SUBOTAÏ, chef de "peuple des Rennes", tribu de Mongolie centrale, est considéré comme l'un des meilleurs généraux de GENGIS KHAN, et selon certains (mais on le dit d'autres figures...), comme l'un des plus grands stratèges de tous les temps. C'est l'un, ou l'architecte principal de sa stratégie militaire. C'est l'un des quatre chiens féroces, avec QUBILAI, DJÉBÉ le Flèche et DJELMÉ.
Lors du conflit entre DJAMUQA et le futur GENGIS KHAN, il prend parti pour ce dernier. Il élabore notamment le plan d'invasion du Khwarezm lors de la campagne de 1220-1223. Il y effectue, en compagnie de DJÉBÉ, avec une armée de 20 000 hommes un raid de reconnaissance de plus de 20 000 km les amenant notamment jusqu'en Russie où ils défont les princes russes venus à leur rencontre avec 80 000 hommes, SUBOTAÏ et DJÉBÉ font alors demi-tour après avoir pillé Kiev. Il est également à la tête de l'armée de 200 000 hommes lors de la campagne de 1237 qui envahit les steppes russes pour fonder la Horde d'or.
SUBOTAÏ participe à une soixantaine de batailles, la plupart victorieuses, pour GENGIS KHAN et pour son successeur OGÖDAÏ.
Il n'est pas lié par le sang au clan gendishkhanide, les voies du pouvoir politique lui sont donc fermées, mais il trouve dans la guerre un moyen d'exploiter tous ses talents et d'assouvir ses ambitions. C'est lui qui insiste après la mort de GENGIS KHAN pour s'engager dans la conquête de l'Europe, les Mongols étant jusque là exclusivement préoccupés par l'Asie et le Moyen-Orient.
SUBOTAÏ est non seulement un remarquable stratège et tacticien, mais aussi un excellent organisateur et logisticien, capable d'orchestrer des campagnes compliquées où il doit rassembler des armées éparpillées sur des espaces gigantesques. Surtout, il permet aux armées mongoles de toujours progresser avec le temps, s'appropriant les techniques de ses adversaires tout en s'arrogeant les services de leurs meilleurs stratèges et ingénieurs.
En ce sens, les armées turco-mongoles sont de tout temps beaucoup plus ouvertes aux techniques étrangères que ne sont à leur époque les armées occidentales. Ainsi, lors de la fantastique campagne qu'il orchestre en Europe en 1241 contre la Pologne-Lituanie et la Hongrie, SUBOTAÏ se sert des techniques apprises lors de ses campagnes de Chine pour surprendre et vaincre l'armée hongroise à Mohi. On retrouve cette approche chez TARMERLAN notamment, puis chez BABOUR (BLIN et CHALIAND)
Les capacités de SUBOTAÏ suppose une bonne connaissance de la cartographie, chose facilitée par le caractère de nomades qui parcourent de manière traditionnelle de vastes distances et traversent d'immenses territoires. Et sans doute, une capacité de transmission d'ordres, ce qui suppose une "véritable armée de lettrés" et de relais "postaux" (une suite de services de chevaux) à son service. L'Empire mongol ne compte pas cependant de grandes lignées de chefs militaires, mais plutôt de véritables génies de temps en temps. C'est, pour maints historiens, une unique anomalie : les capacités stratégiques et tactiques de SUBOTAÏ sont perdues à sa disparition, ce qui forcent d'autres à les redécouvrir.
D'ailleurs, c'est très longtemps après la disparition-dislocation de l'Empire mongol que l'Occident découvre les capacités stratégiques de SUBOTAÏ, notamment par Basil Liddell HART qui relate dans son livre Great Captains Unverlead after World War I, les tactiques et stratégies de l'Empire mongol. En faisant la comparaison avec les les initiatives initiales en 1940-1941, les invasions de la France et de la Russie. Erwin ROMMEL et George PATTON sont d'avides étudiants des campagnes mongoles.
Jean-Paul ROUX, Histoire de l'Empire mongol, Fayard, 1993. Jack WEATHERFORD, The Secret History of the Mongol Queens ; How the Daugthers of Gengis Khan Rescued His Empire, 2010. Ce livre, ou ce qu'il en reste, commenté par Jack WESTHERFORD, fut écrit pour la famille royale mongole après la mort de Gengis Kahn en 1227. Il est le plus ancien texte écrit en mongolien, et fut traduit en chinois (vers la fin du XIVe siècle) dans une complitation de textes par la dynastie Ming (The Secret History of the Yuan Dynasty). Richard A. GABRIEL, Subotaï the Valiant : Gengis Khan Greatest General, Praeger Publishers, 2004.
Gérard BLIN et Gérard CHALIAND, Dictionnaire de stratégie, tempus, 2016.