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5 mars 2020 4 05 /03 /mars /2020 09:15

   Se présentant comme le seul magazine chrétien français des droits de homme, le bimestriel Humains est le journal de l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), fondé en 1974, pour "le respect des droits de tout être humain, qu'il soit libre ou prisonnier.". L'Association française de la Fédération internationale de l'ACAT (FIACAT, dotée du statut consultatif auprès des Nations Unies), avec une trentaine de milliers d'adhérents et de donateur (36 600 en 2017), regroupe des chrétiens protestants, catholiques et orthodoxes ainsi que des membres d'autres confessions et des laïcs. Ses fondatrices, Hélène ENGEL et Edith du TERTRE, ont été sensibilisées à la question de la torture à la suite d'une conférence du pasteur italien Tullio VINAY à son retour du Sud-Vietnam en 1974.

    Le magazine milite tout particulièrement contre la torture et les mauvais traitements, pour l'abolition de la peine de mort partout dans le monde, et pour la défense du droit d'asile en France.

   Tous les deux mois, Humains propose en une vingtaine de pages l'analyse en 4 pages d'une situation et problématique dans un pays et une proposition d'action correspondante, des article brefs ou longs sur l'actualité des droits de l'homme en France et partout dans le monde, un dossier de fond sur un sujet concernant les droits de l'homme, des ressources pratiques en vue de la mobilisation, une rubrique Méditer, espace spirituel et de réflexion sur les lien entre religions et droits de l'homme "pour nourrir action et foi", des informations sur les campagnes de l'ACAT, des propositions d'action.

Ses articles soutiennent des actions-campagnes de l'ACAT, par exemple sur les ententes entre services secrets français et marocains pour étouffer des cas de tortures envers deux citoyens marocains (février 2014) ou sur une exportation d'armes françaises vers l'Arabie Saoudite (mars 2019). Dans le n°14, de novembre-décembre 2019, le magazine consacre un dossier de réflexion à la dignité humaine, dont la négation est un outil de domination dans nombre de régimes autoritaires.

L'ACAT a publié en mars 2016 un rapport intitulé "L'ordre et la force", à propos de l'usage de la force par la police et la gendarmerie française, qui dresse un état des lieux des violences policières en France entre 2005 et 2015.

Humains, ACAT, 7 rue Georges Lardennois, 75019 Paris, Site acatfrance.fr

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5 mars 2020 4 05 /03 /mars /2020 09:06

   Alors que beaucoup croyaient (et espéraient) que le marxisme ne fournirait plus d'explications valides et ne servirait plus à rien nu à personne, les événements, faits d'accroissement des inégalités et de divers problèmes de tout ordre, prouvent le contraire. C'est d'ailleurs, souvent, les politiques économiques et sociales opposées aux conceptions socialistes du monde, de par leurs propres effets sur la réelle marche du monde, qui provoquent le regain des études marxistes - et de la pensée marxiste en général - dans le monde, y compris dans les régions considérées les plus rétives, au coeur du capitalisme mondial, aux États-Unis (mais pas seulement) par exemple.

   Et, également, c'est parce que maints régimes politiques officiellement marxistes (et qui l'étaient si peu) ont aujourd'hui disparu, et que maints régimes prétendant encore l'appliquer (on pense à la Chine et à la Corée du Nord par exemple), sans plus illusionner personne (et à commencer par leurs propres bureaucraties), qu'est rendu possible un regain de la manière marxiste de penser le monde... et de le transformer (malgré tous ceux qui disent encore que cela n'est pas possible...).

   Il n'y a pas une sociologie marxiste, comme il n'y a jamais eu un seul marxisme, surtout après MARX (et même de son vivent, sans doute!), mais des sociologies marxistes. On ne saurait donc pas définir la sociologie marxiste parce qu'il n'existe pas en tant que telle : si les principes théoriques communs habitent, comme l'écrivent Bruno THIRY (de l'Institut d'Études Politiques de Paris), Antimo FARRO (de l'Université "La Sapienza" de Rome) et Larry PORTIS (de l'Université américaine de Paris), les différentes productions théoriques, ils ne sont pas suffisants pour rassembler celles-ci en un corps homogène. Les principes ou paradigmes peuvent s'énumérer ainsi :

- le principe de contradiction (emprunté à HEGEL) qui fonde le matérialisme dialectique ;

- l'existence de classes sociales différenciées, aux intérêts souvent contradictoires ;

- le rôle de l'État ancré dans les rapports de force ;

- le privilège accordé à l'étude des conflits et des mouvements sociaux,issus des contradictions sociales ;

- l'importance accordée aux "structures sociales" pour expliquer les trajectoires et les comportements individuels...

   "De plus, expliquent-ils encore, les sociologues marxistes ont été toujours profondément influencés par les débats qui ont eu cours dans la philosophie (LUKACS, KORSCH, GRAMSCI, ALTHUSSER) ou dans l'économie marxiste, pesant à leur tour sur les disciplines voisines.

En même temps, s'il est impossible de définir la sociologie marxiste, celle-ci a profondément influencé la sociologie en général parce que l'objet même de la théorie de Marx est au coeur de la sociologie. On peut redire avec Henri LEFEBVRE (1901-1991) que "Marx n'est pas sociologue, mais (qu') il y a une sociologie dans le marxisme".

En effet, à côté du Marx savant, le Marx militant, organisateur de la classe ouvrière et des mouvements sociaux, n'a pas cessé d'influencer la production scientifique du premier. Di autrement, l'existence même de mouvements sociaux renvoie au marxisme, même s'il n'en est pas l'initiateur, pour au moins savoir ce qu'il peut en dire. Historiquement, le contexte économique, politique et social fortement conflictuel a été favorable à l'épanouissement d'un marxisme théorique et de sociologies marxistes." Ils continuent en écrivant que "le dernier exemple historique est la longue période de croissance des Trente glorieuses. Dans certains pays, un mouvement syndical puissamment revendicatif, proche de partis communistes eux aussi assez forts, a attiré des intellectuels qui ont actualisé et développé les travaux de Marx. C'est vrai en France, en Italie, en Amérique Latine, mais ce l'est beaucoup moins, sinon pas du tout, aux États-Unis et en Grande-Bretagne où les intellectuels marxistes n'ont pas ou peu de rapport avec le mouvement ouvrier. Durant ces mêmes Trente Glorieuses, les mouvements de libération du tiers-monde (Algérie, Viet-Nam, Afrique Noire) et les tentatives de développement (Algérie, Cuba, Amérique Latine...) ont aussi favorisé un retour aux thèses de Marx sur la critique et le dépassement du capitalisme. Ainsi, la conjonction du renforcement du mouvement ouvrier et du développement des luttes de libération du tiers-monde créait un climat favorable au rayonnement du marxisme et à la production de nouvelles théories ou sociologies, profondément influencées ou se réclamant du marxisme", les sociologies marxistes.

A ce constat qui date de la fin des années 1990, en un temps où déjà les effets des Trente Glorieuses se sont beaucoup atténués (depuis les années 1980), il faut ajouter que le développement du capitalisme (mondialisation, financiarisation, informatisation avec Internet) engendre de nouvelles configurations sociales et oblige à prendre en compte nombre de données sociologiques nouvelles (et notamment la perte d'importance des masses ouvrières et paysannes). Et que le développement des effets de ce nouveau développement capitaliste provoque lui-même la résurgence d'analyses marxistes, notamment en Amérique Latine, aux États-Unis mêmes, en Asie et en Afrique.

  Si ces auteurs se concentrent sur les sociologies marxistes en France, en Italie, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, d'autres élaborations théoriques se sont développées ailleurs. En tout cas; ce qui sépare les sociologies marxistes des autres, c'est la prise en compte du facteur économique dans la société, et même souvent, une prépondérance de ce facteur dans l'explication sociologique. Sans compter le fait que les sociologues autour du marxisme refusent de camper dans une position neutre, optant pour la défense de classes sociales ouvrières et paysans, mais pas seulement, tout en insistant sur le caractère scientifique de leurs travaux.

    Le constat du renouveau des études marxistes date maintenant déjà du début des années 2000, et ses causes sont multiples, la principale étant au coeur de l'économie, précisément l'élément capital (sans jeu de mots) du marxisme. Tony ANDRÉANI, de l'Université Paris VIII, écrévait dans le premier livre d'une série de livres Marx contemporain :

"Il y a quelques années des sociologues et des économistes s'interrogeaient sur le dépassement du taylorisme et du fordisme, certains croyant en l'avènement d'un nouveau modèle productif, baptisé "toyotisme" ou "udevallien", qu'ils croyaient porteur d'une réduction de la division du travail, d'une requalification de la main-d'oeuvre, d'un nouveau compromis social plus favorable au salariat. On mesure aujourd'hui l'étendue de leurs illusions et la pertinence de l'analyse marxienne. Non que Marx ait anticipé la forme actuelle du système productif mais il avait décrypté les tendances de fond du système capitalite, et l'on voit bien qu'elles sont toujours à l'oeuvre : la tendance à la prolongation du travail ; la tendance à l'intensification du travail,qui est aujourd'hui confirmée par toutes les études ; la tendance à l'accroissement de la division du travail, qui se manifeste par la coupure entre une élite intellectuelle high tech surpayée et le reste du salariat, qui crée d'ailleurs de forts clivages au sein même du monde des cadres ; la tendance à la déqualification, qui affecte la plus grande partie des opérateurs, notamment parmi les employés ; la tendance à la mise en concurrence de tous avec tous, qui entraine une énorme dégradation du climat social ; la tendance à traiter la force de travail comme un outil, comme lui "employable", "mobile" et "flexible" (selon les termes de l'idéologie managériale du moment) à volonté, et plus généralement comme un coût et non comme une source de richesse." Il y ajoute, dans la longue série de ces causes du regain à la fois des études marxistes et des luttes de classes, la crise économique chronique qui frappe le monde : tendance à la surproduction, au chômage de masse (souvent camouflé dans les chiffres officiels), à la constitution permanente d'un lumpen-prolétariat aux caractéristiques diversifiées...

 

Tony ANDRÉANI, Pourquoi Marx revient... ou reviendra, dans Marx contemporain, Éditions Syllepse, 2003. Bruno THIRY, Antimo FARRO et Larry PORTIS, Les sociologies marxistes, dans Sociologie contemporaine, Sous la direction de Jean-Pierre DURAND et de Robert WEIL, Vigot, 2002.

 

SOCIUS

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3 mars 2020 2 03 /03 /mars /2020 09:19

    Docteur en physique théorique du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Harrison Colyar WHITE, est actuellement l'un des plus influents sociologues. Le professeur américain émérite à l'université Columbia joue un rôle significatif dans ce qu'on appelle la "révolution Harvard", en analyse de réseaux et pour la sociologie relationnelle. Il a élaboré plusieurs modèles mathématiques des structures sociales, incluant les chaînes de vacances et le blockmodels. Leader d'une révolution toujours en cours en sociologie, qui utilise la modélisation des structures sociales plutôt que de se focaliser sur des attributs ou des attitudes individuelles. Ses travaux, qui inspirent beaucoup de chercheurs à travers le monde, dépassent les éléments d'un interactionnisme symbolique et concurrencent ceux des chercheurs en individualisme méthodologique. Animé par un fort syncrétisme scientifique qui couvre maints domaines, Harrison WHITE ouvre une voie à la sociologie, notamment aux États-Unis, qui permet de mieux prendre en compte, sans pour autant les aborder de front, les dynamismes de conflit-coopération.

   Depuis ses premières études universitaires (au MIT) à l'âge de 15 ans, malgré son intérêt marqué pour la physique fondamentale, il se tourne plutôt vers les facultés des sciences sociales. Sans faire réel plan de carrière en sociologie, publiant des travaux en physique théorique (notamment dans la revue Physical Review) (1958), obtenant un doctorat en sociologie en 1960, il enseigne dans cette dernière discipline dans plusieurs universités (Harvard, Arizona, Chicago, Carnegie-Mellon, Édimgourg...).

Sa présentation la plus achevé de la nouvelle sociologie se trouve dans son livre Identity and Control, d'abord publié en 1995, puis réécrit en 2008, grâce à l'apport de Michel GROSSETTI. Avant de se retirer en Arizona, Harrison WHITE s'intéresse également à la sociolinguistique, à l'art et les stratégies d'affaire. A travers son enseignement, il contribue à la formation de nombreux grands sociologues, notamment Peter BEARMAN, Paul DiMAGGIO, Mark GRANOVETTER, Nicholas MULLINS ou Barry WELLMAN.

 

L'interactionnisme structural...

   Malgré l'aridité de ses ouvrages et un formalisme poussé dans la présentation de ses théories en sociologie, Harrison WHITE parvient à impulser de nombreuses analyses sur les réseaux sociaux. Il a notamment développé l'analyse dite des matrices découpées en blocs qui permet de mettre en évidence des positions structuralement équivalentes dans un réseau (équivalence structurale). Son ancien étudiant et collaborateur Ronald BREIGER présente ainsi en 2005 son oeuvre :

"White aborde les problèmes reliés à la notion de structure sociale traversant l'ensemble des sciences sociales. Il a notamment contribué

- aux théories des structures classificatoires englobant de rôles dans les système de parenté des peuples autochtones d'Australie et des institutions australiennes de l'Occident contemporain,

- des modèles basés sur les équivalences entre acteurs à travers des réseaux de plusieurs types de relations sociales,

- la théorisation de la mobilité  sociale dans les systèmes d'organisations,

- une théorie structurelle de l'action sociale qui met l'accent sur le contrôle, l'agentivité, le récit et l'identité,

- une théorie des marchés de production économiques conduisant à l'élaboration d'un environnement réseau pour les identités des marchés et de nouvelles méthodes de comptabilisation des bénéfices, des prix et des parts de marché

- et une théorie du langage qui met l'accent sur la commutation entre les domaines relevant du social, du culturel et idiomatique au sein des réseaux de discours.

Son affirmation théorique la plus explicite est "Identité et contrôle (1992), bien que plusieurs des composantes principales de sa théorie de la formation mutuelle des réseaux, des institutions et d'agentivité apparaissent aussi clairement dans Careers and creativity ; Forces in the Arts (1993), écrit pour un public moins spécialisé."

 

   Bien entendu, Harrison WHITE n'est pas le seul sociologue à élaborer une théorie des réseaux, laquelle, s'est essentiellement affirmée dans le monde anglo-saxon, malgré la contribution importante dans le domaine des sciences menée par Michel CALLON et Bruno LATOUR (La science telle qu'elle se fait, 1991). D'autres, anthropologues, psychologues (autour de Manchester notamment), Clyde MITCHELL ou Elisabeth BOTT, ont réalisé dans leurs domaines des recherches notables. Mais les étudiants de WHITE, sans nécessairement d'ailleurs utiliser la notion d'équivalence, appliquent l'analyse des réseaux à des domaines divers : stratification sociale, marché du travail...  Deux d'entre eux ont particulièrement contribué à faire connaitre ces méthodes : Nancy LEE, qui a étudié les réseaux d'interconnaissances qui permettent à des femmes d'entrer en contact avec des médecins acceptant de pratiquer illégalement l'avortement ; Mark GRANOVETTER (Le Marché autrement : les réseaux dans l'économie, 2000) qui a mis en évidence le rôle que les réseaux sociaux jouent dans la recherche d'emploi et défendu la thèse devenue célèbre de la "force des liens faibles". Il soutient l'idée qu'en général un individu n'obtient pas un travail par l'entremise des personnes dont il est le plus proche, mais grâce à des contacts diversifiés. (François DENORD)

 

Harrison WHITE, Identité et contrôle. Une théorie de l'émergence des formations sociales, Éditions de l'EHESS, 2011 ; La carrières des peintres au XIXe siècle. Du système académique au marché des impressionnistes, Flammarion, 1991.

GROSSETTI, Michel et Frédéric GODART, Harrison White : des réseaux sociaux à une théorie structurale de l'action, SociologieS, 2007 (sur Internet, voir sociologies.revues.org)

François DENORD, Théorie des réseaux, dans Encyclopedia Universalis, 2014.

 

 

 

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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 06:06

    Mensuel créé en 2005 par l'association du même nom, présidée par Alain DUEZ, L"Âge de faire traite des thèmes de l'écologie, de la citoyenneté et de la solidarité, au niveau local comme international. Diffusant à 20 000 exemplaire (mars 2014), basée à Salignac, puis Peipin (Alpes-de-Haut-de-Provence)), la revue fait partie de ces nombreuses initiatives, souvent locales, qui veulent contribuer à adopter un mode de vie plus responsable dans le cadre d'une économie sociale et solidaire, qui abordent des sujets tels que l'alimentation, la santé, l'agriculture biologique, l'écoconstruction, le commerce équitable, la coopération dans le travail et les finances solidaires.

    Les nombreuses petites structures qui émergent notamment depuis 2000 en France et en Europe n'ont pas la même orientation idéologique, ni n'intègre dans leur fonctionnement les mêmes principes. Aussi, à côté de certaines qui adoptent frontalement un mode de gestion démocratique, d'autres relèvent tout simplement du fonctionnement classique des petites et moyennes entreprises. Il ne faut donc pas s'étonner de conflits, jusque devant les tribunaux, entre certaines, comme celui qui oppose en 2008-2010, le journal Décroissance à L'Âge de Faire. Critiqué pour les conditions de travail de son personnel, le directeur Alain DUEZ poursuit le journal Décroissance et est débouté en appel (2010). Dans la foulée, le journal est repris fin 2011 par une société coopérative et participative. Les six salariés détiennent la majorité des voix et du capital au sein de l'entreprise. Ils décident ensemble du contenu et de la gestion du journal.

    La rédaction de L'Âge de Faire,  constituée depuis 2013 de quatre journalistes et d'un maquettiste-webmestre, avec à sa tête comme directrice de publication et de rédaction Lisa GIACHINO,  propose des reportages incisifs et des articles sur des initiatives concrètes, axés sur une articulation nouvelle entre économie et environnement. Sans publicité commerciale, outre sa publication mensuelle, de 24 pages, elle propose des numéros hors séries et des publications, comme un petit livre sur les nouveaux compteurs d'électricité Linky, en partenariat avec les éditions Le Passager Clandestin, et distribué par les éditions Eyrolles.

Le numéro de décembre 2019 aborde la question de la généralisation de la reconnaissance faciale. Inefficaces et souvent liberticides, ces technologies aiguisent l'appétit du secteur privé. le numéro 150, de mars 2020, se centre sur les Jeunes des années 2020...

   L'Âge de Faire est diffusé dans des réseaux spécialisés type biocoop, épiceries équitables, associations écologiques, stands de manifestations festives ou commerciales. Le journal fait partie de la Coordination Permanente des Médias Libres (CPML)

 

LÂge de Faire, 9 chemin de Choisy, 04200 Peipin, Site : lagedefaire-lejournal.fr

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 14:34

      Mensuel de l'organisation française d'Amnesty International, La Chronique... veut livrer une information indépendante sur des sujets de société, politiques, judiciaires et environnementaux. Des journalistes livrent des enquêtes, des reportages et des analyses qui "racontent l'histoire de celles et ceux qui défendent les droits humains aux quatre coins de la planète".

    Fondée en 1971, Amnesty International France (AIP) voit le jour dix ans après la création du mouvement. Reconnue d'utilité publique en 1987, AIF compte aujourd'hui plus de 90 000 membres et plus de 380 structures militantes réparties sur tout le territoire (et 240 000 donateurs actifs).  Elle défend, à travers ses actions et son journal, les droits de l'homme en s'appuyant souvent juridiquement sur la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il s'agit pour ses membres notamment d'obtenir la libération des prisonniers d'opinion, le droit à la liberté d'expression, l'abolition de la peine de mort et de la torture ainsi que l'arrêt des crimes politiques, pour le respect également de l'ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Non exempte de critiques, l'organisation internationale est parfois accusée de partialité quant aux choix des cibles de ses campagnes et de ses prises de positions politiques. Chaque année, Amnesty International publie un rapport annuel qui dresse un bilan, pays par pays, de la situation des droits humains.

   Présentés par Viriginie ROELS, rédactrice en chef, les articles de Chronique... portent notamment en février 2020 sur les Migrants. Dans chaque numéro, plusieurs rubriques reviennent régulièrement (Enquête, Culture...) et un invité livre ses réflexions, dans ce mois-ci Olivier CHARNEUX livre ses opinions après un voyage dans la banlieue pauvre de Casablanca où le centre culturel "Les étoiles", fondé par le cinéaste Nabil AYOUCH et le peintre Mahi BINEBINE, propose aux jeunes une alternative au radicalisme.

Dans le numéro 397-398, de décembre-janvier, le journal propose de réfléchir à la cyber-résistance et à la cyber-répression. Si les témoignages d'une réalité, les vidéos de violences policières qui crépitent sur la Toile servent aussi de preuves aux autorités. Y figure aussi un reportage sur la torture dans les commissariats du Mexique.

 

La Chronique d'Amnesty International, Site Internet : amnesty.fr/la-chronique

   

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 13:59

       L'interactionnisme structural ou encore sociologie whitienne, ou sociologie des dynamiques relationnelles ou relational sociology est à la fois une méthode et une approche qui s'est développée principalement depuis 1992, autour de l'ouvrage "Identity and Control" du docteur en physique théorique du MIT (Masachusetts Institute of Technology) Harrison WHITE. Ses précurseurs sont Georg SIMMEL, Célestin BOUGLÉ, Pierre BOURDIEU. Elle est lié au réalisme critique, à l'interactionnisme symbolique, à la théorie des acteurs-réseaux (B; LATOUR et J. LAW), à l'analyse des réseaux, et à un ensemble de sociologies, même marxistes, et à ce titre fait beaucoup de place que l'interactionnisme antérieur au conflit, à la dynamique coopération-conflit.

Harrison WHITE, qui veut expliquer l'action sociale par l'aversion à l'incertitude qui tend à pousser à agir de façon à réduire les incertitudes liées à l'existence, ainsi qu'à réguler les interactions sociales, de façon à faire baisser l'angoisse provoqué par l'incertitude, veut fonder un nouveau paradigme prenant en compte l'ensemble des grandes conceptualisations de la sociologie. Il s'agit d'une tentative qui ne fait bien entendu pas consensus chez les sociologues.

   La difficulté d'intégration de tant d'approches antérieures est suffisamment grande pour que l'auteur de Identity and Control s'y reprenne une deuxième fois pour élaborer un texte abordable, avec la participation et à la demande de son introducteur en France, Michel GROSSETTI. Une réécriture profonde, une présentation plus approfondie est réalisés en 2008.

 

Définition et axiomes

  Comme toute nouvelle approche, même si elle fait appel à de nombreux éléments provenant de nombreuses sources, pour définir l'interactionnisme structural, il faut s'initier à un vocabulaire particulier. L'individu, comme la société, n'est pas en soi une unité d'analyse qui existe d'emblée, comme par "nature", mais comme étant une formation sociale qui a émergé au fil d'interactions sociales et à laquelle un observateur peut donner du sens ; un "identité sociale" comme les autres. En d'autres termes, "individu" n'est pas un terme interchangeable avec homo sapiens ; "individu" n'est pas un terme neutre ; il s'inscrit dans un contexte social de sens, historique. La biophysique ne peut pas expliquer ce qu'est un "individu", car il s'agit d'une identité sociale (porteuse de sens) et non pas de l'organisme biologique. Dans l'interactionnisme structural, les identités sociales déterminent (influencent dans un sens faible et non fort) les structures sociales, via leurs interactions sociales, tout comme, simultanément, les structures sociales influencent les interactions et les identités sociales. Ils se "co-influencent".

A noter que les habitués des analyses marxistes ou marxisantes ne seront pas bouleversés par une telle présentation, à l'inverse de ceux qui, mettant leur confiance à une sociologie hélas encore dominante, ont trop souvent placé l'individu comme le deus ex machina de la marche du monde. Les familiers du darwinisme (le vrai...) comme ceux d'une grande partie de la sociologie française non plus. Cette présentation pourrait même paraitre décidément "basique" pour certains..

"Structure sociale" et "identité sociale" sont ici des notions utilisées pour désigner des "formations sociales" ayant émergé (pris forme) dans un contexte social spécifique ; un Netdom - concept comparable à celui du cercle social chez SIMMEL. Le chercheur vise à expliquer l'émergence des formations sociales, ainsi qu'à comprendre leurs évolutions ou dissolutions. Toute régularité sociale est, ici, comprise comme étant le résultat de dynamiques relationnelles (ou "holomorphes") d'"efforts de contrôle de part et d'autre, qui font émerger des identités sociales.

  On pourrait présenter l'interactionnisme structural comme l'une des deux théories sociologique en analyse des réseaux sociaux, l'autre relevant entièrement de l'individualisme méthodologique et principalement portée par James COLEMAN, et en France par Raymond BOUDON. Elle se distingue d'autres approches par son recours au formalisme. On peut noter par ailleurs que à l'inverse, le renouvellement du marxisme actuel est marqué par précisément un abandon d'un formalisme qui s'est longtemps confondu avec un marxisme idéologique au service de régimes politiques nommés faussement socialistes ou communistes.

   Bien que cette approche vise à expliquer l'action sociale, elle s'éloigne cependant radicalement des approches classiques en termes d'"action sociale" en ne prenant pas l'individu et le sens qu'il donne à son action (sa rationalité) comme point central de l'analyse, comme le faisait encore l'interactionnisme symbolique. Dans ces analyses, Harrison WHITE et ses collaborateurs, "l'individu" est simplement un cas particulier d'identité sociale et non pas l'unité fondamentale à préconiser et la rationalité de l'acteur y est conceptualisée comme un "style" (une façon de faire), et non pas comme explicative de l'action sociale. Le cumul des interactions successives produit des relations, basées sur une certaine confiance (réduction de l'incertitude), devenant de véritables histoires structurantes et explicatives des formations et faits sociaux - en place de la rationalisation qu'en donne l'acteur social. On ne peut s'empêcher de penser aux réflexions d'un Michel CROZIER sur la sociologie des organisations, qui lui aussi, donne une place très importance à la question des "zones d'incertitude".

  

     Trois axiomes reviennent souvent dans l'interactionnisme structural :

- Le chaos est endémique (permanent). l'incertitude est endémique et angoissante ;

- Il existe des "efforts de contrôle" qui sont déployés par les entités sociales à la recherche d'appuis et de réduction des incertitudes ;

- Le chercheur doit se concentrer sur l'étude des histoires contenues dans les relations.

  Le chaos est endémique - et sans doute la concentration des populations et leur importance numérique y est pour quelque chose dans cette perception des choses  : les interactions premières ont eu lieu dans un chaos intrinsèque qui tend vers l'organisation, via un processus de régulation sociale qui permet de limiter les coûts des interactions hasardeuses et incertaines. C'est à force d'efforts de régulation des interactions qu'émergent les "formations sociales". Mais celles-ci demeurent toujours menacées de dissolution ; rien ne se maintient éternellement et trop d'incertitudes ou d'imprévisibilités existent pour que ces formations sociales soient à l'abri des fluctuations, influences et contrecoups du reste de ce qui les entourent. Elles tentent cependant à exister et à se maintenir en cherchant à s'ancrer dans la réalité. Pour cela, elles veillent à réduire les incertitudes. Dit autrement, les formations sociales sont constamment soumises à des forces centripètes et des forces centrifuges, et plus ces formations sont importantes, plus elles subissent ces tensions.

Ce qui explique l'action sociale dans cette approche est la réduction des incertitudes par des "efforts de contrôle" sur les interactions. En agissant de façon à réduire les incertitudes, les entités sociales produisent du sens.

A force d'"effort de contrôle" des interactions de la part des formations sociales à la recherche d'appuis, elles en viennent à se distinguer socialement et prendre assez de sens pour être reconnues par un observateur, il s'agit alors d'une identité sociale ; qui en son sens général défini par Harrison WHITE, désigne : toute source d'action qui n'est pas explicable par le biophysique et à laquelle un observateur peut attribuer du sens. Ainsi, pour continuer à se maintenir et à exister, malgré un chaos endémique (l'absence de régularité intrinsèque, d'un ordre naturel), les identités sociales vont déployer toutes sortes "d'efforts de contrôle" pour survivre - sauf à se transformer, voire disparaître.

C'est essentiellement à travers les histoires ; les sens que prennent les identités sociales, que leurs actions sociales s'étudient. le sens dont il est ici question est entièrement construit dans l'interaction sociale : il ne provient jamais d'un seul acteur social isolé. Les récits se construisent à travers les interactions. Les relations sont des histoires d'interactions. L'étude de la coévolution des formations sociales implique de s'intéresser aux histoires qui sous-tendent les relations et au sens qui a été posé socialement lors d'interactions sociales, sur et par les formations sociales elles-mêmes.

   Pour certains, l'interactionnisme structural est une approche subversive qui prend pour fondement que rien de sociologique n'existe d'emblée ; que si l'on observe des "sociétés", des "cultures", des "individus", des "castes... c'est parce qu'au fil des interactions sociales, se sont construites toutes ces formations sociales. Pourtant, irrésistiblement, on ne peut s'empêcher de penser que par rapport à des approches marxistes, qui mettent en avant surtout des contradictions, ce que Harrison WHITE et ses collaborateurs ne font pas, du moins directement, que le chemin parcouru par la sociologie - notamment américaine - est décidément laborieux pour parvenir à ce qu'une autre sociologie savait déjà : les formations sociales, comme les actions sociales, en question, ne vont pas toutes dans la même direction ou vers le même buts...  Par ailleurs, bien entendu la formation sociale, dans leur sens, ne recouvre pas exactement le sens qu'en donne les penseurs marxistes.

 

Une portée considérable, rendue possible par de nombreux auteurs, en dépassant un certain formalisme

     L'ouvrage, surtout avant sa révision, de Harrison WHITE est très aride et très dense, difficile d'accès. Ne serait-ce que avec beaucoup de circonvolutions, il multiplie les emprunts à des approches déjà bien fructueuses en elles-mêmes... Un lexique de l'interactionnisme structural est d'ailleurs bien plus aisé à établir à partir de l'ouvrage de 2008 que à partir de celui de 1992. Il suscite d'ailleurs de nombreux commentaires, en Europe comme aux États-Unis, et stimule pas mal de recherches. Il est difficile de tracer un parcours des influences, tant que travaux interdisciplinaires se sont multipliés à partir des travaux d'Harrison WHITE.

En 2013, par exemple, un appel à publication lancé par la section "Recherches sur les réseaux sociologiques" de l'Association allemande de sociologie, en arguant que bien que les avancées en sociologie relationnelle se produisent majoritaires aux États-Unis, la sociologie relationnelle a des racines profondes dans la sociologie de langue allemande. En plus de SIMMEL, MARX, ÉLIAS et LUHMANN, cette traditions allemande inclut des sociologues comme Leopold von WIESS, Karl MANNHEIM, Theodor LITT, Alfred SHÜTZ et Helmauth PLESSNER. Deux livres sur la sociologie relationnelle de F. DEPELTEAU et C.POWELL sont publiés en 2013, Conceptualizing Relational Sociology and Applying Relational Sociology. 

 

Michel GROSSETTI et Frédéric GODART; Harrison White : des réseaux sociaux à une théorie structurale de l'action. Introduction au texte de Harrison White, Réseaux et Histoire, SociologieS, 2007. Harrison WHITE, traduit et remanié avec Frédéric GODART et Michel GROSSETTI, sous la direction de H.C. WHITE; Indentité et contrôle, Les éditions de l'EHESS, septembre 2007.

 

   

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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 16:20

      Alors que l'ensemble des batailles en Afrique du Nord - que ce soit des escarmouches ou des batailles rangées de chars - constitue un enjeu majeur dans la Deuxième Guerre Mondiale, enjeu d'ailleurs pas seulement militaro-stratégique, mais aussi politique (une partie est française, tiraillée entre État Français et France libre - les premières unités française combattantes étant d'ailleurs en Afrique...), la filmographie est plutôt chétive, surtout en comparaison du traitement fait à la période de la libération de l'Europe.

   

    C'est surtout côté documentaire qu'on trouve la matière la plus importante,

que ce soit La bataille du désert (1h 21 minutes), dans la série Les Grandes Batailles ;

 

La guerre du désert, dans 39-45 Le monde en guerre ;

 

la troisième partie des six d'Apocalypse La deuxième guerre mondiale (Le choc)

 

La bataille d'El Alamen dans la série Grandes batailles de la deuxième guerre mondiale...

 

Autre documentaire, La guerre du désert, présente de manière exhaustive et chronologique les événements qui se sont déroulés durant ces trois années, entre 1940 et 1943. Durant 60 minutes en noir et blanc. Édité sous la bannière AAA, il s'agit d'une partie d'une longue série documentaire (non authentifiée sur la jaquette), formée uniquement d'images d'archives et dictée directement en français (sans problème de mixage donc avec le narrateur américain d'origine). Sous le titre The war in Africa, écrit par Michael LEIGHTON et édité par Peter JONSON, en 2007, Edgehill Publishing Ltd. Cela ressemble aux documentaires présentés aux élèves ou étudiants dans les établissements scolaires aux États-Unis. Très pédagogique et très sec.

 

  Ces documentaires ne se contentent pas de décrire les opérations du point de vue des états-majors, mais décrivent bien les conditions "spéciales" de la guerre dans ces reliefs avec ce climat rude pour les combattants de deux camps.

Le livre sous la direction de Nicolas LABANCA, de David REYNOLD et de Olivier WIEVIORKA, commandé par le Ministères des Armées et co-édité avec Perrin, de 2019, décrit bien les tenants et aboutissants de cette série de batailles, en 347 pages grand format.

   

        Côté films de fiction, on relève le film de Robert WISE, Les rats du désert. Sorti en 1953 et de 88 minutes, le métrage se centre surtout sur la bataille de Tobrouk.

Laquelle est aussi le sujet du film Tobrouk, commando pour l'enfer, de Arthur HILLER, sorti en 1967. Le métrage de 110 minutes se centre surtout sur l'enjeu stratégique des réserves de carburant de l'armée allemande, qu'un commando doit détruire avant que ROMMEL ne l'utilise pour son offensive.  

   

   Enfants de salauds, film britannique réalisé par André de TOTH et sorti en 1968, s'inspire des opérations menées par des unités alliées comme le Long Range Desert Group, la Ppski's Private Army ou encore le Special Air Service ayant opéré pendant la guerre du désert. Pendant ces 118 minutes, il est question aussi de ces dépôts de carburants et d'autres objectifs militaires précis. A noter que le réalisateur, à l'inverse sans doute des deux premiers films cités ici, n'a pas cherché à glorifier ni la guerre ni les combattants. On trouve dans ce film que certains qualifient (c'est peut-être aller un peu loin) d'antimilitariste, des militaires engagés pour l'argent, des officiers déséquilibrés n'hésitant pas à trahir leurs hommes, des mutineries, des pillages et des viols... Le lot en fait de toutes les guerres...

FILMUS

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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 13:19

  Préfacé par Jack LANG, le livre de l'institutrice en milieu rural pendant 15 ans et enseignante d'espagnol au collège, professeur agrégé, docteur en sciences de l'éducation (Université de Bordeaux), membre de l'Observatoire international de la violence à l'école,montre combien, malgré toutes les réformes (ou en dépit d'elles, ou à cause d'elles...) entreprises dans le système scolaire, la question du sexisme y reste non résolue. Se penchant sur le système de punitions au collège et constatant que 80% des élèves punis au collège sont des garçons, elle pose la question de la persistance des rapports sociaux de sexe traversés par le virilisme, le sexisme et l'homophobie qui perturbent la relation pédagogique.

  Se défendant d'incriminer qui que ce soit, étant elle-même enseignante, et connaissant bien la difficulté "d'être juste et de garder la tête froide face aux provocations de certains élèves, quand la fatigue s'accumule ou que les choses en prennent pas le cours que l'on aurait souhaité." Elle entend soulevé des faits, qui mettent en doute, comme l'écrit Jack LANG, "la réalité des principes fondamentaux sur lesquels nous voulons croire assise notre École : égalité de traitement des sexes, dimension éducative de la punition, préparation et formation à la vie en société."

  C'est après une enquête dans cinq collèges aux caractéristiques socioculturelle très différentes, qu'au-delà des chiffres, elle cherche à dégager les processus par lesquels on arrive à cette situation, "c'est-à-dire les voies et les moyens, le pourquoi et le comment des choses". Elle propose de placer la variable genre au centre "pour revisiter les transgressions et le système punitif à la lumière des rapports sociaux de sexe." Dans une tradition fondée par FOUCAULT, dans la suite également de très nombreuses études sur l'univers du collège (que certains estiment encore structuré, institutionnellement, dans le temps et dans l'espace, architecturalement aussi - j'ai longtemps confondu de l'extérieur collège et caserne de CRS! - comme une prison...), dans la suite également de nombreuses études sur le genre, notamment depuis les années 1990, et enfin dans le sillon creusé par l'interactionnisme (voir les théories d'Erwing GOFFMAN dans l'arrangement des sexes), Sylvie AYRAL analyse les stéréotypes sexuels encore à l'oeuvre. Non seulement l'asymétrie sexuée est perpétué par l'activité des aujourd'hui nombreux intervenants dans l'univers scolaire, alors même que l'appareil punitif se présente comme un système de pouvoir autonome à l'intérieur des établissements, mais les élèves eux-mêmes instrumentalisent dans leur comportement les sanctions pour prouver leur virilité (notamment à l'égard de leurs camarades...).

Au fil des chapitres, elle expose les éléments de ses enquêtes en milieu riual, urbain, périurbain, public ou privé, et détaille à la fois les modes de sanctions privilégié et les qualifications usuelles (d'ailleurs divergentes), la quantité et la qualité des punitions (parfois très fluctuantes dans le même établissement - détail, qu'elle n'approfondit pas d'ailleurs, de conflits au sein même du personnel enseignant), la plus ou moins évidente proportionnalités des sanctions par rapport aux fautes commises, un principe d'individualisation des sanctions, parfois aléatoire - et les comportements de violences infligées entre les élèves. S'y révèlent les voies et les moyens par lesquels les sanctions du personnel enseignant et les violences infligées entre les élèves perpétuent rituellement les schémas de la domination masculine, de la virilité et de l'homophobie.

   Elle montre, avec énormément d'exemples concrets à l'appui, comment cette domination masculine, cette virilité et cette homophobie s'auto-entretiennent, dans les pratiques mais aussi dans les discours. Sans oublier de mettre en évidence le comportement des garçons par rapport aux filles et vice-versa, ces dernières étant souvent cantonnées, mais il semblerait que cela change en ce moment, dans le rôle de victimes et de faire-valoir... Rites virils et rites punitifs se renforcent mutuellement pour produire des garçons dont le caractère et le comportement, décidément, change lentement.

   Aux antipodes de la tolérance zéro - à laquelle elle ne croit pas réalisée et réalisable dans les faits dans  ces établissements scolaires - et du tout répressif - malgré une idéologie de l'autorité très mal assumé d'ailleurs par le corps enseignant, l'auteur plaide pour une éducation non sexiste, une mixité non ségrégative et la formation des enseignant au genre. Elle constate d'ailleurs dans la formation des instituteurs et professeurs, le genre brille encore par son absence dans l'ensemble des préparations à l'enseignement. Pourtant, Sylvie AYRAL estime que ces propositions apparaissent comme une urgence si l'on veut enrayer la violence scolaire. Bien entendu, ce n'est pas le manque de moyens actuels en personnel et en matériels qui va arranger les choses.

 

Sylvie AYRAL, La fabrique des garçons, Sanctions et genre au collège, Le Monde/PUF, 2014 (quatrième tirage), 205 pages.

 

 

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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 09:17

   Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, syndicat agricole "engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'"émergence d'autres mondes possibles". Se positionnant politiquement très à gauche, le syndicat comme sa revue, se veulent "un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe. C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles. Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation"...

   Rappelons simplement ici que la Confédération paysanne est le deuxième syndicat agricole français, membre de la coordination paysanne européenne et de la Via Campesina. Fondée en 1987, elle est le fruit de la fusion de deux syndicats minoritaires, la FNSP et la CNSTP. Présente dans la quasi-totalité des départements français, elle est classée à gauche alors que le principal syndicat agricole, la FNSEA, est classé à droite et que la Coordination rurale est parfois considérée comme proche de l'extrême droite. La Confédération paysanne milite pour une agriculture paysanne, respectueuse de l'environnement, de l'emploi agricole et de la qualité des produit. Avec le réseau Via Campesina, elle se bat pour une reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire. Elle est connue pour ses actions offensives qui ne se limitent pas à des manifestations de tracteurs en direction de Paris.

    Avec ses rubriques régulières Vie syndicale, Actualité, Point de vue, Internationales, Agriculture paysanne, Culture, Action, Courrier, Terrain, chaque numéro se présente avec un dossier complet sur un thème majeur. Ainsi le numéro de février 2020, (n°358) s'ouvre sur un dossier sur Les prédateurs du revenu paysan et le numéro de décembre 2019 présente un dossier sur l'élevage, qui ne se résume pas à la "production animale" industrielle et maltraitante. Au contraire, dixit le journal, c'est une activité précieuse pour un alimentation de qualité respectant le bien-être des bêtes dans un environnement sain. L'éditorial du numéro de février 2020 porte sur les pesticides et sur la nécessité et les moyens de s'en affranchir.

 

Confédération paysanne, 104 rue Robespierre, 93170 Bagnolet. Site Internet : confederationpaysanne.fr/campagnes_solidaires.php?type=CS

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 09:23

  Revue française mensuelle spécialisée dans les affaires au sens large du Maghreb, Le courrier de l'Atlas constitue une des références dans le monde francophone au sujet de l'Afrique du Nord. C'est d'ailleurs la première et unique revue française qui traite l'actualité du Maghreb en Europe depuis plus de 10 ans. Fondée en 2007, elle cible les lecteurs actifs et jeunes qui veulent entretenir un lieu avec cette région du monde. Avec un tirage de 50 000 exemplaires, le magazine est diffusé partout en France, au Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie), en Belgique, au Canada, au Portugal et en Suisse. Sur papier et en ligne sur Internet, Le courrier de l'Atlas constitue une véritable petite entreprise. Sont employés dans ce véritable journal, entre autres, Jehan LAZRAK-TOUB, Yassir GUELZIM, Nadia SWEENY et Hassan AALOUACH. L'équipe de Le courrier de l'Atlas, emmené par le directeur de la rédaction Abdellatif EL AZIZI, se compose d'une douzaine de journalistes.

   Ce magazine donne une large place aux thèmes de société en proposant des dossiers thématiques, des sujets économique et politiques ainsi que de la culture et des loisirs. Il occupe un espace vacant dans la presse magazine et ambitionne de montrer la diversité de la communauté maghrébine en France et en Europe en lui donnant la parole. Ainsi, le numéro 143 de janvier 2020 propose un dossier sur les Juifs du Maghreb, une longue histoire et le numéro précédent de décembre un dossier sur les violences et bavures policières, qui, bien souvent, avant la crise des "gilets jaunes", touchaient déjà les quartiers populaires. Y figurait un entretien avec Mme Assa TRAORÉ, soeur d'une victime. On retrouve sur le site Internet des informations qui suivent de plus près l'actualité que le mensuel, de nombreux articles sous diverses rubriques, France, Maroc, Algérie, Tunisie, International, Politique, Débats § Idées, Économie, Culture, Société, Sport...

 

 

Le Courrier de l'Atlas, DM Presse, 75723 PARIS CEDEX 15, BP 50037, Site : lecourrierdelatlas.com

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