Les différentes statistiques à notre disposition, avec toutes les précautions d'usage qui s'imposent, donnent un état encore alarmant de l'arsenal nucléaire, et ce malgré la fin de la guerre froide (mais les tensions subsistent entre la Russie et les États-Unis) et les engagements électoraux du président OBAMA aux États-Unis.
La prolifération nucléaire continue (malgré un certain gel en Iran) et pratiquement tous les arsenaux nucléaires sont en voie de renouvellement et de modernisation (France, États-Unis, Russie, Chine...).
Selon le SIPRI Yearbook 2015, au début de 2015 "neuf États (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et République démocratique populaire de Corée) possédaient environ 15 850 armes nucléaires opérationnelles, dont 4 300 sont déployées avec des forces opérationnelles. Quelque 1 800 sont maintenues en état d'alerte opérationnelle élevée.
Le nombre total des têtes nucléaires dans le monde diminue, principalement parce que les États-Unis et la Russie continuent à réduire leurs arsenaux nucléaires. Ensemble, ces arsenaux comptent plus de 90% des stocks mondiaux. Le rythme des réductions semble toutefois plus lent qu'il y a une décennie et aucune de ces deux nations n'a procédé à des réductions substantielles de ses forces nucléaires stratégiques déployées depuis l'accord bilatéral de 2010 contenu dans le Traité sur les mesures pour la poursuite de la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (New START). Parallèlement à cela, tant la Russie que les États-Unis ont engagé d'importants et coûteux programmes de modernisation de leurs systèmes de vecteurs d'armes nucléaires, de leurs ogives et de leurs installations de production.
Les autres États dotés d'armes nucléaires légalement reconnus tels que définis par le Traité de Non-prolifération de 1968 (TNP) (États-Unis, Chine, France, Russie et Royaume-Uni) développent ou déploient de nouveaux systèmes d'armements ou en ont annoncé l'intention. Dans le cas de la Chine, ceci peut signifier une modeste augmentation de la taille de son stock d'armes nucléaires. Les cinq États nucléaires légaux semblent déterminés à conserver indéfiniment leurs arsenaux.
Les arsenaux nucléaires des autres États dotés d'armes nucléaires sont beaucoup plus petits. Toutefois, l'Inde et le Pakistan continuent de développer leurs stocks d'armes ainsi que leurs capacités de transporter des armes nucléaires, tandis qu'Israël est en train de tester un nouveau missile balistique de longue portée à capacité nucléaire, bien qu'on ignore s'il a développé une tête nucléaire transportable par un missile balistique.
Il existe une grande variété d'informations fiables sur l'état des arsenaux et des capacités des États dotés d'armes nucléaires. Les États-Unis ont dévoilé d'importantes informations sur leurs stocks et leurs forces, et la France et le Royaume-Uni ont également fait quelques révélations. La Russie refuse quant à elle de divulguer la liste détaillée de ses forces reprises dans le nouveau traité START (même si elle partage ces informations avec les États-Unis), et le gouvernement américain a cessé de publier des informations détaillées sur les forces nucléaires chinoises et russes. La Chine maintient un degré élevé d'opacité et il existe peu d'informations disponibles sur ses forces nucléaires et de production d'armements. Les gouvernements indien et pakistanais fournissent des déclarations concernant certains de leurs essais de missiles, mais aucune information sur l'état ou la taille de leurs arsenaux respectifs. Israël a pour politique de ne pas commenter son supposé arsenal nucléaire et la Corée du Nord ne rend public aucune information sur ses capacités nucléaires."
Les discussions concernant le contrôle des armes nucléaires et la non-prolifération semblent marquer le pas, ce qui est inquiétant quant à l'évolution future de ces armements. Seules les négociations entre l'Iran et les États nucléaires légaux semblent donner des résultats notables.
Les informations concernant le budget militaire des États-Unis pour 2017 sont inquiétantes (et inquiètent beaucoup la Russie). Très centré sur l'armement nucléaire, avec une rhétorique sur l'agression russe en Europe de l'Est (Crimée), le budget militaire américain prévoit un certain nombres de programmes majeurs : nouveau chasseur bombardier capable d'embarquer un armement nucléaire, développement d'un nouveau missile de croisière en version nucléaire, conception d'un système terrestre de dissuasion stratégique appelé à remplacer les missiles intercontinentaux actuels, élaboration de nouveaux systèmes de guidage, remplacement des missiles des sous-marins nucléaires, programme renforçant le stockage et l'entretien des ogives nucléaires, stratégiques comme tactiques, afin d'en prolonger la durée, poursuite du programme de défense anti-missile... C'est d'ailleurs sur ce dernier point que les efforts semblent se concentrer de plus en plus. Le traité ABM semble bien devenu caduc.
A noter que le vote autour du budget est toujours aux États-Unis l'occasion d'envoyer des messages tant à l'opinion publique qu'aux "partenaires-adversaires", singulièrement depuis peu à la Russie. Il n'est pas étonnant que les sources d'information côté russe soient particulièrement alarmantes.
SIPRI Yearbook 2015.
ARMUS
Relu le 28 mars 2022