Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 17:28

         Le nombre des recherches dans le domaine de psychologie et des neurosciences explose depuis de nombreuses années. Les progrès techniques de l'imagerie qui permettent de visualiser des zones longtemps inconnues du cerveau et de ses constituants, l'établissement de la carte génétique humaine, rendue possible par les progrès en informatique notamment, la focalisation sur les relations plus ou moins directes entre fonctionnement du cerveau et capacités cognitives ou émotionnelles chez l'homme... et il faut bien l'écrire un centrage de la psychologie sur les relations entre individus - à l'inverse d'une tendance antérieure à privilégier plutôt la psycho-sociologie - lui-même produit d'un certain individualisme ambiant.... tout cela favorise la réflexion et les spéculations sur un certain déterminisme biologique, dont heureusement la plupart des scientifiques et des revues scientifiques se détournent actuellement. Nous sommes maintenant assez loin de certains divagations, d'influence religieuses, tendant à trouver dans l'organisation biologique une finalité divine. Cette tendance, qui reste assez forte aux États-Unis, s'est étiolée en Europe et cela se voit à la lecture des revues scientifiques et de vulgarisation présentes sur Internet, dans les facultés ou dans les librairies. 

 

        De manière plus générale, surtout dans un domaine touchant aux sciences de la vie, plus qu'aux sciences sociales sans doute, nous pouvons distinguer plusieurs sortes de revues selon leur degré de technicité. A la littérature grise des praticiens qui circule sous forme de polycopiés ou de brochures et beaucoup maintenant sous forme électronique, aux revues très spécialisées destinées aux chercheurs, comme le fut Agressologie ou comme l'est la Revue de neuropsychologie, correspond une littérature encore spécialisée mais destinée surtout au monde étudiant et universitaire, voire à un public très cultivé, et correspond également, mais de façon parfois lointaine de façon générale dans son contenu et dans ses intentions, une troisième littérature destinée au grand public. Parfois, au gré de l'attention intermittente des comités de lecture, une contribution "audacieuse" tente de fournir une explication globale (et politico-religieuse malheureusement quelquefois) à des recherches prudentes et très limitées, mais de plus en plus, après quelques incidents mémorables (rappelons l'histoire de la mémoire de l'eau...) et malgré la persistance d'une véritable bataille intellectuelle autour de l'idée de l'Évolution, nous pouvons percevoir que la prudence heureuse des chercheurs se diffuse même dans les revues spécialisées destinées au plus large public, comme Cerveau et Pyscho

 

             Il n'existe pas de revue, du moins francophone, qui traite spécifiquement de l'agressivité ou du conflit dans sa dimension biologique, même dans les milieux scientifiques concernés. Les articles sur l'agressivité se retrouvent un peu partout dans les grandes revues de vulgarisation scientifique (Nature, Pour la science, Science et Avenir, Science et Vie...) et il faut simplement avoir l'oeil sur le sommaire des revues traitant du système nerveux en général pour découvrir de temps à autre des contributions éclairantes pour notre propos. 

 

Agressologie

          La revue Agressologie, Revue internationale de physiologie et de pharmarcologie appliquée aux effets de l'agression, créée par Henri LABORIT, a fourni de 1958 à 1993, à un public composé surtout d'anesthésistes, une information de première main sur les recherches les plus avancées sur les processus bio-chimiques et physiologiques en jeu dans les situations d'urgence dont la gravité menace à court terme les fonctions vitales. B. WEBER, responsable de la revue, relate cette expérience éditoriale, mettant en relief les conflits d'ordre intellectuel que les idées généralistes du fondateur ont suscité. 

"Son comité de rédaction est international (jusqu'aux spécialistes en  Europe de l'Est...), appuyé sur le réseau d'amis de LABORIT que ses travaux sur le choc et l'hibernation artificielle ont amené dans de nombreux pays (...). SELYE pourtant refuse son patronage, non pas qu'il récuse les résultats de LABORIT ; mais il craint de voir s'installer une confusion entre le "stress", syndrome non spécifique, d'apparition lente, résultant d'agressions minimes et répétées, caractérisés par des lésions histologiques d'une part et le ROPA (Réaction Organique à l'Agression), d'évolution rapide, mettant immédiatement en jeu le pronostic vital d'autre part : les deux comportent en effet une séquence hypophyso-cortico-surrénalienne. (...). Internationale se veut aussi la diffusion ; ce sera un peu plus tard la seule revue médicale - et probablement biologique - dont les résumés sont systématiquement traduits en Français ou Anglais (...). La ligne éditoriale suit bien évidemment la progression des travaux du laboratoire d'eutonologie, à (l'hopital) Boucicaut, d'autant plus que dès la deuxième année de parution, les cliniciens proposent un tel nombre d'articles, certains contestant en outre l'intérêt de la vision généraliste que défend LABORIT, que des anesthésistes fondent une revue spécifiquement clinique, les Annales de l'anesthésiologie française. Mais, généraliste, Agressologie reste attentive à des originalités qui trouvent rarement l'occasion de se manifester dans d'autres publications. Ce qui a conduit assez rapidement à consacrer des numéros à thème. Certains resteront épisodiques, trop particuliers ou suffisamment en avance pour que le relais soit pris ultérieurement par d'autres : Analyse automatique du signal électrobiologique ; Consultation d'anesthésie ; Anesthésie électrique ; Acupuncture en anesthésie ; Monitorage EEG de l'anesthésie... D'autres, comparatifs, se veulent au service des réanimateurs-anesthésistes utilisateurs de matériels (...). Certains assumeront les publications de sociétés trop jeunes pour avoir leur propre journal (...). 

Cette aventure de trente ans ne serait plus possible aujourd'hui sous cette forme. Elle a permis à l'équipe rassemblée autour de LABORIT d'exprimer des résultats et des opinions en marge des convenances : avantage dans la mesure où persistent des traces qui auraient disparu sans cela ; inconvénient en soustrayant cette équipe aux règles impératives de Comités de lecture dont le travail contribue à l'édification d'une pensée partagée sinon conforme".

Rappelons que l'agressologie est l'étude des chocs provoqués par une cause interne ou extérieure à l'organisme. L'eutonologie, nom (légèrement barbare pour le grand public) imposé par le professeur CANGUILHEM à la Sorbonne, épistémologue, pour nommer les recherches d'Henri LABORIT au laboratoire à Boucicaut, désigne l'étude des réactions de l'organisme à tous types d'agression telles que les brulures, les blessures, le stress, le froid, les chocs opératoires, etc. Ces réactions à l'agression doivent permettre à l'organisme de se défendre et de revenir à son état normal (homéostasie).

 

Revue de neuropsychologie, neurosciences cognitives et cliniques

    Fondée en 1991 par Eric SIEROFF et Michel HABIB, sous l'égide de la société de neuropsychologie de langue française (SNLF), La Revue de Neuropsychologie est devenue Revue de neuropsychologie, neurosciences cognitives et cliniques, en mars 2009. Avec à sa tête Francis EUSTACHE, cette revue, organe officiel de la Société de Neuropsychologie de Langue Française (SNLF), la seule revue couvrant l'ensemble des disciplines de la neuropsychologie, veut répondre aux problématiques rencontrées par les neuropsychologues, neurologues, orthophonistes. Avec ses quatre numéros par an, la Revue de neuropsychologie, est disponible sur son site www.revuedeneuropsychologie.com. Destinée donc aux spécialistes, on y retrouve la relation des expériences les plus avancées dans ce domaine. Cette revue est éditée par John Libbey Eurotext.

Dans le numéro 4, volume 11 de la revue trimestrielle, l'éditorial de Bénédicte GIFFARD et de Francis EUSTACHE, porte sur la Neuropsychologie des traumatismes, et l'opus de novembre-décembre 2019 comporte comme à l'habitude des articles de synthèse de travaux (sur le stress), de points de vue et de revue de presse.

www.revuedeneuropsychologie.com

 

Cerveau & Pyscho

         Cerveau&Psycho, revue mensuelle de psychologie et de neurosciences, éditée par le groupe Pour la Science, fondée en 2003, se veut une revue destinée à donner au grand public des informations sur les recherches scientifiques en cours. Avec des articles souvent concis, la revue dirigée par Cécile LESTIENNE (après Françoise PETRY), avec son rédacteur en chef Sébastien BOHIER et une petite dizaine de collaborateurs, s'efforce d'apporter des explications tirées de l'étude du cerveau de divers comportements de l'homme (et de la femme, bien entendu...). En un peu moins de 100 pages (avec une publicité pas trop envahissante, il faut dire...), tous les deux mois, un grand dossier est présenté (celui de septembre-octobre 2010 porte sur Comment motiver les élèves? Ce que l'étude du cerveau apporte aux sciences de l'éducation) par des spécialistes dans le domaine considéré.

Cerveau & Psycho reprend et adapte certains articles parus dans les éditions américaine Scientific American Mind et allemande Gehirn & Geist.

Autour de ce dossier, l'actualité de la recherche est abondamment couverte, tant en Psychologie qu'en Neurobiologie. Une rubrique Idées reçues, une synthèse autour d'une question (dans ce même numéro, La personnalité antisociale), et une analyse de livres complètent bien chaque numéro. Les titres, parfois, font craindre le pire, mais l'abondance de références, le ton mesuré de la portée de telle ou telle découverte, l'illustration scientifique la plus précise possible sans tomber dans le jargon scientifique, la prudence des conclusions dans chaque article, rassurent complètement sur l'apport de la revue. Les thèmes abordés touchent parfois notre domaine de prédilection, le conflit, (L'art de la persuasion, La force de l'empathie, La rumeur, Alcool, plaisir et dépendance, Sectes et religions : quelles différences?...), même si la revue reste très généraliste (avec des accroches qui font parfois frémir : Comment séduire?, Quelle intelligence?) et proche de préoccupations du moment de l'opinion publique (La maladie d'Alzheimer...), ce qui n'est pas un aspect forcément négatif... (marketing oblige, sans doute). En tout cas, même pour des thèmes racoleurs, le ton des articles restent à la hauteur d'une exigence scientifique bienvenue.

      L'un des numéros (n°51, mai-juin 2011), porte sur l'autisme, objet d'une véritable bataille actuellement entre tenants de son étiologie purement biologique et tenants de son étiologie au moins en partie psychologique. C'est autour de l'enjeu crucial du dépistage précoce qu'est construit ce numéro : "L'organisation cérébrale et la structure neuronale des autistes sont différentes, ce qui expliquerait qu'ils ont un mode de pensée spécifique, avec un traitement perceptif exacerbé. A nous de comprendre leur différence pour les aider à trouver leur place dans la société."

Cerveau&Psycho, Pour la science, 8, rue Férou, 75278 PARIS CEDEX 06. Site www.cerveauetpsycho.fr

 

 

Actualisé le 29 Avril 2012. Actualisé le 9 mars 2020.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : LE CONFLIT
  • : Approches du conflit : philosophie, religion, psychologie, sociologie, arts, défense, anthropologie, économie, politique, sciences politiques, sciences naturelles, géopolitique, droit, biologie
  • Contact

Recherche

Liens