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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 15:17
   Il s'agit là d'un témoignage historique, venu d'un soldat du rang affecté au "maintien de l'ordre", de la réalité d'une guerre coloniale, la guerre d'Algérie,  cette guerre qui n'en avait pas le nom officiellement.
Écrites dans une période de quatorze mois par Jean Martin aux membres de sa famille, elles révèlent le quotidien d'un appelé qui effectue ses "besognes" sans états d'âmes particuliers, dans l'attente de la prochaine permission. Parce qu'elles émanent ni d'un héros, ni d'un contestataire, elles prennent le caractère d'un témoignage d'autant plus intéressant, que souvent l'historiographie prend un peu trop de hauteurs politico-morales, pour nous faire toucher la réalité d'une guerre.
  Précédées d'un avertissement qui précise que Jean Martin est le nom d'emprunt d'un fusilier-marin, présentées dans leur contexte par l'historien Claude LIAUZU dans une cinquantaine de pages très instructives et suivies d'une chronologie de la guerre d'Algérie (1954-1958) et d'une autre sur les dénonciations des crimes entre novembre 1954 et mai 1958, ces lettres (cinquante au total) constituent une illustration de la "banalité du mal" tant analysée par Hannah ARENDT.
 
    Dans sa présentation, l'éditeur écrit : "En 1956, Jean Martin, appelé du contingent affecté au "maintien de l'ordre" en Algérie, écrit régulièrement à sa famille. Dans une de ses lettres, il prend des nouvelles de ses proches tout en écrivant : "Demain je suis de corvée de torture... que voulez-vous, même pas agréable, on le fait à chacun son tour". Dans une autre, il rassure ses parents sur la nourriture : ce n'est plus la peine de lui envoyer des colis, désormais "ils" se font suffisamment respecter et les "bougnoules" se sentent bien forcés de leur donner tout ce qu'ils exigent : "il faut bien leur faire comprendre qui est le maître!" Plus loin, il raconte avec force détails, sans état d'âme, une opération de représailles : "on leur a fait creuser des trous pour enterrer tous les morceaux de ferraille, et un trou plus grand. Puis on les a tous tués, des plus âgés aux plus jeunes". A peine perçoit-on parfois une sorte de lassitude, par exemple, à la veille d'une permission qu'il attend depuis des semaines..."
  
  


    Jean MARTIN, Algérie 1956 : Pacifier, tuer, Lettres d'un soldat à sa famille, Éditions Syllepse, 2001, 180 pages
     www.SYLLEPSE.NET
 
 
Complété le 17 juillet 2012
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