La majeure partie des études sur le christianisme primitif, c'est valable aussi pour toutes les religions à l'heure actuelle, le place surtout sous l'éclairage d'une historiographie très influencée par l'approche religieuse et les conflits doctrinaux. Outre le fait qu'il faut éviter de voir les origines du christianisme à travers le prisme d'une réalité contemporaine où domine la démocratisation des pratiques et la sécularisation des sociétés, il est important de replacer celui-ci, comme tous les autres phénomènes religieux ou non dans son contexte social, politique et économique.
Si les conflits religieux sont l'objet d'une constante attention - encore que leurs modalités soient souvent examinées uniquement sous l'unique d'un conflit de doctrines - les conflits sociaux, politiques et économiques de l'époque sont rarement pris en compte. Or, par la sociologie religieuse nous essayons aussi de comprendre comment, de manière spécifique, les religions, ici le christianisme, s'insèrent dans un réseau de luttes plus ou moins violentes.
Dans une société pyramidale où domine l'esclavage et l'endettement, celle de la société romaine, où coexistent de manière émiettée de très nombreux cultes et de très nombreuses religions, la plupart importées de l'Orient vers l'Ouest, il s'agit de comprendre comment le christianisme, relativement silencieux suivant les sources en notre possession durant les trois premiers siècles de son existence devient religion d'État, religion unique.
Un phénomène est souvent passé sous silence dans les nombreuses études consacrées au christianisme primitif, celui des conversions forcées, pourtant monnaie courante, mais peu systématique dans le monde romain. La tolérance religieuse demeure bien une caractéristique des politiques impériales, vues de Rome, mais dans les provinces, par le jeu des conflits religieux s'opèrent sans doute (la question est ici simplement posée) un phénomène d'extension d'une cité ou d'une autre sous l'effet conjugué d'un évergétisme réorienté ou de conditions d'exercice différenciées. A côté de la capillarité de familles en familles, de quartiers en quartiers ou de villages en villages dont a certainement bénéficié le christianisme, capillarité favorisée par les constants voyages de ses missionnaires (qui en avaient, semble-t-il, vraiment les moyens), sans doute à cause de l'esprit d'entraide de l'Évangile (mais ce n'était pas la seule religion qui la pratiquait...), existe des mouvements de conversion forcée ou à demi-forcée dont l'amplitude dépend de plusieurs facteurs, notamment des différentes persécutions en direction de tel ou tel culte à certains moments de l'histoire et du degré d'implication des autorités religieuses dans les affaires locales ou impériales... Si Marie-François BASLEZ tente de trouver dans les caractéristiques mêmes de la nouvelle religion les raisons de son expansion, Sarwat Anis AL-ASSIOUTY et Eric STEMMELEN insistent sur les aspects socio-politiques et économiques, le premier dans les tout premiers temps du christianisme, le second entre le premier et le VIe siècle.
Des caractéristiques de la nouvelle religion...
Dans son étude sur la christianisation de "notre monde", Marie-François BASLEZ, professeur d'histoire des religions à l'université Paris-Sorbonne, apporte plusieurs éclairages en partant de ce que nous pouvons savoir de la réalité des communautés chrétiennes, à commencer par les premiers groupes.
"le christianisme a-t-il inventé quelque chose qui créait la rupture, comme l'affirme Paul VEYNE (Quand notre monde est devenu chrétien, 312-394, Albin Michel, 2007), ou a-t-il sauvé tout ce qui devait l'être de l'héritage gréco-romain, comme le pensait Henri-Irénée MARROU (ou Henri DAVENSON) (Nouvelle histoire de l'Église, Le Seuil, 1963, réédité en 1985 sous le titre L'Église de l'Antiquité tardive, 303-604, Éditions du Seuil) ? On l'accuse assez souvent aussi de récupération et de réappropriation.
Cette seconde interprétation incite évidemment à s'interroger sur l'enracinement du christianisme dans le terreau du monde gréco-romain durant les trois premiers siècles, antérieurement à Constantin, et sur la solidité de ses racines. Pour continuer à jouer le jeu des questions et des suppositions, le christianisme serait-il mort de mort naturelle, comme toute secte, si Constantin n'avait pas choisi de le faire évoluer en religion d'Empire? La question peut se poser en termes de nombre, en termes de pouvoir, en termes de présence sociale." Étant donné que l'on demandait à une religion à la fois de créer du lien social et d'assurer une voie d'accès au divin.
Courant messianique au sein du judaïsme, impulsé dès l'origine par un groupe à vocation missionnaire culturellement métissé, associant des juifs de culture sémitique, d'autres hellénisés et d'autre encore, romanisés, dans une Palestine cosmopolitique (à cause principalement de l'exil continuel des Juifs durant l'histoire, la diaspora comptant sans doute plus de populations juives que dans le territoire d'origine), le christianisme essaime de manière très irrégulière dans l'Empire, avec des communautés aux membres peu nombreux, sous forme de réseaux d'amitiés et d'alliances. Paul impose d'ailleurs très vite de diffuser dans tout le monde romain et pas seulement dans les contrées traditionnellement peuplées par des juifs. Dès le premier siècle, ces communautés passent d'une éthique de résistance à une éthique de solidarité, notamment vis-à-vis des malades et des mourants, tout en clamant leur loyalisme envers l'Empire et en développant, sans doute par concurrence, un antijudaïsme.
"Les chrétiens vivaient (...) au Ier et au IIe siècle, dans un climat d'insécurité permanente, en dépit de leur loyalisme affiché envers l'Empire et le pouvoir impérial. ce qui avait été un choix facile et naturel dans la Diaspora à l'époque de Paul mûrit à l'épreuve des persécutions. Mais celles-ci eurent un caractère ponctuel jusqu'au milieu du IIIe siècle, parce que la christianisation restait alors une affaire locale." Les tentatives d'unification de la foi et des pratiques, entreprises dès Paul, n'aboutissent d'abord pas, vu les différences entre les communautés. C'est surtout l'héritage du judaïsme qui met en question les situations créées par l'endettement généralisé (facteur de l'esclavage volontaire souvent) et propose une étique d'humanité, de charité et d'entraide. Mais en fait "la christianisation de la société n'implique (...) pas une rupture, ni un renversement radical du système de valeurs" qui évoluent dans ce sens alors dans tout le monde romain, même celui où les missions chrétiennes sont absentes. Mais sans doute, par l'exemple du développement des réseaux philosophiques grecs, les correspondances entre évêques du IIe siècle contribuent à tisser des liens forts et à structurer un véritable réseau épiscopal, mû par la volonté d'une uniformisation des théories et pratiques de leur religion, suivant le modèle d'organisation même de l'Empire romain.
"L'établissement de l'orthodoxie et de l'universalité de l'Église est souvent considérée comme une victoire du christianisme romain sur toutes les autres communautés, la victoire d'une minorité en définitive plus forte et plus influente que les autres, celle que l'on appellera la "Grande Église" (expression d'IRÉNÉE de Lyon). (...) La définition de l'orthodoxie résulte d'une série de choix successifs, qui engagèrent toujours davantage le christianisme dans la voie de l'intégration au monde gréco-romain." En terme de valeurs, le christianisme apporte une attention bien plus importante que les autres communautés religieuses aux malades et aux mourants, habituellement rejetés hors les murs, et cela sans distinction aucune, ni de religion, ni d'appartenance sociale, ni d'origine ethnique. C"est parallèlement à ce zèle qui se double d'un certain prosélytisme, parfois interdit et parfois toléré par le pouvoir impérial, que se développe un véritable sens de la communication de la foi.
C'est la visibilité du martyre, dans un monde encore mû par la culture du spectacle de masse (cirques, amphithéâtres, fêtes, jeux...), qui, démultiplié par les récits plus ou moins héroïques diffusés par la suite, semble faire la différence d'avec les autres sectes religieuses. Ce martyre, motivé par le refus de l'idolâtrie, emporte l'admiration des spectateurs, suscite le respect des adversaires - malgré les défections en masse - et suscite des conversions. La hiérarchie se dote de plus, d'un programme d'éducation et de conquête des élites, ce dernier aspect favorisé par l'existence dès les premières communautés, de membres de classes relativement aisées parmi les missionnaires.
La persécution, qui résulte d'une volonté de restauration de l'État sur des bases religieuses traditionnelles ou nouvelles, politique d'intolérance à l'appui, prend un tour systématique dans les années 250. La montée de cette persécution provoque une participation accrue des chrétiens à la vie publique, et sans doute les évêques durent-t-ils faire des choix de soutien de tel ou tel prétendant, dans cette période de guerres civiles, au trône impérial. Il y aurait bien rencontre entre certains de ces choix et la politique de postulants, comme Constantin, lequel a sans doute vu dans la prospérité des communautés chrétiennes (religieuse et financière) une opportunité pour asseoir son pouvoir. Marie-Françoise BASLEZ indique qu'autant les communautés chrétiennes possédaient une forte volonté d'adhérer à un seul Dieu, donc de faire preuve d'intolérance vis-à-vis de ses propres membres (la question des apostats occupe la majeure partie des polémiques d'alors), autant la société dans son ensemble baigne dans la tendance au syncrétisme et à la tolérance, pouvant accepter une sorte de monothéisme atténué, ou un dieu se détache nettement des autres.
"La première étape du pouvoir (de Constantin) s'est décidément faite dans la perspective d'un système hénothéiste, autour d'une divinité polyvalente qui a la pouvoir de fournir la représentation visible de l'être suprême". La force du christianisme - indépendamment pourrait-on dire des valeurs aujourd'hui plutôt plus ou moins mises en avant, la charité, la fraternité, la non-violence - est de se fonder non sur le rite, à coup de sacrifices plus ou moins brutaux et sanguinaires, mais sur le livre, la révélation et la tradition ; "c'est une croyance et non plus seulement une pratique ; elle repose sur l'adhésion personnelle et non plus sur une appartenance de naissance. L'originalité du christianisme est d'avoir fait sienne la notion de "religion", en travaillant sans cesse à créer du lien social, mais de lui donner un sens spécifique : le christianisme est la religion non plus d'un peuple, ni seulement d'un livre, mais aussi d'une Église, avec un principe unitaire indépendant de l'État." Un principe qui peut même s'imposer à l'État, l'Église se chargeant des activités de l'État, à l'image du futur Saint Empire Romain germanique.
Aspects politiques et socio-économiques...
Sarwat Anis AL-ASSIOUTY, dans une recherche comparée sur le christianisme primitif et l'islam premier, sur les révolutionnaires et contre-révolutionnaires parmi les disciples de Jésus et les compagnons de Muhammad, conclue en trois aspects, et pour s'en tenir ici au christianisme primitif : nature de la révolution chrétienne, valeurs supportées par la nouvelle religion, participation aux luttes de sectes, de classes et de clans.
Le christianisme constitue une révolution cosmopolite. C'est un mouvement, selon l'ancien professeur aux nombreux ouvrages érudits, cosmopolite non juif.
"L'opinion traditionnelle reçue avance l'hypothèse que les Douze apôtres (en retenant ce nombre plus symbolique que sans doute réel) et le noyau primitif de l'Église sont des Juifs. Rien ne force à l'admettre. La Palestine est habitée principalement par les Nations (nous ne le suivons pas dans ce terme (dans le sens "moderne") qui nous parait anachronique pour l'époque, mais ce terme revient souvent dans les Évangiles (dans un tout autre sens) et nous transcrivons tout de même) : Égyptiens, Arabes, Nabatéens et Iduméens, Syro-Phéniciens, ainsi que par des Grecs, des Romains, des Juifs. Cette pluralité d'ethnies entraîne une pluralité de cultes, tous présents au Temple de Jérusalem.
C'est dans ce milieu cosmopolite que Jésus exerce son ministère. (...) Si donc un texte mentionne un terme précis, il n'est pas de se montrer plus habile dans l'art de l'expression que ne l'a été le rédacteur du texte. Il n'est point permis de comprendre les termes Hellènes, Hellénistes comme signifiant "gagnés au monothéisme d'Israël", "prosélytes", juifs au sens religieux", Juifs hellénisés". De telles conclusions ne peuvent être dégagées dans l'absence de textes explicites, vu la population cosmopolite de la Palestine et le caractère pluriculturel du Temple de Jérusalem." "En somme, les premiers adeptes de Jésus se montent plutôt le reflet de la population cosmopolite de la Palestine, composée principalement de Nations. Ce qui ressort du texte original des Actes, c'est que les apôtres proviennent de nations diverses et parlent différentes langues, comme le sont des habitants de la Palestine. Chaque apôtre parle dans son propre idiome et s'adresse à sa propre ethnie. Paul travaillera en s'associant à des disciples grecs, puis sera délaissé par eux. (...) "...le Grec prêche parmi les grecs, l'Oriental parmi les Orientaux, le Juif parmi les Juifs. L'évangélisation des Nations a été l'oeuvre des Nations. Le meilleur critère, dans l'absence de textes directs, pour délimiter l'identité d'un discipline, Juif ou des Nations, c'est d'examiner les communautés qui se réclament de lui, est-ce judéo-chrétiens ou des gens des Nations."
"Certains disciples de Jésus sont qualifiés par les textes mêmes comme étant des Juifs, à commencer par Pierre et Barnabé, ainsi que le personnage mystérieux dénommé Jacques, qui reçut plus tard le titre de "frère du Seigneur". A ces trois s'ajoute Paul durant la deuxième moitié du premier siècle, qui n'est pas un disciple direct de Jésus, mais qui a utilisé pour lui-même le terme apostolos : envoyé. Au nom de Pierre fut accolé, en des formules stéréotypées, vers la fin du premier siècle, le nom de son frère André, afin de parfaire la liste des Douze. C'est à cette époque que surgit aussi le personnage de Nicodème, qualifié de notable des Juifs, maître en Israël. Mais la grande majorité des disciples provient des Nations (...), comme l'est Jésus lui-même, le descendant des Nations. Mary-'Isâ, dont le nom signifie "l'aimé de Jésus", est un égyptien, auteur des Logia du quatrième Evangile, à tendance égyptienne. Les noms de Ya'qob et de Hanna, ainsi que de la père Zébédée, forment trois noms utilisés par les Nations. Philippe est un Grec. Thomas est d'origine araméenne, bien qu'on ait cherché, surtout à partir du IIIe siècle, à judaïser son nom, en lui accolant le prénom de Judas. Matthieu et Zachée, les deux publicains, appartiennent aux Nations, tel que l'on doit s'attendre d'une dynastie d'Hérodiens arabes au pouvoir, donnant les postes de confiance à des gens de leur ethnie : Marcion, Tertullien et Cyprien l'Africain l'admettent. Bartholomée et Thaddée sont d'origine syro-nabatéenne. Simon Kananaios est d'origine arabo-araméenne. Ya'qob d'Halfaï est est Nabatéen. d'autres disciples se montrent des chypriotes et Cyrénéens, des Samaritans, des Romains. Marc l'Évangéliste est d'origine égypto-syrienne. Luc est un Grec. Joseph d'Arimathie n'est pas un Juif, il n'est pas un synédros, membre du Sanhédrin juif, mais un bouleutès, membre du Conseil d'une ville hellénistique."
L'auteur semble, pour le commun des chrétiens passé par le catéchisme catholique, dynamiter un certain nombre de points, mais il les dynamite bien moins pour les habituels chercheurs en littérature biblique. A noter que dans ses sources, le professeur AL-ASSIOUTY refuse le cantonnement religieux, c'est-à-dire qu'il n'hésite pas à faire appel à des sources extra-chrétiennes, musulmanes et/ou arabes pour le christianisme, chrétiennes et/ou occidentales pour l'Islam. Et loin de partir de la vulgate chrétienne, il reprend les choses à ces sources, ce qui produit évidemment des surprises... Cela détruit notamment toute la logique restrictive d'une lutte entre Juifs et non Juifs dans le christianisme naissant et explique bien les implantations constatées, en Syrie ou en Arabie par exemple, des communautés chrétiennes. "Enfin, les sept diacres, préposés aux Hellénistes, se montrent tous des Grecs, comme l'indiquent leurs noms : Étienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas ; il est dit expressément de ce dernier qu'il est un non-Juif" "Les femmes qui suivent Jésus ne peuvent pas être des femmes juives, ces dernières sont sequestrées dans leurs foyers, il leur est interdit de parler aux hommes (en public,, pensons-nous). Les femmes disciples de Jésus viennent toutes des Nations, comme l'indiquent leur noms : Maria la Magdaléenne est une Égyptienne de laquelle sont sortis "sept démons", terme que l'on rencontre dans les textes égyptiens. Salômè est une femme des Nations. Maria, mère de Ya'qob, est une Égyptienne umm walad. Arisnoè provient du Fayûm. Hanna (Jeanne), nom égypto-arabo-araméen, est la femme de Khouza, l'intendant du monarque iduméen Hérode. Maria (l'Aimée), le nom égyptien par excellence, et Martha (la Dame), nom égypto-araméen, se montrent les deux soeurs de Lazare, dont la péricope est de provenance égyptienne."
Toujours sur les sources utilisées, l'auteur ne se restreint évidemment pas aux quatre Évangiles officiellement reconnus. "L'onomastique et l'archéologie d'une part, les églises et sectes qui se réclament de ces disciples d'autre part, prouvent leur appartenance aux Nations. Les disciples de Jésus viennent des diverses Nations habitant le vaste Empire romain. Ces Nations vaincues et asservies par le militarisme romain devaient s'unir, sous l'étendard d'un Sauveur prônant la révolution sociale. Leur cause est commune, leur adversaire est commun, cette clique romaine de généraux et de sénateurs qui les exploitent et les oppriment, et qui pèsent lourdement sur la phèbe romaine elle-même. C'est en cela que réside le grandeur de Jésus, d'avoir réuni autour de lui Grecs, Romains, Égyptiens, Syriens, Arabes, sans oublier les Juifs, et de les avoir équipés d'un idéal moral pour les préparer à la révolution cosmopolite contre les oppresseurs de Rome. La thèse traditionnelle chauviniste qui fait de Jésus un Juif entouré de disciples juifs rabaisse Jésus au rang d'un simple chef de clan entouré des siens, la grandeur humaniste et universaliste de Jésus en souffre."
Les valeurs du christianisme sont profondément humanistes. "Les disciples et compagnons qui ont reçus, transmis et prêché le message radical du Fondateur révolutionnaire vivaient dans les sociétés de classes qu'étaient l'Empire romain et l'Arabie pré-islamique, divisés en libres et esclaves, nobles et phèbes. Il est tout à fait normal de se demander à quelles classes sociales appartiennent ces disciples et compagnons." "Autour de Jésus se rassemblent principalement les faibles, broyés par la maladie et la faim, pêcheurs de Galilée, prolétaires et paysans, esclaves et affranchis. Jésus dit : "A cause des faibles, j'ai été faible ; à cause de ceux qui ont faim, j'ai en faim ; à cause de ceux qui ont soif, j'ai eu soif." Simon/pierre et son frère André, Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée appartiennent au groupe des pêcheurs du lac, auxquels le quatrième Évangile rattache le disciple aimé. Philippe est un charretier. Thomas un charpentier, Bartholomée un paysan, Thaddées un trayeur ou un gargotier. Le nombre des esclaves dans le Monde romain dépasse celui des hommes libres. Dans un passage du quatrième Évangile, Jésus dit à ces esclaves du Monde romain, en des termes qui témoignent magistralement de l'état de servitude de certains disciples : "Je ne vous appelle plus esclaves (doulous)... mais je vous appelle amis (filous)..." Les textes canoniques citent trois femmes parmi les disciples de Jésus, desquelles il est dit qu'elles "le suivaient et le servaient", alors qu'il était en Galilée. Diakonéö : servir, est l'un des termes qui désignent les esclaves travaillant dans les maisons comme serviteurs et servantes. Maria la Magdaléenne n'a pas de nom de père, elle n'a pas non plus de mari, elle est indiquée par son seul prénom, Maria, et par son origine, de Magdal, comme c'était la coutume de désigner les femmes esclaves. Maria la Magdaléenne, quand elle s'adresse à Jésus, emploie le vocatif Rabbuni, terme araméen dérivé du verbe rabah : devenir grand, rabbu : grandeur, utilisé pour les rois. Rabbu, suivi d'un génitif, c'est le maître de l'esclave, et l'esclave se dénomme marbûb, possédé par le maître. Rabbu-ni signifie "mon maître", le vocatif qu'utilise l'esclave pour appeler son sayyid, cid et sieur. Maria la Magdaléenne est de toute évidence une esclave affranchie par Jésus ; Jésus aurait inauguré la coutume appliquée par l'Église primitive, consistant à racheter les esclaves pour les affranchir. Il en est de même pour Salômè, mentionnée par son prénom, sans père ni mari. De même Maria, mère de Ya'qob, n'a de père ni d'époux ; elle est désignée par son enfant Ya'kob, et semble être une femme esclave achetée dans le but de procréer des enfants (umm walad : mère d'enfant). Arsinoè, elle aussi, n'a pas de père ni de mari, elle est désignée uniquement par son nom, telle la Rhodè des Actes. Les disciples de Jésus comptent aussi des hommes esclaves. Simon Kananaios porte un nom qui ne dérive pas nécessairement de la racine arabo-araméenne qana (avec un seul n) : être jaloux, zélé, il provient plutôt de la racine arabe qnn (avec deux n), d'où est tiré qinn : esclave, qanâna : état de l'esclavage. Kananaios signifie "celui de l'esclavage", Simon Kananoios est Simon l'Esclave. (...) Les esclaves, une fois affranchis, ne deviennent pas automatiquement les égaux de l'ingénu, libre de naissance, ils restent des affranchis, ayant leur statut à part, leurs organisations à part. Étienne, l'un des Sept préposés aux Hellénistes, auxquels s'applique le terme diakonia, semble être un affranchi qui exerce sa prédication parmi les affranchis ; ce sont les gens de la Synagogue des Affranchis qui se mettent à discuter avec lui. Philippe l'Évangéliste s'adresse à un eunuque, et l'on se demande qui peut s'adresser à un esclave ou à un affranchi sinon un affranchi comme lui".
N'oublions pas que nous sommes alors non seulement dans une société pyramidale, mais également dans une société très segmentée. "Luc est un médecin de profession ; la forme abrégée de son nom, et le fait que les médecins dans l'Antiquité étaient généralement de condition servile, permet de conclure que Luc est un esclave affranchi. Mais le mouvement révolutionnaire, afin d'accomplir sa tâche, avait besoin de fonds, ce fut le rôle des disciples aisés de Jésus, Matthieu et Zachée se montrent de riches publicains, Barnabé possède un champ, Josèphe d'Arimathie est membre du Conseil, Hanna est la femme de Khouza, l'intendant du roi Hérode, Suzanna assiste de ses biens Jésus, Maria et Martha, qui utilisent de chers parfums, reçoivent Jésus chez elles."
Dans cette présentation, nous devons nous détacher, même si nous ne partageons pas forcément cette manière de voir l'histoire des premiers chrétiens, d'une certaine imagerie monastique de Jésus et de ses compagnons. ils vivent dans le monde et n'y sont pas retirés comme ceux qui, beaucoup plus tard, dans une période très trouble de "barbarisation du christianisme" (Geroges MINOIS), tirent des textes fondateurs, les fondements moraux que nous retrouvons dans les quatre Évangiles et oeuvrent au départ à contre-courant d'uneÉEglise corrompue par les valeurs guerrières de ces siècles du Haut Moyen-Age...
Le développement du mouvement cosmopolite, au sein du christianisme s'opère au travers d'une lutte de sectes et de classes. "Les notions du christianisme s'élaborent, tout d'abord, au travers d'une lutte de sectes, d'une part les sectes des Nations contre les judéo-chrétiens, d'autre part les sectes judéo-chrétiennes les uns contre les autres ; ensuite, au travers d'une lutte de classes, les sectes riches contre les sectes pauvres. Le canon même est issu d'une lutte de sectes : le Nouveau Testament est une compilation d'écrit adaptés aux judéo-chrétiens, il renferme les Évangiles fortement retouchés par les judéo-chrétiens, et relate en premier les faits et paroles des disciples venant du judaïsme : Pierre, Paul, Jacques, dit le Frère du Seigneur, Barnabé, Épîtres et Apocalypse d'un certain Jean, pris pour un juif, Jude. Par contre, le Canon ne renferme aucun écrit des Nations, et s'intéresse peu aux disciples venant des Nations ; en dehors du quatrième Évangile, ou d'une citation brève, un bon nombre de ces disciples des Nations figurent comme simples noms sur une liste, le catalogue des Douze : Matthieu, Philippe, Thomas, Bartholomé, Thaddée, Simon Kananaios, Ya'kob d'Halfaï, etc. De même, les femmes ne sont pas incluses dans les listes canoniques des Douze, car ces listes proviennent de milieux judéo-chrétiens, patriarcaux, andocentriques, subjuguant la femme, et reflètent les tendances des Églises primitives qui ont préparé et adopté ces listes.
Alors que dans les écrits des chrétiens orientaux, héritiers du culte d'Isis et de l'émancipation de la femme, la femme est l'interlocutrice de Jésus et le récipendiaire de ses enseignements, elle apparait comme chef d'Église. Tout cela reflète la lutte pour l'égalité des sexes, prônée en Égypte depuis des millénaires, alors que les judéo-chrétiens relèguent la femme à la maison et la forcent à porter le voile. Par ailleurs, il est vrai que le catalogue des Douze met Pierre en tête des quatre listes, mais les diverses traditions canonisées, formées après coup, sont unanimes à amplifier les faiblesses de Pierre. Pierre devient après sa mort un symbole chez les judéo-chrétiens de Rome, que les Évangélistes combattent en faisant ressortir les défauts de Pierre : il chavire, il n'ose pas adresser la parole à Jésus, il renie le maître, il est lent à remarquer le Seigneur ou à croire en sa Résurrection. L'Épitre aux Galates présente Pierre comme une personne qui dissimule. Il est sermonné par Paul, dans un passage qui pousse la glorification de Paul jusqu'au paroxysme de l'ostentation. Ces textes semblent être la résultante de querelles de chefs entre les différentes sectes judéo-chrétiennes, des rumeurs que l'on fait circuler afin de mieux combattre l'adversaire, d'amoindrir la dignité de Pierre, le partisan intransigeant de la communauté de biens, et de glorifier Paul, qui remplace la communauté des biens par l'aumône et la collecte. C'est la lutte des classes, les riches contre les pauvres. C'est en réponse au conflit d'Antioche, afin de rhéabiliter Pierre et de consacrer sa primauté vis-à-vis de Paul, ou bien vis-à-vis de Jacques, dit le g....... du Seigneur, siégeant à Jérusalem, que d'après certains exégètes, le dernier rédacteur de l'Évangile de Matthieu aurait ajouté le fameux passage : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Par contre, la "Pisti Sophia", document copte trouvé en Égypte, de milieux gnostiques, pose Matthieu, avec Philippe et Thomas, comme les trois témoins auxquels Jésus confie la mission de rédiger par écrit l'Évangile. Ils viennent tous des Nations. Pour les judéo-chrétiens, Jésus est le Christ, le Messie attendu des Juifs, le roi oint qui proclamera la gloire d'Israël (profession de foi de Pierre + récits judéo-chrétiens de l'Enfance). Pour les chrétiens des Nations, Jésus est le Seigneur, titre osirien par excellence (profession de foi de Thomas), un philosophe sage (profession de foi de Matthieu) ; du Christ des Juifs il n'est pas question. L'Évangile selon Philippe nie que les chrétiens soient les descendants des Juifs, tout comme les Juifs ne peuvent pas être les descendants des Grecs. Il donne au terme Christ, tiré de la racine proro-arabe 'masaha', qui a deux sens, plutôt le sens arabe de 'mesuré', que le sens juif de 'Messie', et nie par là toute la thèse du messianisme judéo-chrétien. Il proclame aussi la primauté de Maria la Magdaléenne, la patronne des chrétiens orientaux, sur tous les autres disciples. L'Évangile selon Bartholomé met en doute la primauté de Pierre, qui doit se ranger avec les autres apôtres et laisser la direction à Maria la Magdaléenne. De même, cet Évangile tourne en dérision la thèse de la Thora concernant la préséance de l'homme et le statut secondaire de la femmes et c'est Maria la Magdaléenne qui doit restaurer la dignité de la femme."
Sawat Anis AL-ASSIOUTY déploie là une thèse pour le moins hétérodoxe du christianisme primitif qui a, au moins, même si l'on n'en partage pas tous les aspects, le mérite de forcer enfin à le situer dans les conflits de son temps. D'autres auteurs tirent des sources très diverses actuellement en notre possession des conclusions moins radicales et sans doute moins influencées par un certain marxisme. Ils mettent souvent en évidence des relations troublantes et plus réalistes en tout cas que la vulgate chrétienne. Faire de Jésus un révolutionnaire n'est pas nouveau : il est vrai que cette vision s'appuie sur de très nombreux passages des Évangiles, qui détonnent encore plus lorsqu'on les met en relations directes avec l'état de la société de son temps, société où la rapine, l'usure, l'exploitation de la crédulité populaire, l'hypocrisie des classes dirigeantes de la Palestine, le mépris envers les faibles, les esclaves, les femmes, les prostituées, les malades sont la règle. Il est certain qu'à travers certains passages affleurent la réaction de ces classes dirigeantes à la prédication de Jésus, on a parfois nettement l'impression que cette réaction est souvent minorée, même si en fin de compte, forces d'occupation romaine et autorités religieuses semblent se trouver face à de bien embarrassants groupes (à la fois en qualité et certainement pour qu'ils réagissent ainsi, en quantité) qui les obligent à aller jusqu'à la tentative de leur éradication.
L'imposition du christianisme par les Puissants....
Dans l'épilogue de son étude sur ce qu'il appelle la religion des seigneurs, Eric STEMMELEN, docteur en sciences économiques, résume son approche de la participation du christianisme primitif aux conflits de son temps. "Le IVe siècle a vu le christianisme érigé en religion d'État, alors qu'auparavant il n'était parvenu à toucher qu'une très faible minorité parmi les populations de l'empire romain. Afin d'expliquer ce remarquable événement, nous (proposons) une thèse relativement simple, bien qu'elle nécessite un certain approfondissement de l'histoire économique et sociale de l'empire. Au IIe siècle, l'économie romaine est entrée dans un nouveau mode de production, fondé sur la propriété latifundiaire et sur le colonat, qui s'est substitué à l'esclavage traditionnel, en particulier en Orient et en Afrique. Il consiste à faire exploiter de très grands domaines agricoles par des paysans, dénommés "colons" (coloni), qui, bien que "libres" et non pas esclaves, doivent demeurer attachés à la terre qu'ils travaillent, pour le compte et au bénéfice d'un richissime propriétaire. Pour que ce système fonctionne, il est nécessaire que ces paysans acceptent de travailler pour le compte d'autrui alors que leur statut d'hommes libres ne les y oblige pas, contrairement aux esclaves, et enfin qu'ils fondent une famille et qu'ils assurent une descendance afin que perdure l'exploitation. Or, dans un monde aux moeurs plutôt relâchées, où règne une certaine oisiveté (le travail et la soumission étant réservés aux esclaves), rien n'incite des hommes libres à se plier à de telles contraintes. La religion chrétienne va fournir aux propriétaires l'instrument idéologique adéquat car elle est la seule à promouvoir avec force les valeurs d'autorité, de travail et de famille. Sa vision très particulière de la sexualité, réduite à sa fonction reproductrice, s'oppose radicalement aux moeurs antiques. Les nouveaux seigneurs fonciers vont donc favoriser l'essor de cette secte très minoritaire et utiliser ses cadres, les évêques, d'abord pour asseoir leur tutelle sur les coloni, ensuite pour s'emparer du pouvoir politique, ceci aux dépens de l'ancienne classe dominante esclavagiste représentée par l'ordre sénatorial. La création d'un empire chrétien s'ensuivra, avec la mise en place, au IVe siècle, d'un régime dictatorial, entièrement voué à la puissance et à l'enrichissement des seigneurs, et qui procèdera à une christianisation forcée - laquelle rencontrera plus que des réticences de la part de la population. Nous (décrivons) de façon assez détaillée cette société radicalement nouvelle : c'est en observant ce à quoi aboutit le christianisme que l'on comprend mieux les raisons et les finalités profondes de son succès. Après avoir fourni les armes idéologiques de la prise du pouvoir, le christianisme fut imposé à tous par la violence étatique, au service d'une classe de grands propriétaires fonciers. L'empire chrétien est l'accomplissement de la doctrine chrétienne. L'empire chrétien, l'Église catholique et l'aristocratie foncière, en parfaite osmose, ont établi leur dictature intégriste sur le monde romain, en y faisant régner l'inégalité, l'injustice, l'ordre moral, l'obscurantisme ; mais ils ont ainsi été à l'origine de sa perte, tout au moins en Occident.
Pendant le Moyen Âge, en dehors des territoires ayant appartenu à l'Empire, le christianisme ne se développera pratiquement que sur des royaumes limitrophes, germains et slaves. Encore fut-il dans la plupart des cas imposé par la force ; ainsi, lorsque Charlemagne convertira les Saxons, vers l'an 780, c'est en édictant des règles tyranniques (...). La parole révélée n'eut guère de prise sur l'empire iranien ; en méditerranée, elle fut balayée en quelques années par la vague arabo-musulmane, de l'Égypte jusqu'à l'Espagne. Il est clair que, pour bon nombre d'hommes et de femmes, la christianisation avait été infligée, plus que consentie, et qu'elle n'a emporté qu'une adhésion superficielle. Des siècles plus tard, lorsque le christianisme tentera de se répandre pacifiquement dans des pays aussi civilisés que l'avait été l'empire romain, tels que l'Inde et la Chine, il échouera. Dans ces pays il n'obtiendra pas plus de succès qu'il n'en avait obtenu jusqu'au IIIe siècle à Rome et il restera quasi inexistant. (...) Ce n'est donc que lorsque le christianisme est décrété par la violence, par l'oppression physique et mentale, qu'il s'impose, que ce soit à Rome au IVe siècle, dans les Amériques espagnole et portugaise au XVIe siècle, moyennant des dizaines de millions de morts, ou en Afrique noire au XIXe. Il n'y a pas lieu d'en être surpris, puisque les premiers chrétiens n'avaient pas caché leurs intentions, mettant dans la bouche de Jésus ces rudes paroles, trop souvent oubliées : "N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix, mais le glaive" ; "Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé". On nous explique aujourd'hui avec componction qu'il faut considérer ces phrases comme symboliques. Compte tenu des faits historiques accablants, des millions de victimes sacrifiées au nom de ces textes, ce genre d'argutie moderne a quelque chose d'indécent. (...) Notre regard sur le christianisme est faussé parce que nous le voyons de l'intérieur, même pour ceux qui ne sont pas chrétiens mais qui vivent cependant dans un monde intimement christianisé. Il nous paraît naturel que le christianisme ait "triomphé", alors qu'il n'en est rien : il ne se développe que lorsque des conditions historiques, économiques, sociales et politiques - voire militaires - précises sont remplies. Il est l'idéologie nécessaire d'un mode de production agricole à grande échelle, où il s'agit de faire travailler et se reproduire des paysans qui ne sont pas propriétaires de leurs terres et que rien n'inciterait autrement à se soumettre à l'autorité de leur maître. Le christianisme conquérant a toujours été porté par des classes de grands propriétaires fonciers : le système des latifundia du Bas-Empire se retrouvera dans les grands domaines et dans les vastes plantations, fondés aux Amériques par les Espagnols et par les Portugais, en Afrique et en Amérique du Nord par les Français et par les Anglais.
C'est au Moyen Âge que les seigneurs domaniaux connurent pendant mille ans, l'expression la plus aboutie de leur puissance, grâce au système féodal dont quelques prémices étaient apparues dès la fin de l'empire romain. Et c'est bien évidemment au Moyen Âge que la religion chrétienne connut l'expression la plus absolue de son pouvoir spirituel et surtout temporel, et cela aussi bien dans une Europe occidentale longtemps en état de décomposition, que dans l'Asie Mineure soumise à la tyrannie ubuesque de l'empire byzantin. (...) ... la religion des seigneurs continuera d'exercer son pouvoir doctrinal et de fournir ses armes idéologiques aux maîtres du monde économique, en prêchant inlassablement ce qui avait été à l'origine de sa réussite : la soumission aux puissants, l'acceptation du travail contraint et la répression de la sexualité."
Que l'on s'accorde ou non avec cette vision, il faut reconnaître que ce n'est que par la confrontation violente entre formes chrétiennes de la religion (guerre de religions) et par la sécularisation, qu'un certain nombre de valeurs seront tirées d'une certaine lecture des Évangiles. Nous pensons qu'il n'est jamais trop de rappeler que des textes peuvent être tirées des doctrines oppressives ou libératrices suivant les intentions premières des exégètes. Il est donc vain de se référer à un christianisme originel qui ne serait que bonté et non-violence, nous ne pouvons que constater qu'il existe un véritable travail des oeuvres sur les mentalités (à la façon de Claude LEFORT), ce travail produisant ses effets libérateurs que dans certaines conditions historiques. Loin donc de se fonder seulement et uniquement sur l'étude littéraire des textes, la compréhension de l'apport du christianisme primitif est indétachable des conflits de tout ordre qui traversent les sociétés.
Eric STEMMELEN, La religion des seigneurs, Histoire de l'essor du christianisme entre le Ier et le VIe siècle, Michalon éditions, 2010. Sarwat Anis AL-ASSIOUTY, Révolutionnaires et contre-révolutionnaires, parmi les disciples de Jésus et les compagnons de Muhammad, Letouzey & Ané, collection Recherches comparées sur le christianisme primitif et l'Islam premier, 1994. Marie-Françoise BASLEZ, Comment notre monde est devenu chrétien, CLD Editions, 2008.
RELIGIUS
Relu et corrigé le 6 Août 2020