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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 08:49

 

          Inutile de chercher le mot Conflit dans les Dictionnaires et Encyclopédies consacrés aux religions, il n'y figure pas. Bien entendu, cela ne signifie pas que les religions ignorent le conflit, mais elles n'en font ni l'analyse ni l'exploitation ouverte.
 Les sagesses orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme, zen) comme les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam) mentionnent par contre dans leurs textes fondateurs comme dans l'abondante exégèse de ces textes, les guerres, les violences, les haines, les massacres, les travers colériques des hommes comme des dieux.

           Si les premières regorgent de récits glorieux, de batailles gigantesques et furieuses, avec une surabondance de héros et de guerriers, de dieux et de déesses, détaillant leurs exploits, leurs victoires et leurs défaites; les deuxièmes insistent plus sur les relations entre les hommes et le Dieu unique, personnifiant et individualisant ces relations.
    On voit bien à la lecture de la Bible, par exemple, combien les prêtres et les prophètent interviennent directement sur ce qu'ils pensent être les causes et les conséquences des conflits.
Le péché et le péché originel constituent un thème majeur, voire premier, dans les relations avec le Tout Puissant. Le désir, l'envie, la haine, la jalousie, la concupiscence, les rivalités entre frères, entre pères et fils sont systématiquement l'objet de l'opprobre des trois religions monothéistes et même par beaucoup des textes des sagesses orientales, comme les causes des malheurs de l'humanité. L'Islam, la Chrétienté et le Judaïsme adjurent les hommes d'obéir aux Commandements de Dieu pour que l'humanité sorte des Ténèbres et entre dans la Lumière, et sorte ainsi des Ténèbres des conflits. Elles donnent du Conflit une connotation négative, insistent sur l'Obéissance et veulent souvent détourner les hommes des confrontations violentes qu'il engendre. Les recherches littéraires et anthropologiques de René GIRARD en la matière nous éclairent sur la nature des sacrifices organisés par les religions.

       Mais si les religions dénoncent la violence - pour l'utiliser également contre les infidèles à des fins de purifications - si elles proposent, ordonnent le retrait du monde ou les moyens de la rédemption, elles opèrent également le camouflage de certains conflits, la justification de l'ordre établi, l'intériorisation de la faute des conséquences des conflits qui traversent les sociétés humaines.
    De même que les sociétés sont traversées de conflits, les religions n'y échappent pas, étant l'oeuvre des hommes, même porte-paroles des ou de Dieu, ce qui rend ambivalente chez elles l'attitude vis-à-vis de la violence. Les guerres justes, les guerres saintes sont légions et les instrumentalisations des religions à des fins politiques constituent une généralité, dont il est parfois difficile de démêler de la bonne foi des saints et des prophètes. Le fait que dans le partage des richesses, les Églises sont souvent plus proches des riches que des pauvres, que les pouvoirs temporels et spirituels se confondent assez facilement - quand ils ne sont pas originellement liés et confondus, avant le processus de sécularisation et de laïcisation - laissent à penser, pour le moins, qu'elles participent à des conflits dont par ailleurs elles déplorent les conséquences violentes. Le croisement dans l'histoire des conflits sociaux, des conflits religieux, des conflits politiques (voir les multiples guerres de religion), conflits qui gardent chacun leur nature propre, donne le sentiment que les institutions religieuses sont plus porteuses d'oppression que de libération.

   Kurt FRIEDRICHS, Ingrid FISCHER-SCHREIBER, Franz-Karl EHRARD, Michel DIENER, Dictionnaire de la sagesse orientale, Robert Laffont, Bouquins, 1989. Sous la direction de Geoffrey WIGODER, Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme, Cerf/Robert Laffont, 1996. Sous la direction de Jean-Yves LACOSTE, Dictionnaire critique de théologie, PUF, collection Quadrige, 2002. Sous la direction de Mohammad Ali AMIR-MOEZZI, Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, Bouquins, 2007. René GIRARD, La violence et le Sacré, Grasset, 1972. Sous la direction de Pierre CREPON, Les religions et la guerre, Albin Michel, Espaces libres, 1982.  Michel DOUSSE, Dieu en guerre, Albin Michel spiritualités, 2002.

                                                                                              RELIGIUS
 
Relu le 9 septembre 2020

 

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