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1 février 2018 4 01 /02 /février /2018 09:28

   Henri de La Tour d'Auvergne, dit TURENNE, est un gentilhomme et militaire français, l'un des  meilleurs généraux de Louis XIII, puis de Louis XIV. Figure populaire en son temps, avec une habile propagande et l'usage d'un vaste réseaux d'amis à la Cour, stratège de grand talent, gloire militaire du Grand Siècle par excellence, sa carrière est entachée néanmoins par la première série d'exactions commises en Palatinat en 1674, généralement connu sous le nom de "ravage du Palatinat".

Acteur de la Fronde des Princes, il fait partie de ces nobles dont l'autorité royale veut briser la résistance. Il se retrouve avec CONDÉ puis contre CONDÉ dans des conflits tant "professionnels" que politiques. 

 

Une carrière de noble et de guerrier

Protestant, apparenté aux Nassau dont il reçoit la formation, Henri de TURENNE passe au service de la France en 1630 et s'illustre en de nombreuses occasions, au siège de Beisach (1638) et à Zummarschausen (1647) où il remporte une victoire contre le légendaire Raimondo MONTECUCCOLI. Egalement victorieux face à CONDÉ, son ancien commandant, en 1658, il sauve l'Alsace menacée par l'armée impériale de LÉOPOLD en 1674-1675.

Lors d'une brillante campagne d'hiver (alors que normalement c'est une période de relâche en matière militaire) au cours de laquelle il divise son armée en petites unités, il contourne les Vosges et regroupe ses forces à Belfort, sans que l'ennemi se doute de rien. Il accompagne sa manoeuvre d'une attaque sur le flanc de son adversaire qui lui permet de le repousser de l'autre côté du Rhin. Il est tué un peu plus tard à Sasbach d'un beau boulet de canon exposé de nos jours dans le célèbre musée de l'Armée à Paris.

TURENNE fait preuve d'une grande rigueur d'une grande rigueur durant la phase préparatoire à la guerre, mais il demeure très souple pendant la conduite des opérations. Il attache une importance particulière à la discipline et à l'entrainement de ses troupes, choses pas tellement courante à l'époque, ainsi qu'à la logistique (approvisionnement en subsistances et en armements) et aux communications. cependant, il fournit rarement des plans d'action établis à l'avance (...). Il n'aime pas les sièges, préférant de beaucoup l'offensive et le mouvement. Il ne s'engage qu'après s'être bien renseigné sur l'état de son adversaire, sur ses plans et sur ses mouvements de troupes. Il utilise pour cela un nombre important d'espions et exploite sa propre technique de contre-espionnage et de propagande pour tromper l'ennemi. Il réclame des informations précises sur la nature du théâtre des opérations et effectue souvent lui-même ses propres reconnaissances. 

Il obtient le titre de maréchal de France en 1643 et celui de maréchal général en 1660. Ses Mémoires sont publiées après sa mort. (BLIN et CHALIAND)

Les méandres de sa carrière militaire ne peuvent se comprendre que par un contexte indécis quant au devenir de la monarchie française. Rien à l'époque, sinon les rivalités à l'intérieur des Frondes, ne peut en préjuger. Ce qui explique l'acharnement de nobles qui pouvaient avoir une chance d'établir leur hégémonie sur des territoires devenus vastes. 

 

Un Prince dans les troubles des Frondes

D'abord commandant dans l'armée hollandaise, il se met au service du roi Louis XIII... avec un commandement plus prestigieux. Sa réputation va croissant dans les années 1630. Il sert fidèlement la monarchie française, notamment en Italie (de 1639 à 1641) jusqu'à la mort prématurée du Roi. Lorsque Anne d'Autriche, qui le fait maréchal de France, prend la régence, il s'illustre à la conquête du Rousillon (1642) et est envoyé en Alsace menacée où il combat, ayant réorganisé son armée, avec les forces de CONDÉ, qui prend le commandement. Après les campagnes victorieuses en Alsace, son armée dévaste la Bavière avec ses alliés suédois. Les traités de Westphalia signés peu après, en 1648, mettent fin à la guerre de Trente Ans. C'est sans doute l'acalmie relative des combats qui lui permet de se consacrer un peu plus à sa position politico-sociale. Il passe du côté des Frondeurs et dans les événements, échappe à l'arrestation dont sont victimes d'autres princes (dont CONDÉ) et recherche l'aide des Espagnols. Il connait à cette occasion l'un de ses rares revers militaires en étant vaincu lors de la bataille de Rethel le 15 décembre 1650. Après la libération des princes il se réconcilie avec MAZARIN et obtient (l'un ne va sans doute pas sans l'autre) le commandement des armées royales, lorsque CONDÉ se révolte à nouveau. A partir de ce moment-là, il combat et CONDÉ, jusqu'à ce que ce dernier change encore de camp, et les Espagnols, fidèlement.

Il faut dire que TURENNE, lorsqu'il repasse dans les villes conquises alors qu'il combat à la tête des troupes espagnoles, se fait un plaisir de les reprendre pour le compte du Roi de France, alors que celui-ci à regagner une seconde fois Paris, suivant un procédé qui n'est pas réellement original.... De nombreuses troupes (qui ne sont pas encore toutes permanentes), ce qui explique le poids d'un prince ou d'un autre, sont encore sous l'allégeance d'une personne plutôt que d'un Etat... Ceci s'explique par le prestige (du général et du sang), mais aussi par la... capacité financière d'une famille princière à assurer leur solde...

 

Une longue postérité

Même s'il n'a pas laissé d'ouvrages didactiques, et pas seulement comme on peut le lire parfois parce qu'il est d'un caractère secret, mais bien plutôt parce qu'il existe une tradition de secret où les "trucs" des batailles ne se communiquent qu'entre membre d'une même famille, TURENNE constitue une référence assez incontournable pour la période moderne de l'histoire militaire. Nombreux sont les auteurs qui en font référence, et parmi les plus célèbres comme NAPOLÉON. 

Ses Mémoires se bornent à exposer les actions vécues de façon simple, et c'est déjà beaucoup pour l'époque. Tacticien et calculateur, il attribue beaucoup d'importance au renseignement . Sans idées préconçues, il se décide sur l'analyse de la situation présente et agit très vite. Il tient à avoir des troupes bien entretenues pour garder une grande liberté d'action et pouvoir débaucher des troupes à l'ennemi. Il estime qu'il faut occuper des provinces ennemies pour diminuer les forces de ses adversaires, mais il préfère tenir la campagne pour pouvoir manoeuvrer plus à l'aise, plutôt que de s'emparer à tout prix de villes qu'il faudrait ensuite défendre en dispersant ses forces. A partir de la guerre de Dévolution,disposant d'un meilleur instrument, il se montre plus hardi et pratique l'offensive plus systématiquement. Sa campagne d'hiver en continuant les Vosges passe pour un chef-d'oeuvre très étudié par la postérité. (CORVISIER)

Ces Mémoires du maréchal de TURENNE sont exclusivement militaires et n'abordent que très peu les intrigues de la cour ou de la ville. De toute manière, la guerre est sa grande préoccupation et il y subordonne toute chose. S'ils intéressent beaucoup, c'est aussi parce qu'ils ont la sécheresse grandiose d'un bulletin de bataille, le style en est d'une grande tenue, d'une sobriété et d'une vigueur singulière. Sont de plus joints à ces manuscrits, de nombreuses  et suggestives pièces justificatives. 

Le développement de la théorie stratégique à l'époque contemporaine n'a pas rendu cette oeuvre caduque. 

 

Mémoires du maréchal de Turenne, Société de l'Histoire de France, d'après les manuscrits, Paris, Laurens, 1909.

Jean BERENGER, Turenne, Paris, 1987. Joseph REVOL, Turenne, essai de psychologie militaire, Paris, 1910. CESSAC-LACUÉE, Des connaissances nécessaires à un général d'armée,  dans la Bibliothèque historique et militaire de Liskenne et Sauvan, tome V, Paris, 1840. 

Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, Dictionnaire de stratégie, tempus, 2016. André CORVISIER, Dictionnaire d'art et d'histoire militaires, PUF, 1988. Bernard ROBERT, Bibliothèque de l'école des chartes, Année 1910, n°71, www. presse.fr

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