16 décembre 2008
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6 - Conclusions des deux séries de textes
Il n'y a pas véritablement nommément de conclusions dans les textes de 1980 - ce qui est naturel quand on considère la nature et la variété de ceux-ci - mais une annexe comportant le rapport final de la "Réunion interdisciplinaire sur l'étude des causes de la violence", tenue à Paris les 12 au 15 novembre 1975.
Cette réunion "fait suite aux travaux déjà réalisés par la Division sur les causes de la violence, axés jusqu'à présent sur l'agressivité humaine, et s'insère dans le cadre plus général de la contribution de l'UNESCO aux recherches sur la paix."
Sur les questions théoriques et méthodologiques, plusieurs points méritent - encore aujourd'hui - notre attention.
- "(...) il existe quatre grands systèmes d'équivalence dont il faut dénoncer le vide théorique quand on débouche notamment au niveau international :
. l'équivalence entre passage au conflit violent et erreur de calcul, de perception ou de stratégie comme si "on" pouvait réellement définir la différence entre l'"état objectif des affaires" et l'état prévu ou perçu ;
. l'équivalence entre conflit politique et conflit personnel qu'on trouve à chaque instant dans les typologies abstraites et qui desservent l'intelligence de l'articulation concrète entre les niveaux de violence ;
. l'équivalence univoque entre structure inégalitaire et conflit. Au lieu de chercher la cause mécanique de la violence dans l'existence d'une structure inégalitaire, il faudrait trouver la cause dialectique de la structure inégalitaire dans le conflit ;
. l'équivalence entre connaissance et mesure numérique.
- Il faut rejeter l'unidimensionnalité et parvenir à une notion de causalité configurative.
- Une véritable démarche pluridisciplinaire s'impose.
- Sur la prise en compte de l'historicité des études (sur leur pertinence datée ou transposable à d'autres périodes), des divergences de points de vue ne permettent pas de trancher entre une démarche "historiciste-critique" (entendre par là la critique de modèles occidentaux de régulation de la violence) et une démarche plus institutionnelle.
- Au lieu de partir d'une définition étroite et juridique de la violence et d'une problématique clinique ou thérapeutique, il importe de cerner la dimension socio-culturelle du phénomène. "D'autre part, il (n'est) plus possible d'étudier la violence comme un phénomène exclusivement négatif conçu en termes de comportement agressif, mais aussi comme le mode de la poursuite par d'autres moyens d'intérêts positifs ou la réponse en réaction à une violence négative moins visible présente dans l'ensemble de la structure sociale."
Les recommandations concernant les nouvelles recherches à entreprendre définissent des objectifs de façon non limitatives.
- Promotion de la recherche visant à assurer le respect des droits de l'homme;
- Promotion de l'appréciation et du respect de l'identité culturelle des individus, des groupes, des nations et des régions ;
- Amélioration de la condition de la femme ;
- Promotion de la recherche sur la paix ;
- Promotion de l'étude du droit international et des organisations internationales ;
- Développement de l'éducation pour la paix et la compréhension internationale ;
- Promotion de l'élaboration d'une interprétation globale et multidisciplinaire du développement ;
- Études des conditions socio-culturelles, des systèmes de valeurs, des motivations et des modalités de participation des populations pouvant favoriser des processus de développement endogènes et diversifiés
- Amélioration de la condition de la femme ;
- Promotion de la recherche sur la paix ;
- Promotion de l'étude du droit international et des organisations internationales ;
- Développement de l'éducation pour la paix et la compréhension internationale ;
- Promotion de l'élaboration d'une interprétation globale et multidisciplinaire du développement ;
- Études des conditions socio-culturelles, des systèmes de valeurs, des motivations et des modalités de participation des populations pouvant favoriser des processus de développement endogènes et diversifiés
- Contributions au développement des infrastructures et des programmes de sciences sociales en vue d'augmenter l'aptitude des différentes sociétés à éclairer la solution des problèmes sociaux et humains ;
- Promotion d'une collaboration plus large de la jeunesse, ainsi que de certains groupes de la société, comme les groupes défavorisés, à l'action éducative, scientifique et culturelle ;
- Promotion d'une collaboration plus large de la jeunesse, ainsi que de certains groupes de la société, comme les groupes défavorisés, à l'action éducative, scientifique et culturelle ;
- Contribution à l'élaboration d'approches concertées face aux disharmonies sociales.
La fin du rapport final comporte des thèmes suggérés pour de nouvelles études et recherches.
Dans le chapitre des "Violence, structures de domination, processus de changement social et développement":
- Le rôle des femmes dans les structures de domination et dans les changements sociaux ;
La fin du rapport final comporte des thèmes suggérés pour de nouvelles études et recherches.
Dans le chapitre des "Violence, structures de domination, processus de changement social et développement":
- Le rôle des femmes dans les structures de domination et dans les changements sociaux ;
- Incidences des changements sociaux rapides au point de vue de la variation de la violence ;
- Aspects de la violence qui entravent le développement économique et social;
- Violence et processus de socialisation et de désocialisation;
- Les méthodes non violentes de changement social en tant que moyens d'assurer la paix et de résoudre les problèmes relatifs aux droits de l'homme;
- Relations entre les structures de violence et les victimes de la violence ;
- Violence institutionnelle, subversion et répression politique ;
- Manifestations de la violence à l'école ;
- Le rôle des jeunes dans les structures de domination et dans le changement social ;
- Processus de perpétuation de la violence.
Dans le chapitre de "Violence et nouvelles modalités de l'organisation du monde" :
- Les systèmes internationaux et les perspectives en matière de démilitarisation et de désarmement ;
- Aspects de la violence qui constituent un danger pour la paix à l'échelon régional, entre les hémisphères et sur le plan international ;
- La révolution scientifique et technologique et ses incidences sur la violence de masse ;
- La militarisation des rapports sociaux et ses effets sur la violence dans divers types de sociétés ;
- Les structures de la violence et l'établissement d'un nouvel ordre économique international ;
- Les relations entre les grandes puissances et la violence dans le tiers-monde, notamment du point de vue de la course aux armements et des transferts d'armes aux pays du tiers-monde ;
- Aspects de la violence qui entravent le développement économique et social;
- Violence et processus de socialisation et de désocialisation;
- Les méthodes non violentes de changement social en tant que moyens d'assurer la paix et de résoudre les problèmes relatifs aux droits de l'homme;
- Relations entre les structures de violence et les victimes de la violence ;
- Violence institutionnelle, subversion et répression politique ;
- Manifestations de la violence à l'école ;
- Le rôle des jeunes dans les structures de domination et dans le changement social ;
- Processus de perpétuation de la violence.
Dans le chapitre de "Violence et nouvelles modalités de l'organisation du monde" :
- Les systèmes internationaux et les perspectives en matière de démilitarisation et de désarmement ;
- Aspects de la violence qui constituent un danger pour la paix à l'échelon régional, entre les hémisphères et sur le plan international ;
- La révolution scientifique et technologique et ses incidences sur la violence de masse ;
- La militarisation des rapports sociaux et ses effets sur la violence dans divers types de sociétés ;
- Les structures de la violence et l'établissement d'un nouvel ordre économique international ;
- Les relations entre les grandes puissances et la violence dans le tiers-monde, notamment du point de vue de la course aux armements et des transferts d'armes aux pays du tiers-monde ;
- Les situations dans lesquelles se manifeste la violence (régions géopolitiques, types de société, structures familiales et niveaux de développement) ;
- Les problèmes économiques du monde capitaliste et leurs incidences sur la violence dans le tiers-monde.
Dans le chapitre de "Violence et processus de libération nationale" :
- L'autodétermination des peuples et le droit d'utiliser la force tel qu'il est reconnu par l'ONU ;
- Le rôle des sociétés multinationales face aux processus de libération nationale ;
- Le colonialisme, le néo-colonialisme et l'impérialisme en tant que causes de la violence ;
- Les échanges inégaux, les exportations de capitaux et leurs effets sur les processus de libération nationale;
- La participation des femmes aux luttes de libération nationale, telle qu'elle a été définie dans les résolutions de la Conférence de l'Année Internationale de la femme tenue à Mexico;
- Les problèmes économiques du monde capitaliste et leurs incidences sur la violence dans le tiers-monde.
Dans le chapitre de "Violence et processus de libération nationale" :
- L'autodétermination des peuples et le droit d'utiliser la force tel qu'il est reconnu par l'ONU ;
- Le rôle des sociétés multinationales face aux processus de libération nationale ;
- Le colonialisme, le néo-colonialisme et l'impérialisme en tant que causes de la violence ;
- Les échanges inégaux, les exportations de capitaux et leurs effets sur les processus de libération nationale;
- La participation des femmes aux luttes de libération nationale, telle qu'elle a été définie dans les résolutions de la Conférence de l'Année Internationale de la femme tenue à Mexico;
- Les divisions et les conflits à l'intérieur des groupes révolutionnaires en tant que facteur supplémentaire de violence.
Dans le chapitre de "Violence, population et groupes sociaux défavorisés" :
Dans le chapitre de "Violence, population et groupes sociaux défavorisés" :
- La violence et les rapports entre les sexes ;
- Pauvreté, inégalité sociale et violence ;
- Violence et accroissement de la population ;
- Le rôle de la violence institutionnelle dans les processus d'aliénation et dans la déprivation culturelle ;
- Racisme, apartheid et violence ;
- Relations entre groupes ethniques différents et violence ;
- Autres formes de violence entre les groupes, y compris notamment celles qui sont liées à la religion, à la langue, à la région, à la classe sociale, etc.
Dans le chapitre des "Conceptions et Perceptions de la violence dans les cultures et les civilisations contemporaines":
- Violence en tant que processus historique composé d'étapes successives ;
- Étude transculturelle de la violence structurale et des droits de l'homme, y compris les droits de la femme;
- Le rôle de la recherche transdisciplinaire dans l'harmonisation des résultats des recherches sur la violence menées dans différentes parties du monde ;
- Justifications philosophiques et éthiques de la violence ;
- Étude comparative de la politique appliquée en matière de criminalité et des modes d'approche de la violence;
- Pauvreté, inégalité sociale et violence ;
- Violence et accroissement de la population ;
- Le rôle de la violence institutionnelle dans les processus d'aliénation et dans la déprivation culturelle ;
- Racisme, apartheid et violence ;
- Relations entre groupes ethniques différents et violence ;
- Autres formes de violence entre les groupes, y compris notamment celles qui sont liées à la religion, à la langue, à la région, à la classe sociale, etc.
Dans le chapitre des "Conceptions et Perceptions de la violence dans les cultures et les civilisations contemporaines":
- Violence en tant que processus historique composé d'étapes successives ;
- Étude transculturelle de la violence structurale et des droits de l'homme, y compris les droits de la femme;
- Le rôle de la recherche transdisciplinaire dans l'harmonisation des résultats des recherches sur la violence menées dans différentes parties du monde ;
- Justifications philosophiques et éthiques de la violence ;
- Étude comparative de la politique appliquée en matière de criminalité et des modes d'approche de la violence;
- Mesure dans laquelle les spécialistes des sciences sociales peuvent contribuer à favoriser ou à entraver la violence;
- Enquête mondiale sur les moyens d'évaluer l'intention de se livrer à des violences dans différentes sociétés;
- La perception de la violence par le public et sa manipulation par les moyens d'information ;
- La violence et les conceptions de la qualité de la vie ;
- L'analyse comparée des concepts criminologiques des causes de la violence ;
- Statistiques comparées de la violence criminelle.
"Quelques remarques en conclusion" terminent les textes de 2005, sous la plume de Moufida GOUCHA (Chef de la section de la philosophie et des sciences humaines de l'UNESCO) :
"Entamer une réflexion sur la définition de la violence, ses différentes représentations, ses causes, est, on ne le sait que trop, une tâche ardue : rares en effet sont les domaines dans lesquels la violence n'est pas visible, sous une forme ou sous une autre."
"Sur la base d'un échange de vues aussi large que possible, les différentes contributions du présent ouvrage incitent d'abord à établir, dans ses grandes lignes, une grille d'analyse des nouvelles formes de la violence qui prenne pleinement en compte les évolutions récentes et le fasse dans une perspective interdisciplinaire, en particulier dans les domaines de compétence de l'UNESCO (éducation, sciences, culture, communication et information). Il sera ensuite nécessaire d'identifier les thèmes clefs et prioritaires qui méritent d'être approfondis, notamment pour cerner les conséquences qu'auront à moyen et long terme les nouvelles formes de la violence et définir les besoins les plus urgents en matière de recherche. Enfin, il nous incombe d'identifier les personnes et les institutions les plus aptes à aborder ces thèmes dans une perspective interdisciplinaire. La violence est-elle un processus individuel ou collectif? Comment se fait éventuellement le passage de l'un à l'autre? S'agit-il d'un état ou d'un mécanisme?"
Il n'y a pas de liste d'études à réaliser dans ces textes de 2005 et on peut remarquer d'ailleurs une sorte de dérive d'optique des violences structurelles vers des violences plus immédiatement perceptibles.
L'inquiétude vis-à-vis de l'apparition de nouvelles formes de violence (les esprits restent sur les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis) est vivace et le point positif à relever constitue la prise de conscience d'un affaiblissement généralisé des Etats qui ne sont pas remplacés dans leur rôle de "limitation" et de "contrôle" de la violence (malgré toutes les réserves qu'on puisse faire dans l'exercice de ce rôle...). Les différents mouvements internationaux démocratiques, issus des sociétés civiles, sont loin de pouvoir le faire à leur place... Le fait que cette prise de conscience se déclare dans un des organismes spécialisés de l'ONU indique lui-même une possible orientation des efforts à effectuer.
Enfin, on ne peut pas ne pas relever la distorsion des moyens entre les époques de deux séries d'études. Entre 1980 et 2005, l'UNESCO a perdu de son influence et de sa présence dans les débats pour de multiples raisons, compressions budgétaires et disparitions de certains éléments sociaux critiques... qui l'obligent à opérer de nombreuses collaborations extérieures pour mener à bien ses missions. L'organisation de la décennie pour la culture de paix et la non-violence (2001-2010) et son relatif succès jusque là montre bien cet aspect des choses.
En tout cas, les orientations des recherches élaborées en 1980 restent pour la plus grande part d'actualité.
La violence et ses causes, UNESCO, 1980, publication par l'UNESCO. La violence et ses causes, où en sommes-nous?, UNESCO et IHEDN, 2005, publication par l'UNESCO et les Editions Economica.
SOCIUS
Relu et corrigé le 22 novembre 2018
- La perception de la violence par le public et sa manipulation par les moyens d'information ;
- La violence et les conceptions de la qualité de la vie ;
- L'analyse comparée des concepts criminologiques des causes de la violence ;
- Statistiques comparées de la violence criminelle.
"Quelques remarques en conclusion" terminent les textes de 2005, sous la plume de Moufida GOUCHA (Chef de la section de la philosophie et des sciences humaines de l'UNESCO) :
"Entamer une réflexion sur la définition de la violence, ses différentes représentations, ses causes, est, on ne le sait que trop, une tâche ardue : rares en effet sont les domaines dans lesquels la violence n'est pas visible, sous une forme ou sous une autre."
"Sur la base d'un échange de vues aussi large que possible, les différentes contributions du présent ouvrage incitent d'abord à établir, dans ses grandes lignes, une grille d'analyse des nouvelles formes de la violence qui prenne pleinement en compte les évolutions récentes et le fasse dans une perspective interdisciplinaire, en particulier dans les domaines de compétence de l'UNESCO (éducation, sciences, culture, communication et information). Il sera ensuite nécessaire d'identifier les thèmes clefs et prioritaires qui méritent d'être approfondis, notamment pour cerner les conséquences qu'auront à moyen et long terme les nouvelles formes de la violence et définir les besoins les plus urgents en matière de recherche. Enfin, il nous incombe d'identifier les personnes et les institutions les plus aptes à aborder ces thèmes dans une perspective interdisciplinaire. La violence est-elle un processus individuel ou collectif? Comment se fait éventuellement le passage de l'un à l'autre? S'agit-il d'un état ou d'un mécanisme?"
Il n'y a pas de liste d'études à réaliser dans ces textes de 2005 et on peut remarquer d'ailleurs une sorte de dérive d'optique des violences structurelles vers des violences plus immédiatement perceptibles.
L'inquiétude vis-à-vis de l'apparition de nouvelles formes de violence (les esprits restent sur les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis) est vivace et le point positif à relever constitue la prise de conscience d'un affaiblissement généralisé des Etats qui ne sont pas remplacés dans leur rôle de "limitation" et de "contrôle" de la violence (malgré toutes les réserves qu'on puisse faire dans l'exercice de ce rôle...). Les différents mouvements internationaux démocratiques, issus des sociétés civiles, sont loin de pouvoir le faire à leur place... Le fait que cette prise de conscience se déclare dans un des organismes spécialisés de l'ONU indique lui-même une possible orientation des efforts à effectuer.
Enfin, on ne peut pas ne pas relever la distorsion des moyens entre les époques de deux séries d'études. Entre 1980 et 2005, l'UNESCO a perdu de son influence et de sa présence dans les débats pour de multiples raisons, compressions budgétaires et disparitions de certains éléments sociaux critiques... qui l'obligent à opérer de nombreuses collaborations extérieures pour mener à bien ses missions. L'organisation de la décennie pour la culture de paix et la non-violence (2001-2010) et son relatif succès jusque là montre bien cet aspect des choses.
En tout cas, les orientations des recherches élaborées en 1980 restent pour la plus grande part d'actualité.
La violence et ses causes, UNESCO, 1980, publication par l'UNESCO. La violence et ses causes, où en sommes-nous?, UNESCO et IHEDN, 2005, publication par l'UNESCO et les Editions Economica.
SOCIUS
Relu et corrigé le 22 novembre 2018