Depuis 1981, chaque année, les éditions La Découverte, proposait un état du monde, annuaire économique géopolitique mondial : trier, orienter, ouvrir des pistes par une méthode originale combinant les approches économiques, géographiques, démographiques, politiques et stratégiques était l'objectif d'une équipe et d'auteurs, à chaque fois renouvelés, pour aider à la compréhension de l'histoire en marche. Même si depuis 2007, la formule n'est plus celle d'un annuaire statistique - comme si l'équipe de rédaction a pris acte d'une fiabilité de moins en moins grande des statistiques, préférant les analyses plus qualitatives - L'état du monde garde l'ambition de proposer des analyses de fond, moins événementielles qu'autrefois, qui en fait un outil précieux. L'édition annuelle se centre désormais sur un seul thème.
Toujours en version imprimée, l'état du monde, constitue chaque année un moment éditorial salué par la presse. Il était disponible de 2003 à 2006 sous la forme d'un CD-Rom, mais il n'est plus produit sous cette forme aujourd'hui.
Le site des éditions La découverte propose une Encyclopédie de l'état du monde, qui regroupe tous les articles parus à ce jour (plus de 8 000 article, 40 000 données statistiques, avec leur appareil critique en plus, 11 chronologies thématiques 1987-2011...).
L'état du monde se présentait, sur plus de 600 pages, en trois parties : d'abord des articles présentant de manière globale les mutations en cours, puis une présentation analytique des événements, avec beaucoup de cartes, de tous les pays de la planète, puis une annexe particulièrement dense. Désormais, l'édition, toujours annuelle, se réduit à 250 pages, reflet sans doute d'une crise de l'édition sur papier.
L'édition 2012, intitulée Nouveaux acteurs, Nouvelle donne, dirigée par Bertrand BADIE, spécialiste de géopolitique à Science Po et Dominique VIDAL, spécialiste du Moyen Orient ambitionne d'examiner les modalités d'action des "nouveaux acteurs" qui émergent dans un contexte de "nouvelle donne" où l'hyper puissance américaine se trouve en perte de vitesse alors que les printemps arabes induisent de profonds changements dans l'ordre social établi. Le projet des contributeurs de l'ouvrage est de prendre la mesure de la déstabilisation du monde et des rééquilibrages qu'elle implique, en procédant à un questionnement des révolutions, conflits, guerres économiques, et autres phénomènes de reconstruction identitaire qui offrent au champ des internationalistes des éléments d'analyse très pertinents. Organisé en trois parties, l'ouvrage mobilise, comme d'habitude, plusieurs mains, cette fois pour vingt-huit sessions au coeur desquelles l'Afrique apparaît être toutefois la grande absente, abstraction faite des "printemps arabes", dont Jean-Marie CLÉRY dresse explicitement l'anatomie. Sur la centralité de l'ouvrage, l'on constate que les auteurs s'efforcent de dresser un bilan des grandes mutations politiques, économiques, sociales, diplomatiques, technologiques et environnementales de la planète en 2011. Bien entendu, l'intérêt d'un ouvrage comme celui-ci, et comme les précédents, est son ambition de vouloir donner un instantané de la marche du monde, ce qui soulève bien des difficultés : sélection des priorités, profondeurs des approches, problèmes de distanciation par rapport à la médiatisation d'un événement... (Les mêmes problèmes qu'une autre collection, nettement moins orientée à gauche..., plus centrée sur la France, d'une autre maison d'édition Larousse/France Inter (Le Journal de l'année).
L'édition 2016, toujours sous la direction de Bertrand BADIE et Dominique VIDAL, se centre sur "Un monde d'inégalité", en trois parties : décryptages, pour appréhender les inégalités, les relier avec une société internationale fortement hiérarchisée, dans le cadre d'une mondialisation libérale ; états des lieux où diverses inégalités sont examinées (le développement, la santé, la faim, les migrations, l'urbanisation, les dégradations environnementales) ; d'un continent à l'autre, où sont analysées les situations de plusieurs régions du monde sur les cinq continents. Des cartes, graphiques et statistiques complètent les différentes analyses.
L'édition 2020, qui fera sans doute date, porte sur la Fin du leadership américain? Sous la direction de Bertrand BADIE et de Dominique VIDAL, cet état du monde, toujours disponible tant sur papier que dans sa version électronique, reprend les moments d'expression de ce leadership depuis 1945. "En 1945, les États-Unis paraissent imbattables. Détenteurs exclusifs de l'arme atomique jusqu'en 1949, ils semblent dominer totalement le monde, à travers le plan Marshall puis la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), ils endossent le rôle de leader. Ils contrôlent le quart du commerce mondial et produisent la moitié de ce qu'ils consomment. Le contraste est grand avec la situation actuelle. Il est vrai qu'entre-temps, les registres de puissance se sont diversifiés, les interventions militaires ont perdu de leur efficacité, et la mondialisation a définitivement brouillé les pistes, nouant des relations d'interdépendances inédites. On est ainsi passé, en quelques soixante-dix ans, d'un système quasi hégémonique à un système apolaire, fragmenté par une importante dynamique nationaliste, notamment depuis l'élection de Donald Trump. Après avoir retracé l'histoire de la domination américaine du XIXe siècle à nos jours, les auteurs en mesurent la portée et les potentielles failles dans les domaines militaire, politico-diplomatique, commercial, économique, scientifique et culturel. Enfin, l'analyse des rapports de Washington avec Pékin, Moscou, Bruxelles, Tel-Aviv, Riyad, Téhéran, etc. ou de ses prises de position face au défin climatique interroge sur la puissance réelle des États-Unis, dans un monde complexe où cartes et stouts se redistribuent à grande vitesse."
L'étudiant, le militant, le citoyen trouve toujours matière à informations et réflexions, surtout s'il parcourt, sur un même thème ou une même zone géographique, voire un même pays, les éditions précédentes. On se rend alors compte que depuis 1981, les auteurs ne s'en tirent pas si mal, malgré les actualités brûlantes successives qui peuvent masquer d'autres évolutions décisives.
Plusieurs "état" entrent dans la même catégorie d'ouvrages-dictionnaires sur lesquels on peut toujours revenir :
- l'état des régions françaises, maintenant intégré à l'état de la France, publié depuis 1992, qui dresse un portrait social, culturel, économique et politique du pays ;
- la collection Atlas des peuples, qui depuis le début des années 1990 propose des exposés clairs sur des réalités complexes (Atlas des peuples d'Europe occidentale, Atlas des peuples d'Asie méridionale et orientale, par exemple) ;
- les guides de l'état du monde, collection lancée en 2007, destinés aux voyageurs soucieux de comprendre le pays qu'ils vont découvrir ou qu'ils souhaitent mieux connaitre, autrement qu'à travers des guides touristiques aseptisés...
A signaler aussi un Etat des Etats-Unis, sous la direction de Annie LENNKH et Marie-France TOINET, en 1990, et que nous aimerions bien voir être suivi par un autre une vingtaine d'années plus tard...
Régulièrement parait désormais également l'état du monde junior.
/image%2F1416924%2F20210203%2Fob_7796ba_etat-du-monde-2002.jpg)
/image%2F1416924%2F20210203%2Fob_2448f2_etat-du-monde-2020.jpg)
L'état du monde, La Découverte. www.editionsladecouverte.fr
Complété le 14 février 2016. Complété le 1 novembre 2020