Ces batailles sur l'Atlantique et sous l'Atlantique d'ailleurs, puisqu'elles s'inscrire dans une véritable guerre sous-marine, qui se déroulent tout au long de ces années 1939 à 1945, font l'objet de documentaires et, moindres en définitive, de métrages de fiction. Notons que cette appellation est parfois étendue aux combats ayant eu lieu dans l'océan Arctique, l'Océan Indien, voire la Méditerranée...
Côté documentaires, on peut voir Bataille de l'Atlantique, dans la série Les grandes batailles, des années 1960, d'Henri de TURENNE et Jean-Louis GUILLAUD. En un heure 7 minutes, les réalisateurs de ce documentaire tiennent la gageure de raconter ces combats à importance stratégique, puis l'enjeu principal est de d'abord pour les États-Unis de soutenir l'Angleterre dans le combat contre l'Allemagne nazie, à des milliers de kilomètres de distance, puis de permettre à la flotte américaine d'avancer en Europe et à l'inverse pour l'Allemagne nazie d'abord d'établir sa domination afin d'étrangler l'Angleterre et de vaincre ainsi son dernier adversaire en Europe puis de freiner l'acheminement en Europe du corps expéditionnaire américain. On peut voir dans ce documentaire, très bien illustré, ce combat qui eut lieu principalement entre U-boots, sous-marins allemands et escorteurs et avions alliés.


La meute des loups, dans la série Le monde en guerre 39-45 a également pour objet cette bataille de l'Atlantique.

Côté métrages plusieurs films de fiction éclairent plus ou moins bien cette succession de bataille, en se centrant sur un de ses aspects.
Coulez le Bismark !, film américano-britannique en noir et blanc sorti en 1960 de Lewis GILBERT, avec Kenneth MORE et Dana WYNTER, s'inspire de la mission d'un navire britannique ayant pour mission de couler le fameux cuirassé allemand. De 97 minutes, le film conte avec réalisme ce combat de mai 1941, restant très proche de la vérité historique. Il s'agit d'ailleurs du dernier combat naval mettant aux prises des cuirassés, le navire emblématique de l'Allemagne nazie et son équivalent britannique, le Hood, qui a subi de très grands dommages (seulement 11 survivants sur 2 200 hommes), n'ayant pas de successeurs. Les marines se tournent désormais vers les porte-avions et les sous-marins...

Torpilles sous l'Atlantique, de 1957, film américain réalisé par Dick POWELL, est surtout le combat de deux caractères, ceux des officiers campés par Robert MITCHUM et Curd JURGENS, et relate l'aventure du capitaine d'un cargo torpillé par un sous-marin allemand qui accepte le commandement d'un destroyer d'escorte, et qui poursuit précisément le capitaine du torpilleur... Spectaculaire et distrayant, ce métrage de 98 minutes, couronné d'un Oscar (effets spéciaux), recèle un certain nombre d'erreurs plus ou moins importantes, notamment du côté du sous-marin allemand? Et pour le réalisme, on préfère le film Das Boot.

Das Boot (le Bateau), film allemand sorti en 1981, réalisé par Wolfgang PETERSEN (un de mes réalisateurs préférés depuis L'Histoire sans fin... Tais-toi coco, ce n'est pas le bon endroit...), adapté du livre (Le Styx) de Lathar-Günther BUCHHELM, relate l'histoire du sous-marin allemand U-96 et de son équipage à l'automne 1941. D'une durée de 149 minutes pour la version cinéma de 1981, le film existe en plusieurs versions de durée variable, jusqu'à 300 minutes pour la version en mini-série. Si les attaques relatées lors de la sortie en mer, la rencontre avec un autre sous-marin, sont véridiques, elles sont bien entendu dramatisées, le scénario comporte quelques erreurs (de détail sur le rang du sous-marin, les bases d'attache, les qualités des bombardiers américains de la fin qui le détruisent, et le fait que le capitaine... en fait ne meurt pas à la guerre, contrairement au film, mais en 1986...). Succès au box office, Das Boot a le mérite de bien rendre compte de la vie à bord du sous-marin, de la mentalité des sous-mariniers et du contexte des batailles de l'Atlantique.

La série Le Souffle de la guerre, dans sa partie 6, porte sur la lutte dans les mers, l'attaché naval apportant son éclairage pertinent pour la présidence des États-Unis. Cette avant-dernière partie, qui se situe en 1941, montre bien les implications des États-Unis bien avant l'entrée officielle en guerre, et bien des motivations de cette entrée en guerre. A noter que la qualité technique de la série (coûteuse...) le rapproche à bien des égards de celles d'un (très) bon métrage de fiction.
Sur l'importance de la "bataille de l'Atlantique", conseillons l'ouvrage de Guy MALBOSC, La bataille de l'Atlantique (1939-1945) : la victoire logistique et celle du renseignement, clés de la victoire des armes, Économica, 2010 et sur la stratégie allemande, celui de François-Émmanuel BRÉZET, La guerre sous-marine allemande, 1914-1945, Perrin, 2017. Nous proposons ces deux ouvrages récents par rapport à d'autres - aussi estimables - parce que la vision et l'étude de la bataille de l'Atlantique ont été profondément renouvelés depuis les années 1980, à la suite des révélations de l'existence de la machine à décoder les messages secrets Ultra.
Un des mythes persistants, véhiculé entre autres notamment par CHURCHILL (déjà "l'inventeur de la bataille d'Angleterre", inventeur aussi de la "bataille de l'Atlantique", suivi par des cohortes d'historiens dans le découpage de la seconde guerre mondiale) et par les milieux de la marine allemande, surtout l'amiral RAEDER chargé sous la république de Weimer du programme des U-Bootes) est que les sous-marins U-bootes, s'ils avaient été produits en quantité suffisante auraient renverser le cours de la guerre. Il est vrai que jamais le pouvoir nazi ne voulut se doter d'une stratégie maritime adaptée, car fondamentalement HITLER n'a jamais compris l'obstination de l'Angleterre à poursuivre la guerre. Mais, dès 1942, la marine américaine se dote de moyens importants pour couler ces sous-marins, et l'Allemagne n'aurait jamais pu soutenir un programme de construction à la hauteur. Dans la guerre sous-marine reprise en septembre 1943, les U-bootes manoeuvrent au prix de pertes de plus en plus lourdes. La raison principale de l'impossibilité de ces sous-marins de renverser le cours de la guerre est que les matériels construits par les Américains les en ont empêchés! (François-Emmanuel BRÉZET, dans Les mythes de la seconde guerre mondiale) Il est vrai que pour y parvenir, il aurait fallu ne pas détourner tant de ressources pour la guerre à l'Est! Les documentaires montrent bien cet aspect..
FILMUS
Complété le 17 novembre 2020