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2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 08:28

   L'écrivain et critique littéraire français Marcel-Jules-Marie GUÉHENNO, dit Jean GUÉHENNO est également une figure du pacifisme dans l'entre-deux guerres mondiales. Plus connu pour ses oeuvres, notamment autobiographiques (Journal d'un homme de 40 ans, 1934 ; Journal des années noires 1940-1944, 1947 ; Carnets du vieil écrivain, 1971) que pour son activité politique, il participe, mû par son humanisme aux activités de la mouvance pacifique de 1927 au début de la guerre, puis aux activités clandestines préparant pour la Libération au Mouvement des auberges de jeunesse.

     Lors de son activité de critique littéraire pendant sa carrière de professeur (il achève cette carrière dans l'Éducation Nationale comme inspecteur général), il s'intéresse surtout à l'oeuvre de Jean-Jacques ROUSSEAU, dont il écrit plusieurs livres. Il est l'auteur également d'autres  ouvrages, où il propose un humanisme original : L'Évangile éternel en 1927, Caliban parle en 1928, La Foi difficile en 1957 et Caliban et Prospero en 1969.

     Entre les deux guerres, il s'engage dans des combats pour la paix. Avec notamment ALAIN, Lucien DESCAVES, Louis GUILLOUX, Henry POULAILLE, Jules ROMAINS et SÉVÉRINE, il signe en 1927 la pétition contre la loi sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre, loi qui abroge, selon les signataires, toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion. Cette pétition paraît dans le numéro du 15 avril de la revue Europe dont il devient le directeur de publication en 1929 (jusqu'en mai 1936). En 1935, il fonde l'hebdomadaire Vendredi. Rappelons que la revue Europe est fondée en 1923 par des intellectuels venant d'horizons différents, des anarchistes et des syndicalistes se retrouvant dans ses colonnes avec des hommes de l'entourage de Romain ROLLAND. Nombreux s'y retrouvent après s'être mis en rupture de ban avec leurs organisations d'origine, soit minoritaires soit encore exclus. C'est encore dans les colonnes d'Europe qu'en 1934, à l'occasion du vingtième anniversaire de la déclaration de guerre mondiale que sont publiés dans un numéro spécial 1914-1934 des articles de René ARCOS, ALAIN, Jean GIONO. Si nombre d'articles sont orientés par le souvenir des horreurs de la première guerre mondiale, aiguillonnant toujours un pacifisme intransigeant, cela n'empêche pas par la suite que certains préférerons comme lutte prioritaire le combat contre le fascisme, s'investissant plus tard dans les réseaux de résistance.

Il participe en 1930 au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux intellectuels français et allemands. Il arrête de publier sous l'Occupation, mis à part des écrits clandestins sous le pseudonyme de Cévennes. Jean GUÉHENNO se retrouve en juillet 1936 dans la direction du CVIA (Comité de Vigilance des intellectuels Antifascistes), aux côtés d'amis d'ALAIN, de minoritaires de la SFIO et d'anticolonolialistes, après le départ du courant animé par les membres du PCF, conséquence de l'évolution de la diplomatie soviétique.

      En 1944, il est chargé par le gouvernement provisoire d'organiser la Direction de la culture populaire et des Mouvements de Jeunesse. reprenant les idées forgées dans la clandestinité, il met en place avec Christiane FAURE les premiers instructeurs d'animateurs de jeunesse. Avec André PHILIP et des responsables clandestins d'associations de jeunesse, de partis et de syndicats; il crée la république des jeunes. Cette association réfléchit à la transformation des maisons de jeunes du régime de Vichy en Maison de la Jeunesse et de la Culture (MJC) affiliées aux mouvements d'éducation populaire. En 1948, suite à la fusion de la Direction de la culture populaire et des Mouvements de Jeunesse avec les Direction de l'Éducation Physiques et des Activités Sportives, Jean GUÉHENNO démissionne de son poste.

 

Jean GUÉHENNO, L'Évangile éternel, Étude sur Michelet, Grasset, 1927 ; Conversion à l'humain, Grasset, 1931 ; Jeunesse de la France, Grasset, 1936 ; Dans la prison ( sous le pseudonyme de Cévennes), Minuit, 1944 ; L'Université dans la Résistance et dans la France Nouvelle, Office français d'édition, 1945 ; La Foi difficile, Grasset, 1957.

Philippe NIOGRET, La revue Europe et les romans de l'entre-deux-guerres, L'Harmattan, 2004. Jean Yves GUÉRIN, Jean-Kely PAULHAN et Jean-Pierre RIOUX, Jean Guéhenno, guerres et paix (Actes du colloque de 2008 à l'Université Parix III), Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

Yves SANTAMARIA, Le pacifisme, une passion française, Armand Colin, 2005. Nadine-Josette CHALINE, Empêcher la guerre, encrage, 2015.

 

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