocratie partiellement modernisée était parvenue à maintenir son hégémonie sur chacune des deux classes principales de la société industrielle : la bourgeoisie ainsi que le prolétariat restaient à l'état de classes subalternes qui n'étaient pas parvenues à articuler leur propre idéologie hégémonique. Cette structure spécifique de classe expliquait l'arriération qui, selon ANDERSON, caractérisait la culture intellectuelle anglaise quand on la comparait à celle de ses voisins européens : ni sociologie bourgeoise, ni critique marxiste révolutionnaire. Cette interprétation fut brutalement contestée par THOMPSON ("The Peculiarities of the English", repris en 1978), mais la qualité des arguments déployés par ces deux auteurs... indique que le marxisme britannique est en définitive loin d'être miséreux!  Car à partir de la crise du mouvement communiste déclenchée en 1956 par le rapport "secret" de KHROUTCHEV et la révolution hongroise créa un espace politique pour une gauche indépendante du travaillisme - qui restait largement majoritaire - ainsi que du communisme officiel. La New Left Review fut l'une des productions intellectuelles de cette nouvelle gauche, qui s'élargit d'ailleurs considérablement à la faveur de toute une série de mouvements - pour le désarmement nucléaire, contre l'apartheid en Afrique du Sud, pour la lutte du peuple vietnamien - qui à la fin des années 1960 s'inscrivaient dans une atmosphère générale de contestation dont l'ampleur était toutefois moins politique et plus culturelle qu'aux États-Unis et dans le reste de l'Europe.

Les oeuvres de maturité des historiens marxistes et leur lectorat appartiennent à cette décennie-là : The Making of the English Working Class et Whigs and Hunters, de THOMPSON, The World Turned Upside Down, de HILL, la trilogie de HOBSBAWM sur le long XIXe siècle (1962, 1975, 1987).... Ces travaux jouent le rôle de modèle pour les jeunes intellectuels radicaux qui commençaient alors à entrer dans l'institution universitaire, celle-ci offrant beaucoup plus de postes d'enseignants grâce au développement de l'enseignement supérieur jusqu'aux années 1970.

Dans le bouillonnement intellectuel qui s'ensuivit, qui participe alors à l'ensemble de l'évolution des mentalités dans toute la Grande-Bretagne, une des questions principales avait  trait au type de marxisme qui serait le mieux adapté aux besoins des militants politiques ainsi que des intellectuels socialistes. Autour notamment de la relecture althussérienne du marxisme. La New Left Review et son éditeur New Left Books (puis Verso) s'empressèrent de publier les traductions des écrits d'ALTHUSSER et de ses collaborateurs, même s'il n'était aux yeux de la revue qu'un auteur parmi toute une série de marxistes français et italiens dont elle cherchait à présenter les oeuvres à un public de langue anglaise. L'engouement pour ALTHUSSER doit être replacé dans le contexte plus général de la réception du structuralisme et du post-structuralisme français. En Grande-Bretagne, les cultural studies avaient été lancés à la fin des années 1950 par des intellectuels de la nouvelle gauche comme Raymond WILLIAMS ou Stuart HALL. On voit donc que par rapport à la réception généralement dépolitisée de LACAN ou de DERRIDA aux USA (laquelle peut constituer un comble logique...), où se furent d'abord les critiques littéraires de Yale qui les introduisirent, les divers courants intellectuels issus de la théorie du langage de SAUSSURE furent perçus en GB comme des contributions à une analyse matérialiste de la culture et des représentations.

Bien entendu, cette réception du marxisme ne fit pas l'unanimité, et THOMPSON s'oppose à ANDERSON, au premier chef responsable de l'importation du marxisme continental, au nom d'une tradition radicale anglaise qui remonte loin, aux révolutions démocratiques des XVIIe et XVIIIe siècles (Poverty of Theory, 1978). Pourtant dès le départ, ANDERSON tient à se distancier de tous ces auteurs français et italiens, en valorisant ce qu'il appelle le marxisme classique (Considerations on Wastern Marxism, 1976), pour reprendre les idées de LÉNINE, LUXEMBOURG et TROTSKY, dont les analyses historiques, pour lui, sont organiquement liées à leur engagement concret dans le mouvement ouvrier. La réponse d'ANDERSON à The Poverty of Theory contient à la fois une défense raisonnée de la contribution d'ALTHUSSER au marxisme et l'adhésion à une approche plus matérialiste représentée sur le plan philosophique par Karl Marx's Theory of History de G. A. COHEN et sur le plan politique par le mouvement trotkyste (Perry ANDERSON, 1980).

Ce dernier a alors dans la grande île une influence importante. Alors que les groupuscule maoïstes qui dominèrent le mouvement étudiant américain à son apogée à la fin des années 1960 et au début des années 1970 eurent plutôt un impact intellectuel négatif, les divers courants du trotkysme furent un point de référence notable. Les écrits qu'Isaac DEUTSCHER publia pendant la seconde partie de sa vie lors de son exil en Angleterre participèrent de façon importante à la formation de la nouvelle gauche britannique et sa grande biographie de TROTSKY contribua à augmenter le prestige intellectuel du trotskysme. Ernest MANDEL participa de manière active aux débats qui traversaient la gauche dans le monde anglophone et ses écrits économiques - surtout Late Capitalism - furent rapidement traduits en anglais. Ce sont principalement DEUTSCHER et MANDEL qui influencèrent ANDERSON et le reste de l'équipe de la NLR, mais il y eut également d'autres signes de la vitalité du trotkysme anglo-saxon, notamment l'analyse novatrice de Tony CLIFF de la Russie stalinienne comme exemple de capitalisme d'État bureaucratique ainsi que les études de ses collaborateurs Michael KIDRON et Chris HARMAN du capitalisme après 1945.

Emporté par l'enthousiasme provoqué par une certaine effervescence intellectuelle qui n'est d'ailleurs pas seulement marxiste, loin de là, ANDERSON croyait un moment, au début des années 1980, qu'une vague réformiste ou mieux révolutionnaire va faire émerger enfin les idées radicales sur le devant de la scène politique. Mais , en fait, le marxisme commençait alors à refluer drastiquement, sous le coup d'un changement décisif de la conjoncture politique dans tout le monde anglo-saxon, qui mettait aux pouvoirs (économique et culturel) à la fois un autoritarisme et un libéralisme qui déclencha de grandes offensives contre le mouvement ouvrier (THATCHER/REAGAN). De grands revers créèrent un climat de pessimisme et de doute au sein de la gauche intellectuelle en même temps que des problèmes plus directement théoriques contribuèrent à l'effondrement du marxisme anglo-saxon.

En Grande-Bretagne, le marxisme althussérien s'autodétruisit dans la seconde moitié des années 1970. Après avoir exploré en détail les problèmes internes du système althussérien, certains de ses défenseurs en vinrent à renoncer d'abord à la notion d'une théorie générale de l'histoire, puis au concept de mode de production, et enfin au marxisme tout court : voir Barry HINDESS et Paul HIRAT (1974), Barry HINDESS et Paul HIRST (1971) et Anthony CUTLER et ses collaborateurs. Ces débats théoriques quelques peu obscurs reflétaient d'ailleurs une tendance plus générale où l'on considère maintenant que structuralisme français s'oppose au marxisme... La diffusion des idées de Michel FOUCAULT, ou plutôt une certaine interprétation de "Surveiller et punir" par exemple, détachée du contexte continental (notamment sur la signification du Goulag), contribue à voir des limites fortes aux différentes variantes du marxisme. La question sexuelle (de la place des femmes) ou d'autres formes d'oppression sociale revêtirent un caractère d'urgence, mettant la question sociale sous le boisseau. En fait, l'effort théorique des penseurs qui se disaient marxiens s'affaiblit considérablement, au point que, plutôt qu'à une critique du marxisme, on assista plutôt à son abandon silencieux, au profit d'un marxiste dit analytique, comme aux États-Unis. On ne critique plus le matérialisme historique et on ne cherche même plus à le réfuter, et l'ensemble des auteurs, qu'ils soient philosophes ou sociologues, préfèrent approfondir leur analyse politique ou sociale de la réalité britannique. Et quitte à abandonner la phraséologie marxiste et à ne même plus aborder la question sociale en terme de luttes de classes, à poursuivre une critique non moins pertinente d'aspects sectoriels de la société. Moins qu'aux États-Unis, le marxisme constitue encore une référence et aujourd'hui les deux marxistes les plus connus dans un monde anglo-saxon où les idées circulent bien plus qu'auparavant entre les deux rives de l'Atlantique, sont probablement Eric HOBSBAWM et Frederic JAMESON. Le premier fut un membre loyal du Parti communiste britannique jusqu'à son effondrement en 1989 et le second, maintenant connu pour ses travaux sur le postmodernisme a longtemps tenter de concilier ALTHUSSER et LUKACS. (Alex CALLINICOS)

 

Alex CALLINICOS, Où va le marxisme anglo-saxon?, dans Dictionnaire Marx contemporain, ActuelMarxConfrontation/PUF, 2001. Bruno THIRY, Antimo FARRO et Larry PORTIS, Les sociologies marxistes, dans Sociologie contemporaine, Vigot, 2002.

 

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