10 novembre 2008
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Nous ne trouverons évidemment pas (encore que le terme évident n'a pas nos faveurs) de définition de la guerre dans les dictionnaires et atlas de la Biologie, mais ce que nous voyons dans la nature, microscopique ou végétale ou animale, a parfois l'apparence d'une guerre.
Malgré un évident anthropomorphisme, Jean-Marie PELT (La loi de la jungle) attire notre attention sur le facteur temps qui nous dissimule des mouvements antagonistes des plantes. Par exemple, "diverses architectures végétales nous offrent d'autres modèles d'armes blanches ; ainsi des tiges, aux dents tranchantes alignées à la manière d'une scie, des palmiers rotangs ; de la pomme piquante du datura ou de celle du cactus, boule hérissée d'épines d'épines en forme de fléau d'armes ; sans oublier graminées et carex à feuilles coupantes comme des lames : le sang jaillit promptement de la blessure qu'elles vous infligent si vous les parcourez du doigt dans le sens de la longueur". "Dans toutes ces stratégies, la plante s'emploie à contrôler un territoire grâce à ses émissions chimiques. Ainsi se fait déjà jour chez les plantes la notion de "territoire" qui revêtira chez les animaux une importance considérable. Défendre son territoire suppose la mise en oeuvre de moyens offensifs et défensifs qui, tous, mettent en jeu des réactions agressives : attaquer ou défendre un territoire, c'est faire la guerre. Ici, chez les plantes télétoxiques, le territoire est contrôlé par l'émission de molécules qui ne vont pas sans évoquer les gaz de combat : le compétiteur est éliminé, mais, si l'arme chimique est sur-dosée, l'attaquant l'est aussi, comme on l'a vu dans le cas de la piloselle."
Ecrire qu'il s'agit d'une guerre constitue un usage abusif du terme, surtout si l'on connait le tropisme qui régit la vie végétale. En physiologie, le tropisme est l'orientation prise par les Végétaux fixes en voie de croissance sous l'influence d'un stimulus. Ces tropismes peuvent être positifs, négatifs ou transversaux. Suivant le stimulus, on distingue le phototropisme (lumière), le géotropisme (pesanteur), le chimiotropisme (substance chimique), l'holotropisme (contact), l'hydrotropisme (humidité). Chez les animaux, termine le Dictionnaire de Biologie dont est tirée cette définition, tropisme et taxie sont souvent employés dans le même sens. En effet, malgré leur caractère complexe, les réactions et actions animales sur l'environnement et sur les congénères ou membres d'autres espèces, sont guidées par un ensemble d'influences, reproductibles lors d'expériences, d'ordre physique. Ces réactions gardent un caractère d'automaticité qui exclue toute forme de conscience élaborée que nous associons le plus souvent au phénomène guerre.
Le monde de la biologie est très vaste, des organismes unicellulaires aux organismes multicellulaires, des virus aux mammifères, et quand nous entrons dans l'étude des détails, nous voyons bien une lutte constante qui se mène toujours et partout, une contradiction évidente des actions et réactions entre membres de toute espèce. Mais le tropisme ou la taxie que nous constatons ne les différencie guère de réactions simples entre acides et bases en chimie. Avec cependant chez les animaux une différence assez fondamentale, partagée des oiseaux aux primates que nous sommes, le sentiment de la souffrance, mais ceci constitue sans doute un autre débat. Aux frontières de la vie et de l'inanimé, les connaissances actuelles obligent souvent de recourir à la philosophie pour penser ce genre de choses.
Malgré un évident anthropomorphisme, Jean-Marie PELT (La loi de la jungle) attire notre attention sur le facteur temps qui nous dissimule des mouvements antagonistes des plantes. Par exemple, "diverses architectures végétales nous offrent d'autres modèles d'armes blanches ; ainsi des tiges, aux dents tranchantes alignées à la manière d'une scie, des palmiers rotangs ; de la pomme piquante du datura ou de celle du cactus, boule hérissée d'épines d'épines en forme de fléau d'armes ; sans oublier graminées et carex à feuilles coupantes comme des lames : le sang jaillit promptement de la blessure qu'elles vous infligent si vous les parcourez du doigt dans le sens de la longueur". "Dans toutes ces stratégies, la plante s'emploie à contrôler un territoire grâce à ses émissions chimiques. Ainsi se fait déjà jour chez les plantes la notion de "territoire" qui revêtira chez les animaux une importance considérable. Défendre son territoire suppose la mise en oeuvre de moyens offensifs et défensifs qui, tous, mettent en jeu des réactions agressives : attaquer ou défendre un territoire, c'est faire la guerre. Ici, chez les plantes télétoxiques, le territoire est contrôlé par l'émission de molécules qui ne vont pas sans évoquer les gaz de combat : le compétiteur est éliminé, mais, si l'arme chimique est sur-dosée, l'attaquant l'est aussi, comme on l'a vu dans le cas de la piloselle."
Ecrire qu'il s'agit d'une guerre constitue un usage abusif du terme, surtout si l'on connait le tropisme qui régit la vie végétale. En physiologie, le tropisme est l'orientation prise par les Végétaux fixes en voie de croissance sous l'influence d'un stimulus. Ces tropismes peuvent être positifs, négatifs ou transversaux. Suivant le stimulus, on distingue le phototropisme (lumière), le géotropisme (pesanteur), le chimiotropisme (substance chimique), l'holotropisme (contact), l'hydrotropisme (humidité). Chez les animaux, termine le Dictionnaire de Biologie dont est tirée cette définition, tropisme et taxie sont souvent employés dans le même sens. En effet, malgré leur caractère complexe, les réactions et actions animales sur l'environnement et sur les congénères ou membres d'autres espèces, sont guidées par un ensemble d'influences, reproductibles lors d'expériences, d'ordre physique. Ces réactions gardent un caractère d'automaticité qui exclue toute forme de conscience élaborée que nous associons le plus souvent au phénomène guerre.
Le monde de la biologie est très vaste, des organismes unicellulaires aux organismes multicellulaires, des virus aux mammifères, et quand nous entrons dans l'étude des détails, nous voyons bien une lutte constante qui se mène toujours et partout, une contradiction évidente des actions et réactions entre membres de toute espèce. Mais le tropisme ou la taxie que nous constatons ne les différencie guère de réactions simples entre acides et bases en chimie. Avec cependant chez les animaux une différence assez fondamentale, partagée des oiseaux aux primates que nous sommes, le sentiment de la souffrance, mais ceci constitue sans doute un autre débat. Aux frontières de la vie et de l'inanimé, les connaissances actuelles obligent souvent de recourir à la philosophie pour penser ce genre de choses.
L'approche de la vie d'Henri LABORIT (Biologie et structure) nous aide à comprendre comment et pourquoi les êtres vivant agissent les uns sur les autres. "... la finalité d'un être vivant (est) le maintien de sa structure complexe dans un environnement moins complexifié. Or, la simple excitation, c'est-à-dire le seul fait pour lui de subir l'apport d'une énergie extérieure sous une forme autre que celle de ses substrats, constitue déjà une tendance au nivellement thermodynamique, et l'on constate une déstructuration des protéines par rupture des liaisons hydrogène : déstructuration réversible dans l'excitation, alors que dans l'irritation et la mort, elle est irréversible. C'est entre les deux que se situe l'état physiopathologique, la "maladie", mais il est bien difficile d'en définir les frontières, car à notre avis, ce sont des frontières temporelles."
Le biologiste continue la réflexion à l'échelon cellulaire comme à l'échelle des êtres pluricellulaires et cela l'amène à discerner différents types de réactions face aux excitations extérieures : la fuite ou la lutte, qui permettent en évitant ou en supprimant l'agent de ces excitations, le retour à l'état physiologique normal.
Léon BINET décrit dans son petit livre "Les défenses de l'organisme" les différentes réactions de l'organisme devant la douleur, devant le froid et la chaleur, devant l'asphyxie, devant les atteintes de l'organisme à son intégrité, devant l'hémorragie et les agressions de l'appareil respiratoire comme devant l'intoxication alimentaire, et même devant la gravitation, et pendant le processus de la mort, d'une manière qui nous fait comprendre également que du niveau cellulaire au niveau psychologique, c'est tout un ensemble de réactions aux stimulations extérieures qui se met en mouvement, de manière quasi-constante.
A partir de là, nous pouvons concevoir comment le contact de différents membres d'une même espèce ou d'espèces différentes, luttant chacun pour son propre équilibre interne, se traduit par la destruction des uns et la revitalisation des autres, sans qu'il soit besoin de recourir à une notion aussi complexe que la guerre.
Toutefois, l'espèce humaine mène réellement une véritable guerre contre toute une variété d'organismes biologiques, à travers notamment la médecine. Nous imaginons bien que les médecins se considèrent perpétuellement en guerre contre les agents pathogènes de toute sorte qui assaillent leurs patients. Comme nous comprenons bien qu'il s'agit pour les collectivité humaines de mener des guerres - avec des moyens biologiques - contre des facteurs d'épidémies de toutes sortes.
L'histoire humaine elle-même est remplie d'événements de ces guerres particulières - sans doute les plus anciennes, qui mettent aux prises non seulement les organismes complexes que nous sommes à d'autres infiniment petits et agressifs (nous pensons, entre autres, aux virus et aux bactéries), mais également des civilisations différentes, porteuses de germes différents et dotés d'immunités différentes. L'approche de Jared DIAMOND nous est particulièrement utile dans cette perspective, dans la recherche des interactions entre populations humaines - entre elles et avec les différents environnements qu'elles rencontrent.
Jean-Marie PELT et Franck STEFFAN, La loi de la jungle, L'agressivité chez les plantes, les animaux, les humains, Fayard, 2003. Henri LABORIT, Biologie et structure, Gallimard, collection Idées, 1968. Léon BINET, Les défenses de l'organisme, PUF, collection Que sais-je?, 1961. Jared DIAMOND, De l'inégalité parmi les sociétés, Essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire, Gallimard, collection nrf essais, 2000. LENDER, DELAVAULT, LE MOIGNE, Dictionnaire de biologie, PUF, 1979.
Relu le 3 novembre 2018
A partir de là, nous pouvons concevoir comment le contact de différents membres d'une même espèce ou d'espèces différentes, luttant chacun pour son propre équilibre interne, se traduit par la destruction des uns et la revitalisation des autres, sans qu'il soit besoin de recourir à une notion aussi complexe que la guerre.
Toutefois, l'espèce humaine mène réellement une véritable guerre contre toute une variété d'organismes biologiques, à travers notamment la médecine. Nous imaginons bien que les médecins se considèrent perpétuellement en guerre contre les agents pathogènes de toute sorte qui assaillent leurs patients. Comme nous comprenons bien qu'il s'agit pour les collectivité humaines de mener des guerres - avec des moyens biologiques - contre des facteurs d'épidémies de toutes sortes.
L'histoire humaine elle-même est remplie d'événements de ces guerres particulières - sans doute les plus anciennes, qui mettent aux prises non seulement les organismes complexes que nous sommes à d'autres infiniment petits et agressifs (nous pensons, entre autres, aux virus et aux bactéries), mais également des civilisations différentes, porteuses de germes différents et dotés d'immunités différentes. L'approche de Jared DIAMOND nous est particulièrement utile dans cette perspective, dans la recherche des interactions entre populations humaines - entre elles et avec les différents environnements qu'elles rencontrent.
Jean-Marie PELT et Franck STEFFAN, La loi de la jungle, L'agressivité chez les plantes, les animaux, les humains, Fayard, 2003. Henri LABORIT, Biologie et structure, Gallimard, collection Idées, 1968. Léon BINET, Les défenses de l'organisme, PUF, collection Que sais-je?, 1961. Jared DIAMOND, De l'inégalité parmi les sociétés, Essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire, Gallimard, collection nrf essais, 2000. LENDER, DELAVAULT, LE MOIGNE, Dictionnaire de biologie, PUF, 1979.
Relu le 3 novembre 2018