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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 12:51

   Horatio NELSON est un amiral britannique, connu pour avoir défait la flotte française à Trafalgar, bataille à l'issue de laquelle il perd la vie.

 

Une carrière navale brillante

    Entré très jeune dans la marine, Horatio NELSON participe à de nombreux voyages. Déjà, lors d'une mission scientifique dans l'océan Arctique (1773), il échappe de justesse à la mort. En 1777, il réussit son examen d'officier et est promu capitaine deux ans plus tard, à l'âge de 20 ans. Il assume son premier commandement lors d'un affrontement contre les Espagnols au large des côtes du Nicaragua d'où il sort vainqueur sur le plan militaire mais où il voit sa flotte décimée par la fièvre jaune. De retour en Angleterre en 1783, il traverse une période difficile qui comprend cinq années d'inactivité.

En 1793, sa carrière reprend quand il devient le commandant de l'Agamemnon à bord duquel il participe à la défense de Toulon, où il affronte pour la première fois NAPOLÉON BONAPARTE. Un peu plus tard, il participe au siège de Calvi (1794), où il perd on oeil.

Sous les ordres de John JERVIS, qui commande la flotte anglaire et qui voit en lui un grand stratège maritime, NELSON établit sa réputation lors de la bataille du cap Saint-Vincent (février 1797), au cours de laquelle il résiste seul face à la flotte espagnole, après une erreur de JERVIS. Promu contre-amiral, il est commandant en chef lors de la bataille de Ténériffe (juillet 1797), mais il doit être amputé d'un bras en plein combat. C'est au cours de l'année suivante que NELSON donne la pleine mesure de son génie guerrier, lors de la bataille du Nil (Aboukir), sa plus grande victoire après celle de Trafalgar. A la tête d'une escadre en Méditerranée, NELSON est chargé de la surveillance de la flotte française qui fait ses préparatifs pour une expédition dont la destination est inconnue des Anglais. Par malchance, il est absent au moment où les navires français quittent les côtes françaises pour l'Égypte. Il part précipitamment sans ses frégates d'accompagnement qui ont été endommagées lors d'une tempête. Après une longue poursuite, il surprend l'escadre française dans le port d'Aboukir, à l'embouchure du Nil. Au cours d'une opération nocturne où il opère pat attaques successives, NELSON concentre ses efforts sur chacun des vaisseaux ennemis. Mal disposés par BRUEYS, les navires français sont incapables de répondre à cette offensive. En l'espace d'une nuit, NELSON anéantit l'escadre française et assure à l'Angleterre la maîtrise de la Méditerranée.

La nouvelle de cette victoire se propage rapidement dans toute l'Europe et il a droit à un accueil triomphal lorsqu'il jette l'ancre à Naples. Obligé de se replier sur la Sicile, il soutient le roi FERDINAND lorsque celui-ci entreprend sa reconquête de Naples (1799). Peu après, il tombe en disgrâce auprès des autorités britanniques qui sont néanmoins contraintes de faire appel à lui lors de la bataille de Copenhague (1801) au cours de laquelle il anéantit la flotte danoise après avoir commis un acte de désobéissance qui lui assure la victoire. Indiscipliné - et atypique des officiers de son temps, notamment sur le plan de la considération des marins à bord des navires comme de leur avenir une fois à terre -  et connu depuis longtemps pour cette caractéristique, Horatio NELSON subit d'ailleurs tout au long de sa carrière militaire une sorte d'évolution en dents de scies, faites de triomphes impossibles à nier par la hiérarchie et de disgrâces subies lorsqu'il semble qu'on ait plus besoin de lui, successions de périodes courtes, au cours desquelles d'ailleurs il affine sa stratégie.

Au cours du printemps de l'année 1803, après une période de calme, NELSON est placé à la tête de la flotte anglaise en Méditerranée, où NAPOLÉON, contrairement à une légende tenace, est loin de négliger les efforts pour remettre sur pied une flotte puissante. Avec la rupture de la paix d'Amiens et alors que NAPOLÉON prépare une nouvelle campagne militaire, il est chargé d'assurer le contrôle de cette mer et, surtout, d'empêcher les navires de Brest de rejoindre ceux de Toulon, puis ceux de la flotte espagnole, éventualité qui aurait peut-être fourni à l'Empereur des Français les moyens d'envahir l'Angleterre. Ayant placé John ORDE devant Cadix, NELSON suit les mouvements de l'escadre française commandée par LA TOUCHE-TRÉVILLE, puis, après la mort de celui-ci, par Pierre VILLENEUVE. lorsque VILLENEUVE parvient à s'extraire de Toulon, NAPOLÉON décide de réunir sa flotte aux Antilles, puis de l'envoyer dans le couloir de la Manche défendu par William CORNWALLIS. Cependant, le plan de NAPOLÉON ne fonctionne pas comme prévu, l'améral Honoré GANTEAUME ne parvenant pas à sortir de Brest aussi facilement que VILLENEUVE. Après une longue poursuite entre NELSON et VILLENEUVE, l'escadre française choisit de revenir vers la France ; NAPOLÉON se voit dans l'obligation de modifier sa stratégie et, surtout, de renoncer à envahir l'Angleterre. VILLENEUVE rejoint Cadix au mois de juillet (1805) alors que NELSON, de retour en Angleterre, élabore tranquillement son plan de bataille avant de repartir en mer le 15 septembre, à bord du Victory. (BLIN et CHALIAND)

 

La bataille de Trafalgar, un modèle de stratégie maritime

Le 9 octobre, NELSON écrit un Mémoradum, devenu célèbre, dans lequel il annonce sa stratégie. Disposant sa flotte sur deux lignes, à la tête desquelles figurent COLLINGWORTH et lui-même, il préconise une tactique audacieuse visant à diviser la flotte franco-espagnole tout en concentrant ses propres efforts sur chaque navire ennemi. l'objectif est l'anéantissement complet de la flotte adverse. Conscient qu'aucun plan préétablit ne peut prendre en compte les effets du hasard, il exhorte ses troupes à garder un moral de vainqueur tout au long des combats.

Le 20 octobre, VILLENEUVE quitte Cadix en direction de Gilbraltar, NELSON prenant soin de ne pas se montrer. Le lendemain matin, alors que, face au cap Trafalgar, il se trouve en légère infériorité numérique par rapport à la flotte franco-espagnole, NELSON parvient à couper la ligne ennemie et, grâce à la disposition de ses navires en deux colonnes, réussit à morceler une flotte en petits groupes isolés les uns par rapport aux autres. La manoeuvre risquée des Anglais - les navires de tête, dont le Victory, sont dans une position très vulnérable, à la merci d'un mauvais vent - réussit magistralement. Les vaisseaux français et espagnols ne forment plus qu'une longue ligne désordonnée et trop espacée. Les Anglais peuvent désormais détruire les navires ennemis les uns après les autres. NELSON, qui se trouve à la pointe du combat, est blessé mortellement alors que la moitié de la flotte adverse est déjà détruite. Sa victoire, éclipsé momentanément par la nouvelle de sa mort, délivre l'Angleterre de la menace d'invasion et lui confère une suprématie maritime qu'elle conserve pendant près d'un siècle et demi. (BLIN et CHALIAND)

 

La "Nelson Touch"

L'amiral NELSON est reconnu de son vivant pour ses talents de meneur d'hommes, au point que certains parlaient de Nelson Touch, distinction forte qui le distingue d'ailleurs de la caste militaire maritime quant à un certain mépris de la soldatesque et des marins. Il est respecté comme quasiment aucune autre figure militaire dans l'histoire britannique, hormis MALBOROUGH et WELLINGTON. La plupart des historiens pensent que la capacité à galvaniser ses officiers supérieurs comme ses marins et ses qualités de stratège et de tacticien, expliquent ses nombreuses victoires.

Son souci du bien-être de ses hommes est une caractéristique tout à fait inhabituelle pour les normes contemporaines. Il a appuyé énergiquement la The Marine Society, la première organisation de charité pour les marins, où il siégeait au conseil et qui avait formé et habillé environ 15% des hommes ayant combattu à Trafalgar. Cette Nelson Touch le rendait populaire bien au-delà du cercle de la Marine, de bonnes franges de l'opinion publique anglaise. D'ailleurs, cette popularité générale explique peut-être l'agacement et une certaine hargne de la hiérarchie maritime à son égard, qui le place en disgrâce tant qu'elle le peut, qui n'appréciait guère ni son indépendance d'esprit ni son indiscipline notoire.

 

 

Horatio NELSON, The Trafalgar Memorandum, Londres, 1805, British Museum On peut lire ce texte dans l'Anthologie Mondiale de la stratégie, Robert Laffont, collection Bouquins, 1990. Une réédition en Anglais existe, broché chez Forgotten Books, de 2018.

Julian CORBETT, Campaign of Trafalgar, Londres, 1910. Christophe LLOYD, Nelson and Sea Power, Londres, 1973. Alfred Thayer MAHAN, The life of Nelson, the Embodiment of the Sea Power of Great Britan, Londres, 1897. Michèle BATTESTI, Trafalgar, les aléas de la stratégie navale de Napoléon, Economica, 2004. Roger KNIGHT, L'amiral Nelson, Presses Universitaires du Septentrion, 2015.

Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, Dictionnaire de stratégie, tempus, 2016.

 

 

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