Une fois n'est pas coutume, nous faisons ici la recension d'un ouvrage d'un groupe (militant) pour la non-violence. Nous évitons de parler dans un article que d'un livre émanant d'une organisation dans ce blog, car notre préférence va aux ouvrages de fond. Mais ici, le MIR ne produit pas un ouvrage-manifeste comme il en existe bien d'autres, dans la mouvance non-violente et ailleurs. Il entend montrer l'action de mouvements ou de personnalités en faveur de la réconciliation, à un moment où précisément, réconciliation devient le maître-mot de tout plan de paix, que ce soit pour revenir à la paix civile dans un pays (comme en Afrique du Sud) ou pour pacifier réellement les relations entre peuples différents (comme au Moyen-Orient).
Après une courte préface de Hildegard GOSS-MAYR (présidente d'honneur, prix Niwano de la Paix 1991) qui rappelle les origines du Mouvement religieux (qui compte chrétiens, juifs, musulmans en son sein), en pleine première guerre mondiale , en août 1914, rencontre de deux "ennemis" (à une époque où on ne badinait pas avec la nationalité...), un pasteur allemand et un quaker anglais. Le MIR, né officiellement en 1918, mettait en avant la nécessité de la réconciliation, à la fois non sans équivoque à la guerre, mais aussi oui créateur pour mettre en place les conditions d'un développement positif entre les peuples.
Équilibrer mémoire et oubli et tenir compte des sources psychologiques et structurelles de la réconciliation (Jacques LECOMTE) fait partie de l'action des religions conçues comme moteurs de la réconciliation sociale et politique, comme le sous-titre du livre l'indique. C'est au travers d'expériences bien concrètes de la mise en application de cette volonté de réconciliation que cet ouvrage collectif dresse le tableau de ce qui est possible et réalisable : Travail de mémoire avec les vétérans de guerre en Bosnie (Adnan HASANBEGOVIC, résolution des conflits ethniques comme en Côte d'Ivoire (Maria BIEDRAWA), avancées pour une paix durable en Israël-Palestine (Jeremy MILGROM, Moshe YEHUDAI, Noah SALAMEH, Zoughbi ZOUGHBI), réconciliation aussi en France où le poids du colonialisme est toujours présent (Christian RENOUX)... Ces expériences concrètes s'appuient sur la foi dans des religions monothéistes où Christian RENOUX, Shamer SHALOM (pour le judaïsme), Alfred BOUR et Charles SERUSHYANA (pour le christianisme) et Saïd Ali KOUSSAY et Noah SALAMEH (pour l'islam) rappellent que s'ancre les éléments de la réconciliation. En fin d'ouvrage, rappelant que l'ONU avait déclaré l'année 2009 comme "Année de la Réconciliation, Frank OSTROWSKI et Larissa de KOCHKO (Des stratégies en vue de la réconciliation ; La justice transitionnelle en appui du processus de démocratisation) dessinent certains contours politiques et sociaux qui peuvent mener à la réconciliation. Ils soulignent les difficultés d'une telle entreprise, multipliant les exemples où une politique de réconciliation tente ou a tenté de se mettre en place.
"Le mot paix vient d'un mot latin qui signifie pacte. La paix est donc un contrat. Si on la veut durable, la réconciliation, comme chemin vers la paix, doit être balisée par des éléments qui garantissent justice et vérité dans leur contenu et donnent une légitimité aux accord". Dans ce livre, en dernière partie, les auteurs présentent différents organismes et leur fonctionnement de façon théorique et pratique. C'est justement ce balancement entre théories religieuses et pratiques politiques et sociales que prônent les différents acteurs qui s'expriment dans ce livre.
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Mouvement international de la Réconciliation (branche française), L'espérance insoumise, Les religions, moteur de la réconciliation sociale et politique, Nouvelle Cité, Vie des hommes, 2009