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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 11:47

   Dans la filmographie et l'éventail des documentaires sur la seconde guerre mondiale, on est frappé de voir combien les réalisateurs et producteurs se polarisent, pour le versant occidentale de la guerre, sur deux grandes "batailles", la bataille d'Angleterre d'une part, et la bataille de Stalingrad d'autre part. Ce qui n'est pas injustifié, tant ces deux batailles marquent le retournement de situation militaire et stratégique, un coup d'arrêt à l'expansion nazie et également à chaque fois, un regain d'espoir chez des millions d'Européens. Dans la contre offensive soviétique, et même dans le temps 1941-1943, la bataille de Stalingrad est bien plus évoquée qu'aucune autre partie de cette grande "bataille", sur le plus important front en terme de kilomètres de territoire. Bien plus que l'offensive qui conduit les armées allemandes aux portes de Moscou et de Léningrad. cette contre-offensive est filmée, représentée, analysée, dramatisée, dans de nombreux films et documentaires de bien des pays.

  

Côté documentaire, citons :

  la série américaine Pourquoi nous combattons, dans sa partie cinq qui évoque "l'offensive soviétique" ;

 

   la série française Les grands batailles, dans La bataille de Stalingrad, juillet 1942-février 1943 ;

  

 

  39-45, Le Monde en guerre, Stalingrad ;

  

Apocalypse la deuxième guerre mondiale, dans son Épisode 5 ;

  

la série Grandes batailles de la Deuxième Guerre Mondiale, La bataille de Stalingrad...

 

    La bataille de Stalingrad, de 1972, dans la série française de Daniel COSTELLE, Jean-Louis GUILLAUD et Henri de TURENNE, montre durant 1 heure 21 minutes, l'avant, pendant et l'après bataille, incluant bien à la fois les enjeux stratégiques et les souffrances humaines. Les autres documentaires cités sont tout aussi instructives à cet égard, une mention devant être faite pour, dans la série Grandes Batailles de la Seconde Guerre Mondiale de Cyril DION et Mélanie LAURENT, de 2014, de la bataille de Stalingrad.

    A noter aussi le 3e épisode de la série Les grandes batailles de la seconde guerre mondiale, sur National Geographic, sur la bataille de Koursk.

  

    Côté film, notons les trois Stalingrad, mais il y en a d'autres, de BONDARCHOUK, ANNAUD et VILSMAIER.

Le film allemand de 115 minutes sorti en 1993, de Joseph VILMASTER, Stalingrad vu du côté allemand, suit le parcours au front d'un lieutenant et de ses hommes - montée au front, enfer des combats, marche à travers les steppes glacées, tentatives de rébellion après encerclement par les forces soviétiques, puis anéantissement. Fort de moyens importants (trente acteurs, 25 000 figurants, 100 cascadeurs, de nombreux moyens motorisés militaires, le film est d'abord une reconstitution historique impressionnante. Sont bien montrées ces hommes perdus physiquement (froid, poux et faim) et moralement (doute sur la mission, doute sur la légitimité de cette guerre). Le film ne tombe jamais dans le manichéisme ou l'apitoiement et offre un regard nouveau et nuancé sur cette terrible bataille. Il s'inspire du roman du même nom; de Theodor PLIEVIER.

 

Le film international de Jean-Jacques ANNAUD sorti en 2001, raconte l'affrontement entre deux tireurs d'élite, instrumentalisé par la propagande de leurs camps respectifs, tout au long de la bataille de Stalingrad. De 131 minutes, le métrage, malgré quelques erreurs de détail, largement fictif (les personnages sont changé soit n'existent pas dans la réalité...), a le grand mérite de mettre les projecteurs sur une réalité souvent oubliée de la bataille, le va-et-vient de soviétique de part et d'autre du front, propice à tous les espionnages (pour les repérages de l'ennemi, essentiels dans cette fournaise de ruines et de fumées...) et l'existence de corps de tireurs d'élite chargés d'éliminer les officiers de l'armée ennemie.

Le film russe sorti en 2013 du réalisateur Fiodor BONDARTCHOUK - premier film de ce pays à sortir en 3D et en IMAX (film largement produit à Los Angeles...) début à partir du moment où en 1942, les troupes allemandes atteignent les rives de la Volga mais échouent dans leur tentative de franchir le fleuve. Les troupes allemandes doivent donc battre en retraite. Une partie du film se focalise sur le siège par les Allemands d'une maison où se sont retranchés des soldats russes. De 135 minutes, le film montre - sobrement il faut le constater - l'héroïsme de ces soldats encerclés, en contre-point de scènes de grande ampleur (ces longues colonnes de soldats qui se ruent sur la ville...).

 

D'autres films racontent cette bataille de Stalingrad :

- le film soviétique de Youri OZEROV, de 196 minutes, parfois montré comme une mini-série, sorti en 1990. En deux parties : la première montre l'attaque des Allemands en 1942 et la deuxième partie consacrée à la contre-offensive des Russes jusqu'à la victoire en février 1943.

- Stalingradskaja Bilva, film soviétique de 1949, restauré en 2008 par International Historique Films.

- Chiens, à vous de crever! de Frank WISBAR, film oust-allemand de 1958 et Stalingrad Snipers d'Alexandre EFREMOV, film béliorusse en deux partis de 2009, que l'on peut oublier sans dommages...

   D'autres films portent sur d'autres aspects de la contre-offensive soviétique :

- Attaque sur Léningrad, d'Alexandre BOURAVSKI, de 2009, inédit en salles en France

 

     Coté série, indiquons-là, en signalant que dans nombre d'entre elles, sont évoqués les espoirs qu'ont fait naitre l'arrêt de l'invasion soviétique, deux d'entre elles, Les orages de la guerre et La libération.

- Les orages de la guerre, suite du Souffle de la guerre, dans ses parties 4 et 6, évoquent cette contre-offensive soviétique, cette série qui raconte, en adaptation du roman War and Remembrance de Roman WOUK (1978), la suite de l'histoire des familles Henry et Jastrow. La mini-série états-unienne de 1988-1989, créée par Dan CURTIS, Herman WOUK et Ernst WALLACE, de douze épisodes en tout, rend bien compte notamment à travers les missions de Victor "Pug" Henry, la perception qu'on pu avoir les États-Unis de l'état du front à l'Est.

 

- La libération, série du cinq films, souvent appelé le "cycle de la guerre patriotique", de Youri OZEROV (le réalisateur de plus tard en 1990 de Stalingrad), tournés entre 1967 et 1971, propose une évocation épique de grands moments de la Seconde guerre mondiale, avec en point d'orgue la prise de Berlin par les russes. Après L'Arc de feu (sur notamment la bataille de Koursk) et la Percée (l'avancée sur le fleuve Dnierp), Opération Bagration raconte la grande attaque menée par l'Armée rouge à l'automne 1944. Oeuvre de glorification de l'armée soviétique, elle se veut aussi un contre-point de la vision occidentale de la seconde guerre mondiale, souvent axée autour du Débarquement de Normandie (voir Le Jour le plus long...). En noir et blanc et en couleur, en jouant habilement sur les contrastes, le réalisateur communique réellement à son oeuvre un souffle épique, même s'il déforme notablement les personnages d'HITLER et de STALINE (aimable fumeur de pipe...). Mais le commentaire pompeux - commande de propagande oblige - et la description des opérations (cartes animées à l'appui) parfois trop techniques, limite documentaire, passent mal aujourd'hui, même avec le remarquable travail de remastérisation de l'ensemble des films. Les commentaires éclairés d'Ada ACKERMAN dans les DVD qui permettent de redécouvrir ces films, aident toutefois à dépasser cette impression. On peut comparer ces films, très grandes différences d'époque mis à part, avec la trilogie Chinese Wars commandée par le Parti communiste chinois.

 

      Pour comparer avec les faits, rien ne valent les livres, et nous pouvons conseiller Le front germano-soviétique (1941-1945) : Une apocalypse européenne, de Masha CEROVIC, Gallimard, 2015 et les deux livres de Jean LOPEZ : Opération Bagration : La revanche de Staline (1944), Economica, 2014 et Les offensives géantes de l'Armée Rouge, de la même maison d'édition, 2010, pour ce qui est la fin de cette contre-offensive qui emmène les soldats soviétiques jusqu'à Berlin. Et aussi le livre malheureusement pas encore traduit en Français de Albert SEATON, The Russo-German WAR, 1941-1945, Reprint edition, Presidio Press, 1993.

  Un des mythes, ou plutôt strabisme, persistant quant à la guerre à l'Est est que les Allemand n'ont pas pris Moscou à cause de l'hiver. C'est d'ailleurs la ritournelle de la propagande nazie servie à la population allemande pour justifier la stagnation puis le recul sur le front Est. Mais, outre le fait que cet hiver 1941-1942 n'est pas le plus rigoureux alors déjà enduré, ce thème tend à occulter une grande faiblesse de la Wehrmacht, qui opère en outre avec d'autres armées, donnant à l'ensemble tourné contre l'Union Soviétique un caractère hétérogène. En effet on reste frappé par une certaine faiblesse numérique de l'armée allemande et de ses alliés, en regard des territoires à conquérir, faiblesse que ne parvient pas à camoufler la partie moderne (char/aviation) lancée à l'avant. Les milliers de véhicules, dont la moitié est déjà détruite ou hors service en octobre 1941, sont mal adaptés au terrain ; les chars (les fameux panzers) manquent à de nombreuses divisions soit disant blindées. Et surtout l'infanterie à pied, la partie importante des matériels tractés par chevaux, toute la logistique aussi, a peine à suivre les manoeuvres (que ce soit dans l'offensive ou dans le repli...) des trois grandes armées, lancées d'ailleurs dans trois directions différentes. (Lasha OTKHMEZURI et Jean LOPEZ, dans Les mythes de la seconde guerre mondiale) HITLER et son état-major, tout confiant dans les faiblesses estimées de l'armée soviétique, bénéficiant de l'effet de surprise initial, n'a même pas retenu les leçons des campagnes russes de NAPOLÉON, ne prenant même pas la peine de doter leurs troupes de vêtements adaptés aux rudes conditions climatiques... De plus si leurs troupes subissent les assaut du général Hiver, les Soviétiques ne sont pas non plus dans une partie de plaisir...

   Un autre mythe est que la bataille de Stalingrad marque un tournant dans la seconde guerre mondiale. Sans sous-estimer ni les éléments de la bataille ni l'impact sur les populations des territoires occupés de cette victoire soviétique, il faut mentionner que de part et d'autre, on a fait de la ville un symbole fort à forte charge propagandiste. En fait, ce sont surtout les Alliés de l'URSS qui attendaient une issue favorable de cette bataille, proclamant très vite ce tournant de la guerre. Les Soviétiques, eux, sont plus prudents, quitte à qualifier STALINE de "génial", car la situation sur le terrain est plus compliquée, Stalingrad n'étant pas la seule ville ou le seul lieu stratégique à reconquérir, et savent plus que tous sans doute qu'il n'y a pas de bataille décisive sur le front Est. Si les Alliés et les Allemands attendent un tournent, ces derniers minimisant vite les pertes endurées (camouflant même à la population la perte de toute une armée...), la bataille de Stalingrad est précédée et suivie de beaucoup d'autres, celle de Koursk en juillet 1943 par exemple, qui montre une Wehrmacht encore vigoureuse... Mais la défaite de Stalingrad aggrave le processus d'attrition qui ronge de façon continue les effectifs de l'armée de terre depuis le lancement du plan bleu - la marche vers le Caucase. (Lasha OTKMEZURI et Jean LOPEZ, Les mythes de la seconde guerre mondiale)

 

   FILMUS

 

Complété le 19 novembre 2020. Complété le 2 janvier 2021.

 

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