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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 12:44

   Antoine de Pas de FEUQUIÈRES, écrivain militaire français, est issu d'une famille de diplomates et de militaires.

Il se signale par sa bravoure sous Louis XIV et sert sous LUXEMBOURG, TURENNE et CATINAT. Il contribue à la victoire lors de la bataille de Neerwinden (1693) où il commande comme lieutenant-général.

Son oeuvre Mémoires sur la guerre est utilisé par VOLTAIRE pour son propre ouvrage Siècle de Louis XIV. Elle n'est publiée qu'en 1736 après trois éditions clandestines et fautives. 

A noter qu'il fut soupçonné d'implication dans l'affaire des Poisons de 1780, mais cela n'eut pas d'influence sur sa carrière militaire. 

Sa carrière se déroule dans un contexte où, malgré les réformes qui entrainent des modifications profondes dans l'art de la guerre, avec une croissance spectaculaires des effectifs, il n'y a pas de réflexion de haut niveau. Ce n'est qu'en 1715, lorsque la paix est revenue que la pensée militaire (tactique et stratégique) se développe véritablement en profitant des progrès de l'édition et de l'existence d'un public important intéressé à ces questions.

 

Une carrière militaire longue, une oeuvre influente

   Le marquis de FEUQUIÈRES, au cours d'une longue carrière militaire, sert sous les ordres du maréchal de LUXEMBOURG. Promu lieutenant-général en 1693, il est mis à l'écart lors de la guerre de Succession d'Espagne, mais profite de ce répit pour rédiger ses Mémoires, en fait un traité sur l'art de la guerre où il se propose d'établir des "règles certaines de théories sur la guerre. 

Il théorise l'art de la manoeuvre savante caractéristique de l'Ancien Régime. Sa méthode est historique ; connu pour son caractère difficile, il se livre à une critique sévère des erreurs commises par le commandement durant les guerres récentes. C'est sans doute la raison d'ailleurs de sa disgrâce. Pourtant, il est l'un des très rares auteurs, sinon le seul à cette époque, à s'attacher à la conduite générale des opérations.

Prudent, FEUQUIÈRES se garde toutefois de formuler des principes généraux pour une activité qui, selon lui, est le plus souvent régie par des principes particuliers. Il réagit contre la conduite des sièges, en vogue au XVIIe siècle, et préconise une tactique fondée sur la bataille décisive. la bataille représente l'effort suprême de la guerre et nécessite une longue préparation. cet effort suprême contre l'ennemi devrait être, selon lui, fourni à l'endroit où l'adversaire met le plus d'acharnement à se défendre. 

FEUQUIÈRES distingue la guerre "qui se fait entre Puissances égales" des guerres défensives et offensives ; dans ce genre de guerre, le général doit être "continuellement attentif à se procurer la supériorité par de petits avantages ; il arrivera toujours à son but, qui est celui de la ruine de l'Armée ennemie ; auquel cas il changera la nature de cette guerre et en fera une offensive". Mais il ne s'agit que d'une limitation de l'offensive imposée par le rapport de force, qui impose le recours à une stratégie d'usure, non d'un genre différent. Le marquis tente d'établir un troisième terme à la dialectique offensive/défensive, mais comme certains de ses successeurs, n'y parvient pas. 

Les Mémoires ont un grand succès chez les militaires, jusqu'à FREDERIC LE GRAND qui s'en inspire pour formuler sa propre doctrine de guerre. (BLIN et CHALIAND, COUTEAU-BÉGARIE)

 

Une oeuvre influente même si elle est encore peu citée dans le grand public mais reconnue en histoire militaire.

     Le marquis de FEUQUIÈRES fait partie des premiers et rares militaires à avoir mis en théorie leur savoir - il est vrai qu'il en a eu le temps lors de sa longue mise à l'écart. Il prend pratiquement la tête d'une longue lignée de fondateurs de la science militaire moderne terrestre, avec PUYSÉGUR, FOLARD, JOLY DE MAIZEROEY, GUIBERT... Ses Mémoires sont transmises parfois sous le manteau, sous une grande quantité d'éditions, parce que ceux-ci attaquent nombre de chefs militaire encore en exercice. Car sous Louis XIV, les rivalités bassement matérialistes et les jalousies (à la Cour) prennent le pas sur le mérite. Le Roi maintient ainsi en fonction le maréchal de VILLEROI, qui accumule les fautes et les défaites, alors que FEUQUIÈRE reste sans emploi.

 

Antoine de FEUQUIÈRES, Mémoires, contenant ses Maximes sur la Guerre, et l'Application des Exemples aux Maximes, 1740, Disponible sur le site de la BnF, www.gallica.bnf.fr. Il semble que soit mise à disposition la version de 1740 publiée à Londres. 

Eugène CARRIAS, La Pensée militaire française, Paris, 1960.

Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, Dictionnaire de stratégie, tempus, 2016. Hervé COUTEAU-BÉGARIE, Traité de stratégie, Economica/ISC, 2002.

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