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24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 09:05

     Giuseppe Lanza di TRABIA-BRANCIFORTE, dit Joseph Lanza del VASTO est un philosophe  italien, naturalisé français. Militant de la paix chrétien, il est un précurseur des mouvements de retour à la nature. Poète, sculpteur et dessinateur, il est le fondateur des Communautés de l'Arche, qui s'inspirent des ashrams de GANDHI. 

     Se définissant lui-même comme Pèlerin, Lanza del VASTO est un praticien et un théoricien de la non-violence, tendance spirituelle et communautaire. Disciple occidental de GANDHI, comme lui convaincu de l'urgence à militer pour le dialogue interreligieux et le réveil spirituel autant que pour la non-violence érigée en méthode de combat public. Fondateur de la Communauté de l'Arche, il participe intensément à la lutte contre l'extension du camp militaire du Larzac. Véhément contestataire du modèle industriel et urbain, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la non-violence ou/et sur la spiritualité. 

   Apôtre de la non-violence, doté d'un solide bagage de philosophie (thèse de doctorat en 1928) et ayant rencontré le Mahatma GANDHI en Inde dans les années 1930 (il y retourne en 1954 rencontrer VINOBA), il se centre durant la deuxième guerre mondiale sur ses écrits (Le Pèlerinage aux sources, 1943, Principes et préceptes du retour à l'évidence, 1945) et sur la fondation d'une première communauté non-violente (1944), avant de participer en 1956-1959 à plusieurs actions non-violentes : jeûnes contre les tortures de la guerre d'Algérie, jeûne contre la bombe atomique. Dans les années 1960, ses activités non-violentes se multiplient ; il intervient contre la pacification en Algérie et les camps d'internement en France, pour l'installation de communautés non-violentes dans de nombreux, en Amérique Latine par exemple, Dans les années 1970, sur ses soixante-dix ans, il soutient activement les objecteurs de conscience et participe à la lutte des paysans du Larzac. Alors qu'il mène avec ses compagnons de l'Arche et ses Amis de l'Arche, sans compter ses nombreux sympathisants, tous ces combats, c'est un écrivain inlassable, produisant de nombreux ouvrages surtout centrés sur son expérience, à l'image de GANDHI, de la non-violence active : il s'agit d'alimenter le dynamisme permanent entre non-violence en tant que vécu personnel et non-violence en tant que force de contestations et de changements dans la société.

     Lanza del VASTO ne se lasse pas de dénoncer les "quatre fléaux"  de l'humanité contemporaine (guerre, sédition, misère, servitude). Celui que GANDHI  nommait "Shantidas" (Serviteur de la paix), à la fois saint François d'Assise et sage hindou, mène une vie ascétique dans la communauté de l'Arche à Bollène, puis à la Borie-Noble dans le haut Languedoc, après avoir animé pendant quatre années une communauté analogue en Saintonge, en fondant l'existence matérielle sur le travail agricole et l'artisanat, et l'expérience spirituelle sur la méditation. Pour lui, la science, vraie à son niveau propre et bienfaisance de ses branches, est faussée quant à son orientation. Elle devient "le plus formidable renouvellement du péché originel", dans la mesure où elle sert l'unique recherche du profit, symbolisé par le fruit dont parle le récit biblique de la faute d'Adam et d'Ève. La bombe atomique en est la conséquence effroyable et absurde. De sa conviction essentielle, il tire un lyrisme religieux et prophétique qui lui permet de mériter pleinement le titre de poète dont il se réclame volontiers. Il dirige fermement (trop fermement pour certains) sa communauté des "gandhiens de l'Occident", dont s'inspirent plusieurs autres groupes, principalement dans le midi de la France, l'ensemble comportant plusieurs centaines de militants actifs au plus fort de son activité (dans les années 1960-1970). (Paul-Jean FRANCESCHINI).

    Après avoir découvert au lycée Condorcet à Paris, DANTE, HÉRÉDIA, VIRGILE, HOMÈRE, qu'il cite souvent dans son oeuvre, il s'éveille à la conscience politique à la lecture de Romain ROLLAND qui lui fait découvrir GANDHI. La découverte de Thomas d'AQUIN en 1927 est déterminante dans sa recherche d'authenticité. En 1932, il devient l'ami du poète Luc DIETRICH et connut Simone WEIL à Marseille en 1941.

Tout en approfondissant le sens de la non-violence, il reste réticent sur un certain nombre d'évolutions sociales, sur les femmes en particulier et sur les libertés sexuelles. Il demeure finalement assez traditionaliste concernant les valeurs et il n'est pas certain qu'il se soit considéré comme démocrate, même si là les avis divergent pour ceux qui l'ont côtoyés ou rencontrés aux communautés non-violentes. Cela transparait dans sa critique des "quatre fléaux". 

   Son oeuvre se partage entre la poésie, le théâtre, le roman, les essais et les écrits purement philosophiques. Il est parfois difficile de dissocier ces deux dernières formes, tant la non-violence imprègne énormément de ses textes. Sans oublier de nombreuses préface et surtout de nombreux disques.

Parmi ses oeuvres poétiques, par lesquelles il commence à écrire, citons Ballades aux Dames du temps présent (1923), Conquiste du Vento publié à Florence (1927), Le Chiffre des choses (Robert Laffont, 1942, réédité chez Fata Morgane en 2001), Choix (Seuil, 1944) et La Baronne de Carins (Seuil, 1946).

Lanza del Vasto n'abandonne jamais vraiment le domaine du théâtre, avec Fantasia Notturna (publié à Florence en 1927), La Marche des rois (Robert Laffont, 1944), La Passion (Grasset, 1951), Noé (Denoël, 1965) et David Berger, Lion de Judas (1988).

Il rédige un roman, Gilles de Rais, publié de manière posthume au Editions éoliennes en 2001.

De nombreux essais et livres de philosophie constituent les pièces maîtresses de son oeuvre, bien plus connus que ses autres formes de livres : Judas (Grasset, 1938, réédité en 1992 chez Gallimard); Dialogues de l'Amitié (avec Luc DIETRICH, publié chez Robert Laffont en 1942, et réédité en 1993), Le Pèlerinage aux sources (Denoël, 1943, puis Gallimard, 1982), Vinoba, ou le nouveau pèlerinage (Denoël, 1954, puis Gallimard en 1982). Ces deux derniers livres constituent deux livres phares de son oeuvre.

Il faut mentionner également Pacification en Algérie, ou Mensonge et violence (édité clandestinement en 1960, puis publié chez L'Harmattan en 1988), L'Homme libre et les ânes sauvages (Denoël, 1969, réédité en 1987), L'Arche avait pour voilure un vigne (Denoël, 1978, réédité en 1982). Un livre concentre son goût pour les étymologies bien personnelles que l'on retrouvent également dans certains autres : Étymologies imaginaires (Denoël, 1985). 

Classés parfois dans le registre Philosophie, mais abordant bien des problèmes concrets pour l'action non-violente, il écrit également des oeuvres aussi marquantes que Principes et préceptes du retour à l'évidence (Denoël, 1945, réédité sous le titre Éloge de la vie simple chez Rocher en 1996), Commentaire de l'Évangile (Denoël, 1951, Le Rocher en 1994), interprétation là aussi très personnelle, quoique reprise assez souvent sous plusieurs variantes dans les mouvements chrétiens non-violents, Les Quatre fléaux, le livre qu'il faut lire si l'on veut bien cerner sa pensée, publié chez Denoël en 1959, réédité chez Le Rocher en 1993, ce dernier étant bien complété par Approches de la vie intérieure (Denoël, 1962, Le Rocher en 1992. Si l'on veut vraiment approfondir plusieurs facettes de ses réflexions, on peut s'atteler à la lecture de son Viatique, réédition chez Le Rocher en 1991, ensemble de quatre textes, dont l'ensemble fait plus de 400 pages. Qui peut être complété par la Trinité spirituelle, reprise en partie de sa thèse de doctorat, qui date de 1932-1935, dont une dernière édition a eu lieu en 1994, aux Éditions Le Rocher.

Bien entendu, sans vouloir épouser les méandres philosophico-religieux de sa pensée, beaucoup préfèrent lire Technique de la non-violence, paru chez Denoël en 1971 (réédition chez Gallimard en 1988). Dans le même esprit figurent Pour éviter la fin du monde (Le Rocher 1991), Les Quatre piliers de la paix (le Rocher, 1992) et Pages d'enseignement (Le Rocher, 1993). 

On ne compte pas les préfaces ni les disques, dont nombreux sont consacrés à l'Arche. 

 

Anne FOUGÈRE et Claude-Henri ROCQUET, Lanza del Vasto, Desclée de Brouwer, 2003. Arnaud de MAREUIL, Lanza del Vasto, Sa vie, son oeuvre, son message, Dangles, 1998. Jean-Paul FRANCESCHINI, Lanza del Vasto, Encyclopedia Universalis, 2014.

 

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commentaires

G
J'ai lu l'article sur Lanza del Vasto que je trouve assez complet, cependant il y a une erreur de titre pour le livre écrit par Lanza del Vasto et Luc Dietrich , ce n'est pas "Le dialogue de l'aménité" comme il est écrit, mais "Le Dialogue de l'Amitié" chez Robert Laffont
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G
Merci. J'ai rectifié l'erreur ce jour.

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