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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 14:20

 

     Réalisé en 1979, ce film français d'un peu plus de deux heures se veut une réflexion sur les comportements humains. Et notamment à partir des thèses d'Henri LABORIT - qui apparait dans le film - sur les relations de l'homme face à son environnement, le conflit, la fuite ou l'inhibition d'action. Centré sur l'histoire d'un homme politique et littéraire joué par Gérard DEPARDIEU, ce film fourmille de parenthèses introductives et explicatives de son comportement. On y trouve ainsi la thèorie de Paul MAC LEAN sur les niveaux cérébraux et un constant parallèle entre le comportement humain en société et celui du rat, animal social par excellence. La relation au mensonge est un thème fort du film, ce mensonge sauve le couple et la vie familiale du héros principal.
   Il faut être un spectateur attentif aujourd'hui pour voir ce film - vu tout de même par 369 000 spectateurs en 9 semaines lors de sa sortie - car il fait très peu appel aux ressorts dramatiques, le promenant constamment sur trois niveaux : l'histoire racontée, les représentations mentales des membres de la famille et des connaissances du héros, influencées autant par... le cinéma que par leurs souvenirs propres, et les images d'expériences sur ces fameux rats. Faute de quoi, il ne perçoit pas à la fin du film leurs éclairages sur les personnages et sur la solution qu'ils apportent à leurs problèmes.
 
    Ce film présenté au Festival de Cannes de 1980, reçu dans l'ensemble de bonnes critiques, sauf de ceux qui n'ont pas compris la différence entre les conceptions d'Henri LABORIT et certaines thèses des neurosciences ou biosociales. Ainsi, on peut lire sur le site avoir-alire.com que nous recommandons d'ailleurs :
"Le film commence par le gros plan d'un coeur qui bat avec en fond sonore des bribes de phrases des futurs protagonistes. Intervient alors le professeur Henri Laborit (1914-1985), biologiste réputé pour ses études sur le cerveau et le stress. Labrit explique que l'homme satisfait des besoins de consommation et gratification  et que face à une situation de tension, il réagit par la fuite, le combat ou l'inhibition. N'était le brillant générique ayant présenté une cinquantaine de comédiens, on pourrait croire à un documentaire scientifique lorsque la voix off annonce les trois personnages principaux du récit avec indications sur leur parcours professionnel et familial. Mon oncle d'Amérique s'avère alors une brillante illustration ludique des thèses du biologiste, tout en s'inscrivant dans la thématique chère à Resnais. De l'enfance de Jean (Roger-Pierre, à contre emploi), où son grand père (Alexandre Rignault) lui apprend la cuisson des crabes, à son retour sur l'île où l'attend Janine (Nicole Garcia et sa belle voix mate), des livres scolaires lus en cachette par René (Gérard Depardieu), à son licenciement par le directeur général (Pierre Arditi), de la gifle assénée par la mère de Janine (Véronique Silver), aux coups que la jeune femme porte sur son ex-amant, on retrouve les constantes de l'univers du cinéaste depuis Hiroshima mon amour : la mémoire qui réveille les souvenirs enfouis, l'aller)retour entre le passé et le présent, l'exploration d'un univers mental, le montage est alors passionnant, abolissant les frontières temporelles et géographiques, entre le réel et la fiction, l'intervention récurrente de Laborit ne versant ni dans la pédanterie, ni dans la diversion de narration.
Elle fait d'ailleurs le prix d'un film et sans elle, le scénario de Jean Gruault n'aurait été qu'un aimable romance à la Lelouch, avec ses hasards et coïncidences. D'aucuns ont regretté l'insistance avec laquelle les auteurs établissent le parallèle ente le comportement des rats et celui des personnages : quand Veestrate, son rival (Gérard Darrieu), décroche le téléphone avant René (Gérard Depardieu), lorsqu'Arlette (Nelly Borgeaud, exquise), supplie Janine de lui rendre son mari pour quelques semaines, quand celui-ci comprend la trahison de son protecteur (Philippe Laudenbach), la réaction des intéressés ne fait qu'obéir à des réactions chimiques et pavloviennes, conformément aux schémas de Laborit. Ce parallèle en lui-même doit être pris au second degré, Resnais semblant s'amuser également du matériau et du projet initial. Aidé de la belle photo de Sacha Vierny (les prises de vue sur l'île) et d'une musique envoûtante d'armé Dzierlatka, le cinéaste multiplie les mises en abîme, allant même jusqu'à incruster des plans de Danielle Darieux, Jean Marais et Jean Gabin pour appuyer l'identification des personnages à leurs idoles, procédé qui annonce On connait la chanson. L'ensemble aurait pu paraitre indigeste et prétentieux. IL n'en est rien, et le film marque un tournant dans la carrière du réalisateur de par l'humour et la légèreté qu'il manifeste. Cette oeuvre culte obtint le Grand Prix du Jury (présidé par Kirk Douglas) au Festival de Cannes 1980 et sera l'un des plus gros succès de Resnais. 

    Alain RESNAIS, Mon oncle d'Amérique, 1979, France, 125 minutes, scénario de Jean GRUAULT, avec Gérard DEPARDIEU, Nicole GARCIA, Roger PIERRE..., Couleur et Noir et Blanc, Production Les films Galatée avec Gaumont, Andréa Films et TF1. Disponible en cassette VHS et en disque DVD.
 
Complété le 8 mai 2018

 

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